Deux personnes fouettées à Aceh, au nord de l’île de Sumatra (où la loi islamique s’impose de plus en plus aux lois de la République indonésienne) sont tombées inconscientes à la suite de châtiments publics. L’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International a aussitôt publié un communiqué pour dénoncer ces châtiments corporels perpétrés en public, les qualifiant de «vicieux». L’un des deux accusés, un homme, a dû être réanimé pendant que les autorités exécutaient une peine de cent coups de fouet pour relations sexuelles extraconjugales.

Nous reproduisons ici l’appel d’Amnesty International
Répondant aux informations selon lesquelles une femme et un homme ont perdu connaissance alors qu’ils ont été fouettés lors de châtiments publics distincts infligés par les autorités à Aceh aujourd’hui, le directeur exécutif d’Amnesty International Indonésie, Usman Hamid, a déclaré: «Le fait que deux personnes aient été battues inconscientes aujourd’hui, dans deux incidents distincts, est un réquisitoire accablant des autorités qui l’ont laissé se produire sous leur surveillance. Ces châtiments sont cruels, inhumains et dégradants et constituent de la torture. »

«Ces coups de fouet sont un spectacle public honteux et vicieux. Personne ne mérite d’affronter cette cruauté indicible. Les autorités d’Aceh et d’Indonésie doivent immédiatement abroger la loi qui impose ces sanctions et les mettre en conformité avec les normes internationales et les obligations indonésiennes en matière de droits de l’homme en vertu de sa propre constitution. »

Femme condamnée à trente coups de fouet

À East Aceh, un homme a été battu inconscient et a dû être réanimé pendant que les autorités exécutaient une peine de 100 saisies pour relations sexuelles extraconjugales. Il a été transporté à l’hôpital une fois la peine terminée. Ses coaccusés, un autre homme et une femme, ont été condamnés à la même peine.

Dans un autre incident à Aceh Tamiang, les médias locaux ont rapporté qu’une femme condamnée à 30 coups de fouet est tombée inconsciente pendant l’exécution de la punition. Sa peine pourra être reprise à une date ultérieure, lorsqu’elle sera jugée en assez bonne santé pour être à nouveau battue.

À Aceh, des bastonnades sont régulièrement effectuées dans des espaces publics attirant de grandes foules où les gens prennent des photos et des vidéos, ce qui peut ajouter à l’humiliation et à la souffrance à long terme de ceux qui sont soumis à cette punition cruelle.

Code pénal islamique

Le Code pénal islamique d’Aceh a été adopté par le Parlement d’Aceh (DPRA) en 2014 et est entré en vigueur dans toute la province d’Aceh le 23 octobre 2015. Les règlements de la charia sont en vigueur à Aceh depuis la promulgation de la loi spéciale sur l’autonomie de la province en 2001, et sont appliquées par les tribunaux islamiques. Dans certains cas, ces lois prévoient jusqu’à 200 coups de fouet à titre de punition.

Les infractions punissables comprennent l’intimité consensuelle ou l’activité sexuelle pour les couples non mariés, les relations sexuelles consensuelles hors mariage, les relations sexuelles entre personnes de même sexe, la consommation et la vente d’alcool et les jeux de hasard. En vertu du droit international des droits de l’homme, toutes les formes de châtiments corporels sont interdites – elles violent l’interdiction absolue de la torture et autres peines cruelles, inhumaines ou dégradantes et souvent de la torture.