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Laos : Khammuan : une région aux richesses bien cachées

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 11/12/2012
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Au sud-ouest du Laos, juste au-delà de la frontière thaïlandaise, la région de Khammuan cache d’étonnants trésors naturels. Le calcaire érodé a façonné un paysage de pics rocheux, renfermant des grottes majestueuses et des lacs aux couleurs irréelles.

 

Des couleurs pures. Quelques maisons en bois clair qui se mêlent avec une harmonie naturelle au décor composé de pics rocheux teintés par le vert des arbres luxuriants. Et au milieu, une route – qui devient souvent une piste – tranche discrètement le paysage.
Dans la région de Khammuan, la nature s’admire avant d’aller l’explorer. La roche karstique, résultat de l’érosion de formations calcaires, a formé un paysage tourmenté. D’étroites montagnes déchirent un sol où foisonne la végétation et où un réseau hydrographique a creusé des cavités. Les nombreuses irrégularités du terrain cachent quelques idées de randonnées et autres surprises naturelles, comme des grottes ou un lagon.

 

Tha Khaek est la capitale du Khammuan. Située à 330 km au sud de Vientiane, sur la route menant à Paksé, cette ancienne cité coloniale regarde la Thaïlande de l’autre côté du Mékong. Les bâtiments du centre portent encore les traces de la présence française. On y joue à la petang, la pétanque laotienne. Le voyageur choisit généralement cette ville lorsqu’il compte explorer la région. En effet, toutes les destinations se rejoignent en quelques heures de voiture, jumbo (tuk tuk local), moto ou vélo, depuis Tha Khaek. Tha Khaek signifie « point d’amarrage des hôtes ». Ce nom lui vient de son ancien port pour les marchands étrangers. Aujourd’hui, le trafic sur le Mékong semble plutôt tranquille. Des hôtels étoilés à l’architecture massive bordent le fleuve mais paraissent bien vides. Les touristes ne se bousculent pas.

 

Du bleu turquoise

 

Pourtant, les excusions autour valent le détour. À 30 kilomètres au nord-est de Tha Khaek par exemple, se cache le « lac du gong du soir ». Khoung Kong Leng, en laotien, doit son nom au gong qui, selon la légende, retentit à chaque pleine lune.

 

La voiture commence à avaler les premiers kilomètres sur le bitume. Puis la latérite, souvent malmenée par les eaux, prend le relais. Le trajet se transforme alors en raid sportif. Essayer de ne pas tomber de son siège ni de taper le plafond s’avère plutôt difficile. Quelques villages aux baraques en bois clair montées sur pilotis sont parsemés le long du chemin. Tout apparaît propre et calme, à l’exception de la route. Comment font les habitants pour rejoindre la ville ?

 

Tout à coup, le chauffeur s’arrête sur le bas-côté. Les passagers doivent descendre dix petits mètres avant de comprendre pourquoi. La nature a décidé de cacher une de ses beautés : un lac de 70 mètres de profondeur. Son eau bleu turquoise est à couper le souffle. Elle provient d’une rivière souterraine filtrée par la roche calcaire. D’où sa clarté incomparable.

 

Malgré sa propreté manifeste, le lagon demeure opaque et empêche d’estimer la profondeur. Une inconnue vient alors troubler le calme olympien. Quel animal pourrait se réfugier dans ce petit lac ? Le guide assure qu’aucun crocodile n’a élu domicile. Seuls de minuscules poissons de couleur foncée se distinguent. Et des papillons noirs viennent caresser la surface du lagon.

 

Autour, les arbres d’un vert presque fluo trempent leurs racines et certaines de leurs branches dans l’eau. Là, le temps se suspend. On prend du temps pour comprendre et apprécier un tel festival de couleurs. Les visiteurs peuvent se baigner mais doivent demander la permission aux villageois qui vivent à proximité et qui considèrent ce lac comme sacré.

 

Dans la roche

 

À mi chemin entre Tha Khaek et le lac, se trouve une grotte calcaire, Xiang Liap. Il faut avoir l’œil avisé pour repérer le panneau qui indique le sentier qui s’y rend depuis la route goudronnée. La grotte se traverse à pied et sans guide.

 

De l’autre côté, coincé dans les pics rocheux, se trouve un havre de paix. Des Allemands y ont construit le Rock Climbing Camp, un repère pour varapeurs.

 

Les cabanons sur pilotis aux allures de chalets entourent le restaurant. Dans la salle à manger, des canapés invitent à venir contempler la vue. Et pourquoi pas y passer la nuit ? Il faudra, par contre, compter une journée pour aller visiter Tham Khong Lo, une grotte considérée comme l’une des merveilles naturelles du Laos. Le guide nous conduit jusqu’à la lisière d’une forêt. De hauts et fins arbres laissent pénétrer un maigre filet de lumière empli de poussière. Parmi les troncs, les Laotiens ont installé un marché. L’ambiance est calme, mystique. Quelques mètres plus loin, une rivière rejoint l’entrée de la grotte. Telle une fêlure horizontale dans la montagne, la cavité est spacieuse. Elle atteint même 100 mètres de largeur par endroits et presque autant de hauteur. D’ailleurs, les barques sur lesquelles les touristes traversent la montagne sont arrimées dans ce qui ressemble à un port.

 

Juste avant de l’atteindre, à l’entrée située quelques mètres plus haut, le vendeur de billets, installé sur une minuscule table, organise les convois. En face de lui, assis sur une pente de pierres, une cinquantaine de bateliers observent leurs futurs clients.
Il est conseillé de venir muni d’une lampe de poche. Mais celles des canots à moteur suffisent amplement. Les yeux prennent quelques minutes pour s’habituer à l’obscurité, ce qui ajoute un brin de suspens au trajet. Vers le milieu du lac intérieur, nous descendons de l’embarcation pour aller admirer les stupas naturels, en fait des stalactites et des stalagmites qui se sont formées dans une partie sèche de la grotte. Des roches de différentes couleurs – jaune, beige, orange ou même rouge – éclairées par des lampes constituent une palette de couleurs chaudes scintillant dans le noir et visible depuis l’embarcation.

 

La visite prévoit une halte de l’autre côté de la montagne. Juste le temps d’avaler du poulet grillé avec son riz collant, vendu dans un petit marché installé sur la berge, au milieu des arbres. À nouveau, la végétation luxuriante empêche d’obtenir un champ de vision large et donne l’impression de se retrouver dans un lieu détaché de toute civilisation. D’ailleurs, d’où viennent les vendeurs du marché ?

 

La tache dans le tableau

 

Parfois, le paysage escarpé de cette région du Sud du Laos dissimule des sites plus décevants. Comme la grotte du Bouddha (Tham Pa Fa) découverte en 2004 par un chasseur de chauve-souris. Le Laotien avait grimpé sur une quinzaine de mètres, à l’aide d’une liane, le long d’une falaise haute de 200 mètres. Et c’est là qu’il est tombé sur une grotte abritant 229 statues en bronze de Bouddha. La grotte est devenue un lieu de pèlerinage pour les bouddhistes laotiens et thaïlandais. Perçue comme une vache à lait par les locaux, l’entrée du site finalement petit se paye cher, les photos y sont interdites et un marché de souvenirs accueille les arrivants.

 

On ne peut tout de même nier l’effet positif de cette découverte. Le développement touristique a permis d’amener l’électricité dans le village d’à côté, Ban Na Kan Sarng, d’où est originaire le chasseur-explorateur.

 

Il en va de même quelques kilomètres plus loin avec un autre Bouddha. Là aussi, l’entrée est onéreuse et le site sans grand intérêt.

 

Cette touche de superficialité entache le tableau simple et pur offert jusque-là par la région de Khammuan. Parce que l’atout de l’endroit réside dans tout ce qu’a décidé d’offrir la nature, le voyageur passe son temps à admirer ce qui se dévoile devant lui. Au point qu’il en oublie justement le temps. Et voilà que le long week-end est passé. Sans qu’on s’en aperçoive.

 

Texte et photos :
Margaux Fritchy

 

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