Après la sensationnelle tentative de dissimulation de meurtre qui a saisi la police nationale indonésienne depuis juillet et a forcé un remaniement majeur du personnel, certains de ses plus hauts fonctionnaires se retournent maintenant les uns contre les autres dans ce qui a été surnommé le comportement de la “guerre des étoiles” pour dépeindre la fourniture de services de protection pour les entreprises illégales, y compris les drogues, les mines illégales et les jeux d’argent.

“La question de la guerre des étoiles continue d’émerger”, a déclaré le ministre coordinateur de la politique, de la loi et de la sécurité, Mahfud MD. “Dans cette guerre, les hauts fonctionnaires qui ont le rang d’étoile ouvrent les cartes maîtresses des uns et des autres”.

Il s’agit du dernier test en date pour le chef de la police, le général Listyo Sigit Prabowo, qui doit faire le ménage dans l’agence marquée par les scandales. Sigit, nommé par le président Joko Widodo en janvier 2021, est à la tête d’une agence longtemps tristement célèbre pour sa corruption et son manque de professionnalisme, parmi les pires de l’Asie du Sud-Est. Sigit a lui-même été soupçonné d’avoir reçu des rapports sur certaines illégalités et de n’avoir rien fait.

Ce qui est extraordinaire pour l’Indonésie, c’est que le gouvernement ne tente pas de minimiser le problème ou de le dissimuler. “Jokowi laisse faire”, a déclaré un homme d’affaires occidental. Le gouvernement, a déclaré Mahfud, coopérera avec le KPK, l’agence anti-corruption, pour découvrir l’implication de la police dans des entreprises illégales, notamment dans les secteurs de l’exploitation minière, de la pêche, de la foresterie et de l’alimentation. “Nous devons immédiatement réduire cette (guerre) en résolvant la racine du problème”, a déclaré Mahfud.

Si le gouvernement a diffusé ce scandale, c’est en partie parce que le monde des affaires, en particulier la communauté internationale en pleine expansion, en a eu assez de payer des pots-de-vin à chaque interaction avec la police et de supporter l’inaction face aux plaintes.

Une vidéo est récemment devenue virale, contenant le témoignage d’Ismail Bolong, un ancien officier de police, qui admet avoir versé des pots-de-vin à un certain nombre de policiers, dont le chef du département des enquêtes criminelles, le Comr. Gen. Agus Andrianto. Ismail, qui a pris sa retraite des forces de police, a affirmé avoir donné 6 milliards de roupies (385 000 dollars) en 2021 à Agus pour que son entreprise illégale d’extraction de charbon dans le Kalimantan oriental puisse continuer à fonctionner sans problème.

Créée le 1er juillet 1946, l’institution policière est l’une des plus anciennes du pays. Malgré ses succès dans la lutte contre le terrorisme, elle est universellement considérée comme corrompue, incompétente et recourant souvent à la violence contre ses citoyens. Selon un rapport sur le risque pays publié par le Risk & Compliance Portal, les policiers “sollicitent des pots-de-vin à tous les niveaux, allant des infractions au code de la route aux enquêtes criminelles”. Deux personnes sur cinq perçoivent la plupart ou la totalité des policiers comme étant corrompus et un Indonésien sur quatre déclare avoir versé un pot-de-vin aux services de police au cours des 12 derniers mois.”