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GAVROCHE – ROMAN: «L’impératrice rouge», épisode 11: Le tigre et le dragon

Journaliste : Patrice Montagu-Williams
La source : Gavroche
Date de publication : 15/06/2021
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Cette fois, il sera difficile d’échapper aux foudres de l’Asie. L’impératrice rouge a l’agent spécial Ly dans son collimateur. Elle ne le lâchera plus. Travailler pour la DGSE, en Thaïlande, ne suffit pas pour être protégé…

 

Un roman inédit de Patrice Montagu-Williams

 

L’intrigue
Les saisies de drogue atteignent un niveau record dans le 13ème arrondissement de Paris. Cette drogue proviendrait du fameux Triangle d’or, cette zone frontalière située entre la Thaïlande, la Birmanie et le Laos. Quel est le rôle exact de la Chine et de ses services secrets dans cette affaire ? Et qui est exactement cette Impératrice Rouge, somptueuse et tragique femme vampire, qui serait le chef d’orchestre occulte de ce trafic ? L’agent très spécial Ly, de la DGSE, est envoyé en Thaïlande pour régler le problème, par tous les moyens. Persuadé, comme le dit Sartre, qu’on ne peut vaincre le mal que par un autre mal, il vivra une histoire de passion, de folie et de trahison.

 

Rappel de l’épisode précédent : Plongée dans son bain, l’agent Wu, celle que l’on surnomme l’Impératrice Rouge, se souvient de son enfance et de ce que la Révolution Culturelle avait fait vivre à ses parents. Oubliant sa maladie, elle se bat, veut-elle croire, pour rester jeune et mener à bien sa mission.

 

Épisode 11 : Le Tigre et le Dragon

 

— Je t’ai apporté un cadeau de Mae Sai, Camarade Wu, dit Le Mongol en posant le carton sur la table basse d’Isami Noguchi devant laquelle la femme est assise. Elle pose sur lui un regard interrogateur. Il y a quelque chose qui bouge dans la boite. Quand elle l’ouvre, un petit félin saute sur ses genoux. Il est roux avec deux bandes blanches de chaque côté du museau.

 

— C’est un bébé chat de Temminck, lui dit Le Mongol. Je l’ai acheté au marché de Tachileik. Il n’est pas dangereux.

 

Elle sait que, partout, en Birmanie, on peut trouver des animaux braconnés et, notamment, des espèces en danger comme le tigre, ce chat de Temminck que l’on vient de lui offrir, ou encore le chat marbré.

 

Un réseau de laboratoires clandestins avait été démantelé par l’armée birmane, dans la région de Kutkhai, au nord de l’état Shan. Il fallait que les autorités fassent,quelque chose vis-à-vis de l’opinion internationale qui accusait le gouvernement du Myanmar d’inaction, voire de complicité, avec les trafiquants. Rien ne changerait à terme, bien sûr, mais, en attendant, la production de méthylfentanyl, la « yaba », la drogue qui rend fou, était arrêtée. Le Mongol avait donc dû se rendre en urgence à Tachileik, sur l’autre rive de la rivière Ruak, pour rencontrer leurs fournisseurs.

 

Reconditionnée à Mae Sai, la marchandise devait ensuite être expédiée à Paris via l’aéroport de Chiang Rai.

 

— Si tu manges ce chat et que tu brûles sa peau, tu seras protégée du tigre. C’est que m’a juré le type qui me l’a vendu, lui annonce Le Mongol, en riant.

 

Se protéger du Tigre

 

Elle rit à son tour. Elle a compris l’allusion : le tigre dont il faut se protéger, c’est le Parti !

 

— On va l’appeler Yang, dit-elle en caressant la tête de l’animal qui se couche sur ses genoux et se met à ronronner. Je suis le Yin, le Dragon, celui qui puise l’origine de sa force dans la partie gauche du corps, celle qui évoque la féminité, l’intuition, le sens artistique et le souffle de vie. Il sera le Yang, le Tigre, le principe masculin qui relève de la partie droite et de son bras puissant et dangereux. À nous deux, le Yin et le Yang, la gauche et la droite, le féminin et le masculin, nous représenterons l’équilibre, le bien-être et l’harmonie, ajoute-t-elle en esquissant un sourire fatigué.

 

Le Mongol hoche la tête. Il sait que la Camarade Wu, pourtant communiste convaincue, pratique, dans le plus grand secret, le Feng Shui.

 

Les exigences du marché

 

Le chat s’est endormi, confiant, sur les genoux de sa maîtresse. Le Mongol est resté debout, ses bras croisés sur la poitrine. Il attend les ordres.

 

— Le marché est en train de changer, Muqali, et vite, commence-t-elle. Il va falloir s’adapter. Les Européens consommaient jusqu’ici de l’ecstasy. Ils vont se mettre à la « yaba », à grande échelle, comme les Thaïs. C’est ça qu’il va nous falloir fournir à présent aux Français, en augmentant la quantité de nos livraisons, comme nous l’a demandé le Parti. Ici, nous n’aurons pas de problèmes avec les flics : il suffira de continuer à donner à manger au Dragon, comme on dit, et nous savons, tous les deux, qu’il a toujours faim. Par contre, il nous faut quelqu’un en permanence sur place, à Mae Sai, pour contrôler les ateliers. Un homme de confiance. Et ce ne doit être ni un Chinois ni un Thaï : ils sont mal vus dans la région. Un Hmong, par exemple, ferait l’affaire : le trafic de drogues, ils ont ça dans le sang ! Tu vas t’en charger. Mais, auparavant, si tu veux que je reste belle, tu dois t’occuper de moi !

 

A suivre…

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