Home Asie BIRMANIE – POLITIQUE: Amnesty dénonce la chape de plomb sur l’information

BIRMANIE – POLITIQUE: Amnesty dénonce la chape de plomb sur l’information

Journaliste : Rédaction
La source : Gavroche
Date de publication : 28/05/2021
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Selon Amnesty International, les autorités militaires birmanes doivent immédiatement abandonner les poursuites engagées contre des journalistes. Il s’agit notamment de ceux qui sont en détention provisoire, en liberté sous caution ou qui font l’objet d’un mandat d’arrêt non exécuté pour le seul motif qu’ils ont fait leur travail et exercé pacifiquement leurs droits fondamentaux.

 

Nous reproduisons ici une information d’Amnesty International

 

“Les journalistes sont en première ligne de la lutte pour faire éclater la vérité sur ce qui se passe aujourd’hui en Birmanie, a déclaré Emerlynne Gil, directrice régionale adjointe chargée de la recherche à Amnesty International.

 

“La violence, l’intimidation et le harcèlement éhontés dont ils font l’objet de la part des autorités militaires ne font qu’illustrer le pouvoir que peut avoir la révélation de la vérité. Des journalistes individuels peuvent être menacés, arrêtés, voire connaître un sort pire encore, mais les médias libres birmans dans leur ensemble ne peuvent jamais être réduits au silence.”

 

La persécution, l’intimidation, le harcèlement et la violence auxquels sont confrontés les journalistes birmans constituent une tentative manifeste des autorités militaires de supprimer la dissidence pacifique et d’occulter les violations commises par les forces de sécurité à la suite du coup d’État du 1er février. La répression à l’échelle nationale a entraîné un déni généralisé des droits à la liberté d’expression et à l’accès à l’information.

 

Le 24 mai, le citoyen américain Danny Fenster est devenu le troisième journaliste étranger arrêté et détenu depuis le coup d’État. Il a été arrêté par les autorités à l’aéroport Mingalardon de Yangon alors qu’il attendait d’embarquer sur un vol à destination de la Malaisie. Il aurait été conduit à la prison d’Insein et, au 25 mai, aucune charge n’a été retenue contre lui. Amnesty International estime que Danny Fenster a été arrêté pour avoir exercé pacifiquement ses droits fondamentaux. Il doit être libéré immédiatement et sans condition.

 

Au 21 mai, 88 journalistes ont été arrêtés depuis le coup d’État du 1er février, selon les chiffres les plus récents de l’Association d’assistance aux prisonniers politiques de Birmanie (AAPPB). Plus de la moitié d’entre eux sont toujours en détention, et 33 se cachent. Deux ont été libérés sous caution. Des dizaines de personnes ont fui le pays ou se sont réfugiées dans des territoires contrôlés par des organisations armées ethniques. Deux journalistes ont été blessés par balle alors qu’ils couvraient des manifestations.

 

“L’arrestation de Danny Fenster rappelle que les médias birmans sont pris pour cible lorsqu’ils tentent de dénoncer les violations des droits humains commises par les militaires dans le cadre de cette répression impitoyable”, a déclaré Emerlynne Gil.

 

“Malgré le grave black-out des communications, ce que le monde sait des abus des autorités militaires est à mettre au crédit du courage des journalistes.”

 

Climat de peur : “Nous ne voulons pas revenir à cette époque”.

 

La répression des autorités militaires à l’égard des médias a eu pour effet de refroidir la presse, l’accès à l’information et d’autres droits de l’homme. Le 8 mars, les médias Myanmar NOW, Khit Thit Media, Democratic Voice of Burma (DVB), Mizzima et 7day se sont vu retirer leur licence, dans le cadre d’une interdiction qui touche la presse écrite, les médias audiovisuels et les plateformes numériques.

 

À la mi-mars 2021, il n’y avait plus aucun quotidien d’information privé en circulation dans le pays, car beaucoup ont suspendu leurs activités.

 

Les journalistes interrogés par Amnesty International craignent que la répression en cours depuis le coup d’État n’annonce un retour aux jours les plus sombres de la censure, de l’autocensure et de la désinformation parrainée par l’État. “Nous avons l’impression que tout se dirige vers les jours de notre enfance… Nous ne voulons pas revenir à cette époque où nous n’avions que des médias d’État, qui diffusaient de la propagande”, a déclaré un reporter basé à Yangon. “Il est vraiment difficile de lutter et de survivre en tant que journaliste durant cette période en Birmanie. Ce n’est pas sûr – non seulement pour les journalistes, mais aussi pour leurs familles. Nous sommes tous confrontés à cette situation d’insécurité au quotidien. Mais nous continuons à essayer de rapporter autant que nous le pouvons.”

 

Après un monopole d’État de près de cinq décennies sur l’édition et un lourd régime de censure, en 2012, le département de contrôle et d’enregistrement de la presse a suspendu la censure avant publication. En 2013, le ministère de l’information birman a commencé à accorder des licences aux quotidiens privés.

 

Cependant, les actions récentes des autorités marquent un recul important pour les droits humains, notamment le droit à la liberté d’expression, et une dissipation quasi-totale des progrès réalisés en matière de liberté des médias au cours de la décennie précédente de régime quasi civil.

 

Les autorités militaires birmanes doivent veiller à ce que les droits à la liberté d’expression, à l’accès à l’information et à la liberté des médias soient respectés, protégés, promus et réalisés, notamment en débloquant les sites Internet des médias d’information indépendants et les plateformes de médias sociaux, et en rétablissant de toute urgence une connexion Internet complète.

 

Anciennes lois, nouveaux amendements

 

Le 3 mars 2021, Min Nyo, journaliste de Democratic Voice of Burma (DVB), a été arrêté alors qu’il couvrait les manifestations anti-coup d’État à Pyay, dans la région de Bago, au centre du Myanmar. Selon une déclaration de DVB, Min Nyo a été battu par la police lors de son arrestation et a été blessé. Il a été condamné à trois ans d’emprisonnement.

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