
Nous reproduisons ici de Courrier International, dont nous vous recommandons la lecture sur leur site.
Les échouages de requins-baleines, le plus grand poisson du monde et un maillon essentiel des écosystèmes océaniques, ne cessent de se multiplier en Indonésie depuis cinq ans. Un signal d’alarme de la perturbation croissante des milieux marins dans le pays, soulignent de récentes recherches.
Alors que la plongée au milieu des requins-baleines attire de plus en plus de touristes en Indonésie, ces géants marins, pouvant atteindre 20 mètres de long, sont aujourd’hui menacés d’extinction. Déjà classé parmi les espèces en danger par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le requin-baleine a vu sa population mondiale chuter d’environ 50 % au cours des trois dernières générations. Près des deux tiers des individus vivent dans les mers de la région indo-pacifique, les eaux indonésiennes constituant un nœud de connectivité majeur pour ces animaux capables de parcourir de très longues distances.
Une étude récente de chercheurs indonésiens a recensé 115 cas de requins-baleines échoués sur les côtes de l’archipel à travers 23 provinces entre 2011 et 2023, un incident dont la fréquence a été multipliée par cinq depuis 2020. Parmi les individus échoués, 70 % sont des juvéniles, compromettant directement la survie d’une espèce qui “nécessiterait près d’un siècle pour retrouver sa population initiale”, alerte l’édition indonésienne du média Mongabay.
“La hausse du nombre d’individus échoués constitue un signal d’alerte précoce d’un écosystème marin en déséquilibre”, rapporte Tempo. Le requin-baleine fait partie des espèces dites “parapluies”, jouant un rôle clé dans la chaîne alimentaire et les interactions écologiques. Ses déplacements offrent un indicateur précieux de la productivité et de la stabilité des océans de l’archipel, et sa protection bénéficie à l’ensemble de l’écosystème qui en dépend.
Première explication avancée par les scientifiques : l’intensification des perturbations climatiques et écologiques. Grand migrateur habitué aux grandes profondeurs, la présence de l’espèce près de côtes en eaux peu profondes, souvent polluées et pauvres en nutriments, signale une dégradation des conditions de l’environnement marin.
En modifiant la fréquence et la saisonnalité de phénomènes comme les moussons, les variations de températures et les remontées d’eaux froides, le changement climatique perturbe les repères de nombreuses espèces migratrices.
Dans les filets de pêche
Mais la pêche et le tourisme jouent aussi un rôle. Une étude citée par The Conversation indique que 75 % des requins-baleines identifiés dans l’archipel présentent des éraflures ou des blessures plus graves causées par des filets de pêche, des chocs avec des bateaux et d’autres interactions humaines, comme le tourisme animalier, en pleine expansion et souvent mal encadré.
Alors que l’Indonésie vise à porter à 30 % la part de ses eaux marines protégées d’ici à 2045 – soit 97,5 millions d’hectares –, la superficie actuellement classée en zone de conservation s’élève à environ 14,4 millions d’hectares. Reconnaissant le rôle clé des espèces stratégiques comme le requin-baleine, les autorités ont mis en place en 2021 un plan d’action national pour sa conservation, mais les interventions restent largement curatives.
L’intégralité est à retrouver sur le site www.courrierinternational.com.
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