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ASIE – GÉOPOLITIQUE: Au fait, que reproche-t-on aux Chinois ?

Journaliste : Yves Carmona
La source : Gavroche
Date de publication : 03/06/2020
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La question résume le propos. Notre ami Yves Carmona, ancien Ambassadeur de France au Laos et au Népal après avoir été en poste à Singapour et à Tokyo, connait l’Asie de prés. Il connait aussi la Chine et, comme diplomate, s’interroge sur la levée de boucliers actuelle contre l’Empire du milieu. «Mais nous, Européens, n’avons-nous pas courtisé la Chine dans l’espoir qu’elle nous sortirait de la crise économique et sociale où les subprimes nous avaient plongés en 2007-2008 ?» L’interrogation fait mouche !

 

Une analyse géopolitique d’Yves Carmona, ancien Ambassadeur de France

 

Ce qui était et reste plus que jamais un sujet planétaire, c’est la Chine. C’était déjà un problème avant le virus « chinois » et ça l’est plus encore aujourd’hui.

 

Comme le dit le professeur Xiang Lianxin dans son livre « A quest for legitimacy », les Occidentaux ont depuis toujours du mal à comprendre les Chinois, selon lui avant tout confucéens et ça ne semble pas s’être tellement amélioré.

 

Et voilà qu’on leur reproche tout ce qui s’est passé. Au fait, à qui est-ce qu’on le reproche ? Aux Chinois ? Ils sont 1,3 Milliards, comme j’osai le faire un jour remarquer à un ex-ministre « socialiste », et ces « Chinois » n’ont sans doute pas tous les mêmes aspirations que leurs dirigeants, objection balayée par cet ex-dirigeant qui, bien sûr, ne parlait et ne parle qu’à des dirigeants…

 

Xi Jinping, le diable

 

Donc pour être précis, c’est à Xi Jinping qu’on le reproche. Il aurait caché la gravité du mal qui frappait Wuhan. Chassé ses responsables locaux, parmi lesquels le Maire de Wuhan, incapables de traiter ou cacher correctement ce qui était déjà une épidémie. Accepté la mort sacrificielle du médecin lanceur d’alerte Li Wenliang.

 

Et en Occident, on n’a pas vu un dirigeant qualifier de « grippette » une maladie qui n’avait encore tué personne ?

 

Xi, dans sa rage dominatrice, aurait lancé en 2013 la « Belt and Road Initiative (nouvelles routes de la soie) » pour acquérir des clients autour de la Chine et jusqu’en Afrique ou en Amérique latine, pouvoir ainsi régenter sur ces continents et aujourd’hui, avec la diplomatie du masque, faire le généreux.

 

Mais nous, Européens, n’avons-nous pas courtisé la Chine dans l’espoir qu’elle nous sortirait de la crise économique et sociale où les subprimes nous avaient plongés en 2007-2008 ?

 

Plurilatéralisme «Made in China»

 

Quand la Chine a demandé son dû après le siècle de la honte commencé en 1842 par la guerre anglo-européenne de l’opium, quand elle a commencé de reconquérir son indépendance sous la conduite de Mao Zedong en 1949, de quelle voix avons-nous osé dire aux dirigeants Etasuniens que la Chine méritait une part plus importante de la gouvernance mondiale aux FMI, Banque Mondiale et G20 ?

 

Il aura fallu que les dirigeants Hu Jintao puis Xi Jinping créent leur plurilatéralisme à eux au détriment de celui engagé par l’Occident en 1944, suivis avec sa rage nationaliste par le Président américain actuel, qui tue l’un après l’autre les organisations ou les accords que son pays ne domine plus i, pour que l’UE s’aperçoive enfin que c’est largement elle qui a bénéficié avec l’OCDE et surtout l’OMCii d’un pouvoir étasunien qui acceptait de partager la gouvernance mondiale.

 

Et que c’est l’UE qui aurait le plus à perdre si un ordre sinaméricain régi par la dictature et la soumission de la majorité à la loi du plus riche s’imposait sur cette terre.

 

Un peu de réalisme !

 

Alors, chers dirigeants, français et européens, un peu de réalisme. Ce n’est pas en hurlant avec le loup, ce n’est pas non plus en cherchant à vendre aux dirigeants chinois notre complaisance politique que nous réussirons à amadouer les uns ou les autres.

 

C’est nous montrant capables d’assurer dans la mondialisation une voix plus soucieuse que celle des Grands du respect des faibles, d’un capitalisme moins dévoreur de la nature, d’une gouvernance de la planète qui repose davantage sur l’expertise et moins sur la rouerie politique.

 

N’est-ce pas là l’autre monde que souhaitent ceux qui ont traversé la crise du COVID 19 ?

 

Yves Carmona

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