Nicolas Sarkozy dédicace

Nicolas Sarkozy dédicace

 

Première partie : « En France, tout a été, est ou sera politique »

 

Notre ami et chroniqueur Yves Carmona, ancien Ambassadeur de France au Laos et au Népal, s’est plongé dans le dernier livre de mémoires de Nicolas Sarkozy. Ils nous livre sa lecture en quatre parties.

 

C’est presque une première. J’avais déjà écrit la recension d’un bon – ils sont rares – livre de souvenirs d’ambassadeur car ils se situaient principalement en Asie : « la diplomatie n’est pas un dîner de gala » de Claude Martin le 18/9/2020. Le cahier des charges cette fois est de faire, uniquement sous l’angle géopolitique, celle du dernier livre de Nicolas Sarkozy « Le temps des combats » (627 pages y compris photos et index).

 

La rentrée littéraire de 2023, 466 romans, est en baisse depuis 2022. Alors, pourquoi lire un livre plutôt que l’autre ? Toutes les raisons sont possibles, de la qualité de l’écriture à celle de la narration.

 

Mais il est une autre catégorie de livres qui se vend beaucoup, les mémoires d’homme ou femme politique. Exemple, les mémoires d’Obama qui ne couvrent pas encore son deuxième mandat (2012-2016) avaient déjà 5 millions de lecteurs avant même de sortir. Sans doute un peu moins pour le dernier Sarkozy « Le temps des combats », sorti en avance le 19 août pour satisfaire « les lecteurs qui trépignaient d’impatience » d’après le Figaro. Gavroche, magazine indépendant, a souhaité que ce chroniqueur y consacre quelques lignes.

 

On s’aperçoit en préambule que M. Sarkozy a déjà fait 12 livres avant celui-ci et c’est une première limite : il ne traite pas des premières années de son quinquennat, ce livre se limitant à 2009, 2010 et 2011, ce qui nous prive de sa relation d’un choc historique, la crise des « subprimes » qui avait déjà commencé aux États-Unis et a touché par ricochet l’économie mondiale le 15/9/2018 avec la faillite de « Lehmann brothers » et ses suites.

 

La deuxième limite de cet article est qu’il est bien difficile de faire le départ entre la géopolitique et la politique intérieure. La géopolitique est présente dès les premières lignes, exprimant des vues générales par ailleurs bien connues : « J’ai la conviction que nous sommes face à une crise de civilisation, à un changement complet de paradigmes et que nous assistons à un déplacement de l’axe de notre planète. Jusqu’au dernier tiers du XX siècle, celui-ci était durablement installé à l’ouest. Il est désormais plein est. Nous, les Européens, étions le centre du monde. Nous ne le sommes plus. L’Asie est devenue l’axe stratégique majeur. »

 

« Music to my ears » dirait-on en anglais, on va donc avoir son analyse du grand changement qui affecte le monde et qu’il attribue – il n’est pas le premier, son prédécesseur qui lui n’a jamais été élu à la Présidence de la République, René Dumont, disait la même chose en 1973 – à la démographie. Mais non, il passe très vite à la politique intérieure, distribuant rares bons points et surtout critiques impitoyables à ses innombrables têtes de Turcs, et  à mélanger allégrement grandes questions et exposé de ses sentiments personnels ou remarques familiales.

 

Où va le monde, selon M. Sarkozy ?

 

« L’instrument de ce nivellement généralisé porte un nom, celui de la revendication égalitaire à tout prix et sous toutes ses formes ». Chez M. Sarkozy, pas d’égalitarisme. L’index biographique (13 pages) permet de savoir ce qu’il pense des uns et des autres. Beaucoup, y compris dans son camp, en prennent pour leur grade, notamment celles ou ceux qu’il a nommé ministres, notre analyse n’ira pas plus loin.

 

C’est plus surprenant et intéressant quand il dit le plus grand bien de personnalités politiques avec lesquelles l’entente n’allait pas de soi comme le Président Lula au Brésil (p 202)– il est vrai que la vente de Mirage a bien occupé leurs conversations.

 

« Ce fut même l’un des chefs d’État pour qui j’ai éprouvé le plus de sympathie. C’était spontané et assez profond. » Malheureusement, on n’en saura guère plus sur la géopolitique, ce qui compte, c’est la « spontanéité ».

 

Non que soient absentes ses remarques, souvent pertinentes, sur les grandes questions auxquelles est confrontée l’humanité – le G8, G20, la mondialisation, le capitalisme, le réchauffement climatique, l’identité, etc – , mais elles cèdent vite la place aux interventions télévisées, aux salaires des grands patrons, aux attaques personnelles… Comme il l’écrit p 40 : « En France, tout a été, est ou sera politique. »

 

Prochain épisode : Sarkozy nous livre sa vision du monde

 

Yves Carmona

 

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1 COMMENTAIRE

  1. Oui, c’est bien joli de faire des livres, et devant les caméras, faire celui, qui compatis avec le malheur. Je lui ai envoyé 3 e-mails, 17 à macron et 4 à son épouse, et pas de réponse, alors paroles, paroles , rien que des paroles. Vous connaissez non ? Gaulliste de souche et de racine. Gilles Vila

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