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ASIE – SOCIÉTÉ : Avis aux gouvernements asiatiques : N’oubliez pas l’éducation !

Date de publication : 25/09/2023
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Une chronique de Ioan Voicu, ancien Ambassadeur de Roumanie en Thaïlande

 

L’un des événements internationaux les plus marquants dans le domaine des efforts mondiaux en faveur du développement durable a été l’adoption par consensus, le 19 septembre 2023, d’un document programmatique des Nations Unies intitulé Déclaration politique issue du forum politique de haut niveau pour le développement durable organisé sous les auspices de l’Assemblée Générale.

 

Ce document est le résultat d’activités multilatérales intensives à une époque où il existe des preuves convaincantes que l’Agenda 2030 des Nations Unies contenant les objectifs de développement durable ne peut pas être pleinement mis en œuvre en temps voulu. Dans des circonstances aussi précaires, une question fondamentale doit être posée : que va-t-il advenir de l’objectif 4 (sur 17 objectifs inscrits dans l’Agenda) traitant spécifiquement de l’éducation ?

 

Il existe une réponse collective formulée expressis verbis par 193 États membres de l’ONU dans la Déclaration politique mentionnée ci-dessus.

 

Nous analyserons cette réponse en gardant à l’esprit qu’il y a 13 références spécifiques à l’éducation dans ce document.

 

Appels à l’action

 

Les dirigeants mondiaux qui ont adopté la Déclaration se sont déclarés « conscients que les crises en cascade que le monde connaît font ressortir et exacerbent les inégalités qui existent entre les femmes et les hommes, telles que les inégalités d’accès aux soins de santé, à l’éducation, à la protection sociale, au travail décent et aux perspectives économiques. »

 

Face à cette réalité, les dirigeants ont réaffirmé leur détermination « à donner corps à notre vision d’un monde qui assure à toutes et tous l’accès à une éducation inclusive et équitable de qualité. »

 

Les dirigeants ont  observe avec réalisme que « des enseignements précieux ont été tirés de la pandémie de COVID-19 dans les domaines de la santé, de la culture, de l’éducation, de la science, de la technologie, de l’innovation et de la transformation numérique au service du développement durable. »

 

Que faire à l’avenir ?

 

Un engagement important est formulé comme le premier élément d’une réponse plus complexe. Les Leaders annoncent ce qui suit : « Nous continuons de consentir plus d’investissements dans une éducation de qualité inclusive et équitable et dans des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie pour toutes et tous, notamment l’enseignement pré-primaire, les programmes ou initiatives d’alphabétisation des jeunes et des adultes, l’éducation numérique, l’éducation culturelle, l’éducation au développement durable, les technologies numériques au service de l’éducation, le renforcement des compétences, l’enseignement supérieur et la formation professionnelle abordables, l’éducation dans les situations d’urgence et le perfectionnement professionnel continu du corps enseignant ».

 

Cet engagement s’accompagne de nombreux commentaires lucides. Les Leaders affirment et promettent : « Nous savons que l’éducation et la protection de la petite enfance peuvent apporter énormément aux enfants. Nous lèverons les obstacles à l’éducation des filles, luttons contre les disparités fondées sur le genre ou sur le handicap, et favoriserons l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles dans le cadre et au moyen de l’éducation, ainsi que des environnements d’apprentissage sûrs, sains et stimulants qui soient propices au plein épanouissement des apprenants et à leur bien-être physique, mental et émotionnel ».

 

Il est instructif de noter que des idées similaires peuvent être trouvées dans un autre document diplomatique multilatéral intitulé G20 New Delhi Leaders’ Declaration, New Delhi, Inde, 9-10 septembre 2023. Cette déclaration commence par un préambule dont les premiers mots sont : Nous sommes une Terre, une Famille, et nous partageons un Avenir.

 

Dans une section intitulée « Offrir une éducation de qualité », les Leaders du G20 déclarent : « Nous nous engageons en faveur d’une éducation et d’une formation professionnelle inclusive, équitables et de haute qualité pour tous, y compris pour les personnes en situation de vulnérabilité. Nous reconnaissons l’importance de l’investissement pour soutenir le développement du capital humain ».

 

Il est nécessaire de souligner la référence spécifique à la « formation professionnelle pour tous » dans un monde où le chômage des jeunes générations augmente, avec de dangereuses conséquences économiques et sociales.

 

Nous reproduirons les six priorités énumérées dans la Déclaration des Leaders du G20 de New Delhi, rappelant dans ce contexte que le G220 est composé de 19 pays, dont les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et deux organisations internationales : l’ Union européenne et l’Union africaine, admise à ce forum le 9 septembre 2023. Les six priorités sont les suivantes :

 

*Reconnaissance de l’importance de l’apprentissage de base (alphabétisation, calcul et compétences socio-émotionnelles) en tant que pierre angulaire de l’éducation et de l’emploi.

 

*Réitération de l’engagement à exploiter les technologies numériques pour surmonter la fracture numérique pour tous les apprenants.

 

*Extension du soutien aux établissements d’enseignement et aux enseignants pour leur permettre de suivre le rythme des tendances émergentes et des avancées technologiques, notamment l’IA.

 

*Mettre l’accent sur l’accès élargi à un enseignement et une formation techniques et professionnelles de haute qualité.

 

*Réaffirmation de l’engagement à promouvoir une collaboration scientifique ouverte, équitable et sécurisée et à encourager la mobilité des étudiants, des universitaires, des chercheurs et des scientifiques entre les établissements de recherche et d’enseignement supérieur.

 

*Soulignant l’importance de permettre un apprentissage tout au long de la vie axé sur les compétences, la reconversion et le perfectionnement, en particulier pour les groupes vulnérables.

 

Le rôle de l’UNESCO

 

Il est légitime de s’attendre à ce que toutes les idées de fond sur le rôle de l’éducation dans le processus de développement durable soient approfondies lors de la prochaine 42e Conférence générale de l’UNESCO, prévue à Paris du 7 au 22 novembre 2023.

 

Il convient de rappeler que l’UNESCO est déjà invitée à mettre en œuvre au cours de la période 2022-2025 le plan d’action pour l’éducation en soutenant la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), en particulier l’agenda ODD 4-Éducation 2030 pour « assurer l’inclusion et une éducation de qualité équitable et promouvoir les opportunités d’apprentissage tout au long de la vie pour tous ».

 

L’UNESCO devrait aider les pays au cours des dernières années décisives à mettre en œuvre l’ODD 4 – Programme Éducation 2030 ; et remplir le mandat de l’UNESCO, tel que lui a été confié par la communauté internationale, pour diriger la coordination de l’agenda Éducation 2030 et suivre les progrès vers l’objectif de développement durable (ODD) 4 convenu au niveau international sur l’éducation.

 

Concrètement, l’UNESCO doit contribuer aux priorités mondiales de l’Organisation visant à promouvoir l’égalité des sexes, à répondre aux besoins de l’Afrique, en accordant une attention particulière aux pays en développement et aux pays les moins avancés (PMA) et aux petits États insulaires en développement (PEID), et à répondre aux besoins des jeunes, en reconnaissance du rôle cardinal d’une éducation inclusive et de qualité tout au long de la vie dans la reprise et la transition vers des sociétés plus durables et plus équitables.

 

L’UNESCO est également déterminée à favoriser la coopération Sud-Sud et triangulaire, ainsi que l’aide publique au développement (APD), entre autres afin d’orienter les progrès mondiaux vers la réalisation des cibles ambitieuses de l’ODD 4 en mobilisant les partenaires dans un effort coordonné, façonnant l’éducation mondiale et veiller à ce que l’éducation reste une priorité dans les politiques et programmes de développement, en tirant parti des technologies et des innovations numériques pour garantir un apprentissage plus inclusif, efficace et pertinent.

 

Conclusion

Les plans et programmes dans le domaine de l’éducation dans la perspective du développement durable constituent peut-être un excès diplomatique car leur mise en œuvre potentielle est confrontée aux tristes réalités actuelles. Il y a encore 781 millions d’adultes analphabètes, indique le Rapport mondial de suivi sur l’éducation. Le nombre d’enfants non scolarisés a augmenté de six millions, portant leur total à 250 millions, selon les données les plus récentes publiées par l’UNESCO.

 

Toutefois, la gravité de ce tableau est dans une certaine mesure nuancée par la tendance à encourager et à promouvoir l’éducation tout au long de la vie. Nous ne citerons qu’un seul exemple illustratif.

 

Dans un article publié par le New York Times le 12 septembre 2023 sous le titre The Value of an Education That Never Ends, le professeur américain Michael S. Roth, président de l’Université Wesleyenne, écrit : « Les étudiants perpétuels, comme nous tous , ont le potentiel de liberté. Ils exploitent ce potentiel, explorent le monde, absorbent ses leçons et y répondent de manière créative. Être étudiant, c’est être vivant avec le monde et avec soi-même. Pourquoi quelqu’un voudrait-il obtenir son diplôme ? »

 

Espérons que d’ici 2030, les statistiques  démontreront au moins qu’aux niveaux local, national, régional et mondial, la primauté de l’éducation dans le processus de développement durable s’est enfin matérialisée.

 

Ioan Voicu

 

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