Home Accueil Sur le Viaduc de Gokteik, un « train pas comme les autres »

Sur le Viaduc de Gokteik, un « train pas comme les autres »

Journaliste : David Andrews
La source : Gavroche
Date de publication : 31/07/2012
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Quel que soit le voyage que vous faites en Birmanie, il restera à jamais gravé dans votre mémoire ! Les sites inoubliables, les paysages fantastiques, les bâtiments coloniaux désuets et l’accueil particulièrement chaleureux de ses habitants font du Myanmar un pays pas comme les autres, auquel on ne peut rester indiffèrent. Aujourd’hui, l’amélioration des infrastructures et le lent franchissement des étapes vers la modernisation n’enlèvent rien au charme de cette destination unique : y séjourner revient toujours à faire un saut dans le passé et à en revenir enchanté…

 

Je suis tombé amoureux de la Birmanie lors d’un premier voyage qui traversait les « incontournables » : Rangoun, Bagan, Mandalay et le lac Inle. J’ai très vite décidé d’y retourner afin de découvrir les régions méconnues et d’explorer le pays hors des sentiers battus.

 

Lors de mes recherches sur différents sites web, j’avais été particulièrement fasciné par des images du viaduc de Gokteik situé à une centaine de kilomètres au nord de Mandalay. Ce pont ferroviaire, construit par les Anglais en 1901, est une véritable prouesse technique compte tenu de l’époque : avec ses 689 mètres de long et culminant à plus de 100 mètres au-dessus du sol, il demeure aujourd’hui le plus haut pont du pays. Ma prochaine escapade devait forcément m’y conduire. Je me renseignais et découvrais qu’il fallait prendre le train à Pyin Oo Lwin. Autrefois appelée Maymyo, cette ancienne station coloniale britannique se trouve sur un agréable plateau, à quelque 1000 mètres d’altitude et seulement 55 kilomètres au nord de Mandalay. Le train continue ensuite jusque Naung Pain en passant sur le fameux viaduc.

 

Sans perdre une minute, je réservai mes vols et mon transfert jusqu’à Mandalay puis prévoyai de rejoindre Pyin Oo Lwin en bus. Avec son climat plus frais que celui de Mandalay, Pyin Oo Lwin reste un endroit préservé et magnifique du fait de sa situation privilégiée sur le plateau Shan. Vous pourrez découvrir dans les marchés locaux tous les fruits exotiques dont vous rêvez et les fleurs les plus colorées. Quelques anciens manoirs britanniques subsistent, tout comme des taxis calèches aux allures de Westerns. Et une mosquée de couleur verte, qui se trouve dans la rue principale, complètent le côté à la fois désuet et insolite de cette petite station climatique entourée de paysages inoubliables.

 

Puis vint le moment de me rendre à la gare ferroviaire et d’aller à la rencontre du paysage de mes rêves ! Levé tôt, je monte dans ce train vieillot aux tons ocre, déjà bondé. Les Birmans se serrent, au milieu des sacs débordants de produits frais en tout genre. Et me voilà parti, impatient, pour six heures de voyage chaotique.

 

Après avoir longé pendant un moment la Route Nationale 3, nous traversons les villages de Kyun-ta-pin et de Nawnghkio et atteignons rapidement, tout en zigzaguant, une région plus montagneuse. J’admire les paysages contrastés des plaines arides de Mandalay, aux sites rocheux et autres plateaux de l’état Shan. Les cultures tropicales défilent, luxuriantes, grâce au climat plus frais de cette région peu peuplée. Les collines se transforment lentement en parois escarpées alors que nous nous approchons du fameux viaduc et que le vide se creuse entre la terre ferme et la voie ferrée. Penché à l’extérieur du train afin de mieux profiter du spectacle, j’aperçois devant moi une colonne d’autres têtes, toutes regardant, comme moi, par les fenêtres… Je baisse alors les yeux et admire la structure gigantesque qui supporte notre train, les pieds ancrés dans la jungle verdoyante. Deux longues minutes sont nécessaires au convoi pour traverser au ralenti l’imposant viaduc dans un grincement métallique assourdissant, ce qui me laisse tout le temps de profiter d’une vue à couper le souffle. Un sentiment de joie et de plénitude m’envahit. Je regagne ma place avec un sourire béat. Nous rejoignons enfin le côté opposé et la végétation si dense, en direction de Naung Pain.

 

Ces dernières heures de voyage me permettent de réfléchir à l’histoire de ce viaduc improbable. Mes lectures m’avaient appris qu’il avait été construit en 1901 à la demande des Britanniques et qu’il était, à cette époque, le plus grand viaduc du monde ! L’Empire britannique souhaitait alors étendre son influence dans la région et établir une liaison ferroviaire entre l’Assam en Inde et le Yunnan en Chine. Sur 689 mètres de long, furent construites 14 tours géantes permettant de supporter la voie ferrée encore en service 110 ans plus tard. Mais le temps file et déjà j’aperçois le petit village de Naung Pain, niché au milieu des collines. Entouré par la jungle et les montagnes, les vues sont envoûtantes et l’air particulièrement frais et agréable. Dès la sortie du train, je me sens revigoré par ce bol d’air pur et suis impatient de découvrir cette région verdoyante. Myanmar rural, bien sûr, et beauté naturelle intacte, inspirante et apaisante. Telle fut mon expérience unique et inoubliable de la Birmanie.

 

DAVID ANDREWS voyageur écrivain pour Exotissimo

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