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ASIE – GÉOPOLITIQUE: Le Covid-19, un virus qui peut changer le monde

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 24/03/2020
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Gavroche aime les experts. Nous avons donc pris connaissance avec beaucoup d’intérêt de cette tribune rédigée pour l’institut Montaigne par l’ambassadeur Michel Duclos. passionnante analyse qui, de l’Asie à l’Europe, brosse le tableau des changements qui peuvent survenir dans le monde à cause de l’épidémie de Coronavirus. A lire. Gavroche n’est pas qu’une plate-forme d’informations. C’est aussi une (belle et bien pleine) boite à idées !

 

Nous reproduisons ici des extraits d’une analyse de Michel Duclos pour l’Institut Montaigne que vous pouvez retrouver ici en version originale.

 

L’immense tempête du Covid-19 n’en est sans doute qu’à ses débuts. Elle n’a pas encore atteint vraiment le Sud global par exemple, ou les innombrables poches de misère absolue de cette planète (au Bangladesh, au Yémen, au Soudan-Sud, dans les camps de réfugiés au Pakistan ou en Inde, Idlib etc.). On n’aperçoit pas encore tous ses effets économiques, conjoncturels et structurels, de toutes façons gigantesques. Il serait donc hasardeux d’avancer dès maintenant une théorie générale de la géopolitique de la pandémie. Ne convient-il pas cependant de commencer à réfléchir à ce que pourrait être l’impact du virus sur la politique internationale ? Nous proposons à cet effet de partir d’un constat : la pandémie agit comme un révélateur des caractéristiques du nouveau monde qui est le nôtre. Et notamment de deux de ces caractéristiques : la faiblesse de la gouvernance globale (en matière sanitaire en l’occurrence), d’une part ; le basculement du centre de gravité des rapports de force vers la Chine et l’Asie en général, d’autre part. Toutefois, en déroulant le fil de la réflexion, on en reviendra une fois de plus à l’Amérique, cette star déchue de l’ancien monde, dont la trajectoire sera peut-être modifiée en profondeur par l’épreuve qui s’impose en ce moment à tant de pays.

 

Une crise révélatrice du nouveau monde

 

Sur le terrain de la gouvernance globale, la crise du Covid-19 apparaît d’abord comme une crise de la capacité d’anticipation de la communauté internationale. Il suffit pour s’en rendre compte de regarder sur YouTube une conférence de Bill Gates de 2015. Tirant les leçons du combat pour circonscrire la diffusion d’Ebola, l’ancien patron de Microsoft estimait que “cette fois nous avons eu de la chance”. L’épidémie s’était déclarée dans une région (l’Afrique de l’Ouest) assez peu connectée, en dehors de grandes concentrations urbaines ; des équipes internationales avaient pu intervenir rapidement ; et surtout la maladie se transmettait par les fluides. La prochaine fois, indiquait Bill Gates, si nous ne sommes pas prêts, la maladie pourrait coûter des millions de morts et avoir un impact économique énorme. Elle pourrait en effet “se propager par les airs, atteindre des gens qui ne sentiraient qu’avec retard les premiers symptômes, seraient capables de prendre le train et l’avion”.

 

Nous y sommes. Un rapport encore plus ancien de la CIA (“rapport sur l’état du monde en 2025” publié en 2009) précisait : “Si une maladie pandémique se déclare, ce sera dans une zone à forte densité de population, de grande proximité entre humains et animaux, comme il en existe sur certains marchés en Chine ou dans le Sud-Est asiatique, où les populations vivent près du bétail”. Il ne manquait aux prédictions de la CIA qu’une indication topographique : un marché de Wuhan. Ce que craignaient le plus les analystes du renseignement américain, c’était “une nouvelle maladie respiratoire humaine virulente fortement contagieuse”.

 

L’alerte avait sonné

 

Ajoutons que depuis quelques années, d’autres voix, tout à fait officielles comme la Banque mondiale par exemple, avaient sonné l’alerte. Et surtout, les “avertissements en grandeur réelle”, identifiés comme des “urgences sanitaires internationales” par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), n’avaient pas manqué : H1N1 en 2009, poliomyélite en 2014, Ebola en 2014, le Zika en 2016, Ebola de nouveau en 2019. Pourquoi dans ces conditions, cette absence de réponse coordonnée au plan international ? On peut invoquer l’idée que le risque sanitaire n’a jamais suscité la mobilisation internationale qui aurait été justifiée simplement parce que d’autres sujets d’inquiétude retenaient l’attention des décideurs politiques. Ainsi la crise financière de 2008 avait fait l’objet d’une réaction à la fois créative (invention du G20) et solidaire des grands pays. Un autre moment de convergence internationale a été la COP 21 et l’Accord de Paris sur le changement climatique. Avec quelques années de recul, il est à craindre qu’en réalité ces deux épisodes aient constitué l’exception.

 

La suite sur le site de l’institut Montaigne ici

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