Le président indonésien Joko Jokowi a été facilement réélu pour un second mandat en 2019. Mais depuis lors, son agenda réformateur rencontre de plus en plus de difficultés. De grandes manifestations ont eu lieu à travers le pays ce mardi 13 octobre. Sa volonté de rendre plus flexible le marché du travail dans l’immense archipel, pour y attirer les investissements étrangers, a ravivé la ferveur de ses opposants, qui se recrutaient jusque-là en priorité dans les mouvements islamistes. Les manifestations se succèdent ces jours ci à Jakarta.

Le gouvernement indonésien risque de ne pas pouvoir mettre en œuvre un projet de réforme omnibus de grande envergure sur la création d’emplois, la rationalisation de l’environnement et des investissements et d’autres questions face à la protestation violente, parfois destructrice, des militants syndicaux et des étudiants, qui s’est transformée en grève nationale.

Les mêmes opposants

Le projet de loi a été adopté au début octobre par le parlement, suivi d’une crise politique qui semble s’infiltrer dans des groupes utilisant la communauté religieuse contre elle. Le Front des défenseurs de l’Islam, le Mouvement national pour la sauvegarde de la fatwa Ulema et la confrérie des 212 anciens élèves ont annoncé des manifestations contre la loi le 13 octobre dans tout le pays. Ce sont les mêmes groupes qui sont descendus dans la rue en 2017-2018 pour exiger que l’ancien gouverneur chrétien de Jakarta Basuki Tjahaya Purnama, soit emprisonné pour insulte à l’Islam.

Protestation dans une soixantaine de villes

La protestation s’est étendue à 60 villes alors que des dizaines de milliers de personnes ont manifesté contre la loi, qui révise plus de 70 règlements existants visant à simplifier les règles en matière de travail et d’investissement. Toutefois, les manifestants affirment que cette loi porte atteinte aux droits des travailleurs et met en danger l’environnement.

Le président Joko Widodo mise sur ce projet de loi pour tenter d’améliorer la compétitivité nationale de l’Indonésie face aux critiques selon lesquelles il aurait perdu la ferveur de la reforme qui l’a porté au pouvoir et aurait été largement inefficace durant son second mandat. Jusqu’à présent, la vingtaine de réformes qu’il a défendues à la Chambre des représentants depuis 2015 n’ont abouti à rien.

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