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Rentrée paisible au Lycée français de Saigon

Journaliste : Emmanuelle Michel
La source : Gavroche
Date de publication : 16/12/2012
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Après des années de controverse, le Lycée français a finalement rouvert ses portes à plus de 600 élèves à la rentrée de septembre. Critiqué pour son emplacement, entre décharge et terrain d’exécution, l’établissement a pourtant accueilli les élèves dans un climat plutôt positif. Même si tous les problèmes ne sont pas encore réglés.

 

Depuis longtemps, la nécessité du déménagement faisait consensus.

 

L’école Colette, en centre-ville, était devenue bien trop exiguë. Seul problème : le choix du terrain, effectué en 2006 par l’AEFE (Agence pour l’Enseignement du Français à l’étranger). Bordé d’une décharge sauvage, d’un terrain d’exécution des condamnés à mort et entouré de briqueteries polluantes et éloigné du centre-ville : le site du futur lycée était loin de recueillir tous les suffrages. Au cours des années suivantes, la polémique ne fera qu’enfler au sein de la communauté française installée dans la capitale économique du Viêt-Nam. Face aux réticences des parents d’élèves, l’AEFE s’engage en juillet 2009 à ne pas ouvrir l’école si tous les problèmes ne sont pas réglés avant la rentrée 2010. En parallèle, les autorités vietnamiennes promettent d’en résoudre une partie.

 

Un an plus tard, toutes les promesses n’ont pas été tenues, mais le déménagement a bien eu lieu.

 

L’antenne téléphonique a été démontée. En revanche, le terrain d’exécution est toujours là, même s’il ne semble pas y avoir eu d’exécutions ces derniers mois. « Rien ne dit que cela ne va pas recommencer comme par le passé, car l’accès qui longe le lycée est toujours ouvert », craint Minh-Duc Pham, membre de l’APE, l’une des associations de parents d’élèves. Toutefois, l’évolution de la législation vietnamienne sur la peine de mort fait espérer un règlement définitif du problème pour juillet 2011. C’est à cette date que doit entrer en vigueur la mesure votée en juin dernier par l’Assemblée nationale, remplaçant le peloton d’exécution par l’injection léthale. Le terrain des condamnés n’aurait donc plus lieu d’être.

 

Pour régler le problème de la décharge, c’est le système D qui a été mis en œuvre.

 

« Un parent d’élève est allé voir le Comité populaire du quartier (1), ainsi que la police, avec le soutien des associations de parents », explique Eric Simonneau de l’APE-LEA. Après ces consultations, une solution on ne peut plus pragmatique est retenue : un mur est construit pour empêcher les camions de venir déverser des ordures. Le financement a été pris sur le budget de l’établissement. « Ce type de décharge sauvage, il y en a partout au Viêt-Nam. Le mur permet au moins d’éloigner ça de l’école, ce n’est déjà pas si mal », constate Eric Simonneau. La vigilance est de mise, notamment grâce à des caméras vidéos. Minh-Duc Pham, de l’APE, note néanmoins « qu’un nouveau dépôt a été mis en place malgré le mur ». Quant aux briqueteries polluantes, elles fonctionnent toujours dans les alentours du lycée, même si certains estiment que leur nombre a diminué. « Depuis la rentrée, le site n’a pas eu à souffrir de pollution de leur part », estime l’APEP, l’autre association de parents d’élèves. De son côté, l’APE critique la méthode des analyses de pollution réalisées.

 

Malgré des tiraillements, tous les parents semblent s’accorder sur un point : la rentrée scolaire s’est faite dans de bonnes conditions. Le problème du transport scolaire, crucial pour une école située à 30 kilomètres du centre-ville, a été résolu par la mise en place de navettes de ramassage. Les deux-tiers des enfants les utilisent. Le coût est subventionné par l’AEFE pendant les premières années de fonctionnement du lycée. « Certains élèves passent plus de trois heures par jour dans le car scolaire », regrette toutefois Minh-Duc Pham. Surtout, tous se félicitent du dialogue renoué avec la direction de l’école, louant les efforts de Madame Roiné, la nouvelle proviseur. « Je pense toujours qu’il aurait fallu régler tous les problèmes avant de s’installer, mais c’est moins la pagaille que ce que je pensais. Le climat est plutôt serein », note Eric Simonneau.

 

Au final, la relocalisation aura-t-elle rendu le Lycée Français moins attractif, comme beaucoup le craignaient ? De 650 en 2009, le nombre d’élèves est passé à 610 cette année. Un bon signe, estime certains. Les parents de l’APEP soulignent que l’on est « au-dessus des prévisions budgétaires, établies sur une base de 600 élèves. » Eric Simonneau, de l’APE-LEA, estime toutefois que 80 élèves français sont partis dans des écoles anglo-saxonnes, à cause du déménagement. Des opérations de promotion du Lycée Français devraient être lancées cette année, pour inverser la vapeur.

 

(1) Équivalent de la mairie

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