Gavroche, informateur asiate tombé tôt dans le ruisseau des révoltes populaires, a le cœur lourd à voir la répression qui s’abat sur les manifestants en Birmanie depuis le 1er février. Une tragédie. C’est le mot qui convient. Après plusieurs années d’ouverture prometteuse, la population birmane voit s’abattre sur elle le rideau noir d’un régime militaire qui ne repartagera pas de sitôt les libertés acquises.
Certains, sur cette base, crient au parallèle entre la Birmanie et la Thaïlande. Mêmes méthodes, mêmes généraux, même horizon bouché pour la démocratie dans l’ex royaume de Siam. Notre avis est différent. L’armée thaïlandaise, aussi féroce puisse-t-elle être (elle l’a montré dans le passé) a jusque-là fait preuve de retenue. Idem pour la police même si l’emploi de balles en caoutchouc démontre une augmentation de la violence. La Thaïlande demeure, par ailleurs, un pays ouvert et si la pandémie n’avait pas déferlé, elle demeurerait l’un des pays les plus touristiques au monde.
Parce que nous sommes enracinés en Asie et parce que Gavroche est né en Thaïlande, nous réclamons ce droit à la différence et à la nuance. Le modèle suivi par les généraux birmans est peut être un «modèle thaïlandais», à savoir celui d’une armée aux commandes, capable de partager son pouvoir avec les civils. Mais pour l’heure, il n’y a rien de comparable. la force brute à l’œuvre en Birmanie est en train de détruire la réputation du pays.
La popularité sans faille d’Aung San Suu Kyi contraste avec l’absence de figure démocratique révérée en Thaïlande. La tenue d’élections législatives, certes contrôlées par le pouvoir militaire, a eu lieu en Thaïlande. Ce qui se passe dans l’ex Royaume de Siam, en termes d’atteintes aux libertés via les poursuites pour lèse majesté, est très inquiétant. Mais à l’heure où nous écrivons ces lignes, un assassinat démocratique a lieu en Birmanie alors qu’en Thaïlande, le combat continue.