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ASIE – ÉPIDÉMIE: Sortir du confinement par les tests sérologiques d’immunité au Covid 19

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 03/04/2020
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Gavroche est une plate-forme ouverte aux tribunes. Nous publions ici celle du leader de l’opposition cambodgienne en exil Sam Rainsy, pour lequel le confinement total actuellement adopté par la plupart des pays européens est une impasse économique et sociale dangereuse. Il explique pourquoi et fournit d’intéressantes pistes de réflexion.

 

Une tribune de Sam Rainsy

 

La menace que représente la propagation du coronavirus pour les fonctions de défense américaines, même essentielles, souligne que l’urgence des tests massifs s’accroît chaque jour.

 

Le commandant du porte-avions américain USS Theodore Roosevelt a demandé l’autorisation d’évacuer alors que le virus se propageait au sein de l’équipage. Un officier supérieur à bord du navire a rapporté qu’entre 150 et 200 (sur environ 4 000) marins avaient été testés positifs. Mais la demande d’évacuation a été refusée par le secrétaire d’État américain à la Défense Mark Esper, qui a jugé que la situation n’était pas encore suffisamment grave.

 

Tests d’immunité

 

La disponibilité de tests d’immunité aux coronavirus, comme expliqué dans mon article pour The Geopolitics du 27 mars, aurait pourtant permis de résoudre le dilemme. Au lieu d’utiliser des tests d’amplification en chaîne par polymérase (PCR) pour savoir quels marins étaient positifs et avaient le virus, tous les marins auraient dû subir un test sérologique pour identifier ceux qui sont immunisés et donc nécessairement négatifs pour un test PCR, qui ne serait alors pas nécessaire.

Ceux qui étaient immunisés resteraient à bord et les autres, sans les anticorps dans leur sang pour les immuniser, seraient évacués. Ceux qui n’ont ni le virus ni les anticorps seraient normalement considérés comme vulnérables. Mais ils peuvent rester à bord parce qu’ils ne risquent pas d’être contaminés par ceux qui ont l’immunité. Seules les personnes infectées seraient débarquées. La mission navale aurait pu se poursuivre, bien qu’avec des effectifs réduits, la santé de l’ensemble de l’équipage ayant été protégée.

 

L’exemple du Luxembourg

 

Depuis la publication, le 27 mars dernier, de mon article “Comment éviter que COVID-19 ne paralyse l’économie mondiale” dans lequel je propose l’utilisation de tests sérologiques pour choisir les parties de la population qui seront les premières à sortir de l’isolement et à pouvoir retourner au travail en toute sécurité, les annonces gouvernementales se sont multipliées, correspondant à cette approche.

 

Le 30 mars, le Luxembourg a été le premier pays à adopter la proposition relative aux tests sérologiques. Le pays attend la livraison des tests la semaine prochaine, et utilisera les résultats pour déterminer sa stratégie de sortie de l’enfermement. L’Allemagne a suivi le 31 mars. Le pays prévoit de délivrer des “certificats d’immunité” contre les coronavirus, qui permettront aux porteurs de reprendre le travail. Le 31 mars également, les Pays-Bas ont annoncé qu’ils feraient de même et prévoient de tester 29 000 personnes par jour afin de permettre aux personnes immunisées de reprendre le travail.

 

Assouplissement des règles de la FDA

 

Aux États-Unis, les laboratoires et les entreprises médicales tentent d’accélérer la production de tests sérologiques. La Food and Drug Administration a assoupli les règles pour permettre à ces tests d’être mis sur le marché sans examen et approbation complets de l’agence. Ailleurs, les autorités de réglementation devraient faire ce qu’elles peuvent de manière responsable pour permettre une utilisation rapide des tests à l’échelle.

 

Ma proposition a reçu le soutien de Lord Alderdice, un médecin clinicien et universitaire qui siège à la Chambre des Lords britannique, qui l’a décrite comme une contribution “très utile” et “très valable”. Dans sa réponse à mon article, Lord Alderdice a souligné qu’un vaccin qui a été testé et dont l’utilisation a été approuvée n’est pas encore prêt avant plusieurs mois. En attendant, dit-il, les tests PCR largement disponibles pour le coronavirus ne sont pas totalement fiables, tandis que les tests sérologiques sont fiables mais pas encore très répandus.

 

La conclusion est claire : des tests sérologiques massifs sont nécessaires de toute urgence. Cela nous donnera les deux informations essentielles sur la santé de chaque individu dans le contexte de la pandémie COVID-19 : la présence ou non de coronavirus dans leur organisme, et leur statut immunologique.

 

Un instrument brutal

 

Le confinement est un instrument brutal et ses effets sont coûteux et difficiles à gérer. L’augmentation de la violence domestique et des ruptures mentales déjà apparentes dans les familles confinées dans de nombreux pays est un danger évident que la proposition peut contribuer à éviter. L’alternative est l’aggravation de la paralysie mondiale qui fera peser des menaces imprévisibles sur les structures économiques, militaires et gouvernementales essentielles. Les pays qui ne procèdent pas à des tests d’immunité tireront dans le noir, car ils doivent trouver un équilibre entre les risques que représente pour leur économie la prolongation des fermetures et les dangers que représente pour la population la fin de ces fermetures.

 

Dans les pays très pauvres, avec leurs bidonvilles et leurs taudis, la distanciation sociale est impossible. Dans de tels contextes de surpopulation, les tests d’amplification en chaîne par polymérase (PCR), capables de détecter la présence de coronavirus, ne permettront pas en soi de permettre l’isolement ou d’empêcher une plus grande contagion. Le simple fait d’attendre que l’immunité collective se développe – comme Boris Johnson voulait initialement le faire au Royaume-Uni – revient à payer un lourd tribut humain. Il est possible d’économiser du temps et des ressources humaines précieuses en identifiant ceux qui sont déjà immunisés. Ceux qui sont immunisés peuvent retourner au travail pour soutenir leur famille sans représenter un danger pour eux ou pour qui que ce soit d’autre.

 

A utiliser avec prudence

 

Les tests sérologiques, bien entendu, devront être utilisés avec prudence, avec un délai approprié. Dans les pays très pauvres où il existe des bidonvilles et des taudis, la distanciation sociale est impossible. Dans ces contextes surpeuplés, les tests d’amplification en chaîne par polymérase (PCR), capables de détecter la présence de coronavirus, ne permettront pas en eux-mêmes de permettre l’isolement ou d’empêcher une plus grande contagion. Le simple fait d’attendre que l’immunité collective se développe – comme Boris Johnson voulait initialement le faire au Royaume-Uni – signifie payer un lourd tribut humain. Il est possible d’économiser du temps et des ressources humaines précieuses en identifiant ceux qui sont déjà immunisés. Ceux qui sont immunisés peuvent retourner au travail pour soutenir leur famille sans représenter un danger pour eux ou pour qui que ce soit d’autre.

 

Ce qu’il faut maintenant, c’est une vision pour identifier les besoins immédiats et futurs, et la volonté politique pour les satisfaire. Le président américain Donald Trump a commencé par dire à General Electric et à Ford de convertir une partie de leur capacité de production de ventilateurs pour traiter les cas de coronavirus. Le redéploiement doit aller beaucoup plus loin : la capacité industrielle mondiale doit être redéployée pour permettre des tests sérologiques de masse. Des millions de vies humaines sont en jeu, tout comme l’avenir de l’économie mondiale.

 

Sam Rainsy co-fondateur du parti d’opposition, le Cambodia National Rescue Party (CNRP).

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