Puisqu’il fait si chaud au Royaume du Siam, parlons de pluies… Heureusement, il ne devrait plus y avoir d’inondations bisannuelles à Sukhothai en raison de travaux titanesques d’aménagement du bassin de la rivière Yom. Ce n’était pas le cas les années précédentes à l’époque où le Lotus Village était encore ouvert. Nous étions inondés tous les ans, et parfois même deux fois par an. Cela avait inspiré Michel Hermann pour écrire le poème ci-dessous. Bonne lecture donc.

Quand les rues deviennent fleuves,
Et les trottoirs, des rivages,
Quand les vents soufflent avec rage,
Et soumettent à rude épreuve,

Nature et paysages,
Quand on vit sans eau potable,
En zone urbaine inondable,
Les pieds dans un marécage,

Alors, on sait que la Saison
Des Pluies a encore frappé.
Le Lotus Village s’est vidé.
L’eau est partout, dans les maisons,

Les chambres et la réception.
Dans cette cité lacustre,
Et ses eaux troubles insalubres,
On circule en embarcation,

Tentant de sauver l’essentiel :
Meubles, livres, électronique,
Objets d’art, informatique.
Mais les dangers potentiels

Viennent aussi des eaux boueuses
D’où serpents et scolopendres,
Tentent, sans se faire prendre,
De survivre. Ces tueuses

Ne sont pas les seuls animaux
Pris au piège. Scorpions, fourmis,
S’accrochent avec force à la vie,
Dans des endroits plus secs et chauds.

Seuls les poissons et les tortues,
Sortis des étangs, voient leur champ
D’action s’élargir, et par bancs,
Frétillent dans cette inconnue.

En attendant la décrue,
Un enfer au doux visage
Rythme la vie du Village.
La fin viendra, tant attendue.

Les pertes sont colossales.
Trois semaines sans un client,
Avec des dégâts importants,
La facture est abyssale.

Puis la nature reprendra
Ses droits. Le limon déposé
Nourrira plantes et crustacés
D’eau douce. Tout redeviendra

Comme avant : fleurs, arbres fruitiers,
Palmiers, géants des tropiques,
Reprendront couleurs et odeurs,
Et leur naturelle beauté.

Le Lotus Village, meurtri,
Repart à nouveau, rénové,
Pour une nouvelle tournée,
Fortifié, et plus aguerri.

Michel Hermann

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