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THAÏLANDE – CHRONIQUE: Notre lettre de Sukhothai sur les «mères ordinaires»

Journaliste : Michel Hermann
La source : Gavroche
Date de publication : 19/08/2019
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Gavroche a le bonheur d’être accompagné par des chroniqueurs de talents. Michel Hermann est l’auteur de nos délicieuses «lettres de Sukhothai», la ville thaïlandaise ou il a décidé de s’établir. Nous publions ici son dernier texte qu’il résume ainsi: «En Thaïlande, on croise en ville, à la plage, à la campagne, de nombreuses femmes aux charmes certains, indépendantes et libres. Qui sont-elles ? De quoi vivent-elles ? Ce ne sont ni des filles de bars ni des travailleuses sexuelles, mais simplement des mères de famille qui vivent librement leur vie. Il y en a pléthore à Sukhothai. En voici un bel exemple….»

 

Il n’y a rien à faire, on ne s’en lasse pas.
Sa peau est douce comme une fesse de nonne.
D’un blanc laiteux, ses seins taquins et délicats
Sont immaculés, comme ceux d’une madone.

 

Elle a usé deux maris et plusieurs amants,
Étrangers et thaïs, pris des sous sans état d’âme,
Et élève seule son fils de quatorze ans.
Sa bouche a la saveur des fruits de la campagne.

 

Elle a trente-six ans, un cœur décomplexé,
« Fait ce qui lui plait », car elle est belle à son âge.
Et « aime celui qui l’aime », comme l’écrivait
Jacques Prévert, mais pas les drôles de passage.

 

Elle aurait pu exister dans un autre ailleurs,
A Bangkok, aux Amériques, en Australie.
Elle a suivi maris, galants, admirateurs,
Mais déçue, elle a toujours regagné son nid.

 

Car Sukhothaï c’est sa famille, ses amis,
Ses ancêtres et ses racines. Aucun démon
Ne la fera changer : ni argent, ni folie,
Ni luxe, ni promesses : ici, c’est son poumon.

 

Cette Vénus callipyge au corps généreux,
Bonne mère, bonne amie, et redoutable amante
Qui a tout connu, gloire et avenir douteux,
A choisi le calme d’une cité dormante.

 

Elle a quelques rentes et des petits boulots,
Se lève tard et traîne souvent dans les bars
Pour se saouler avec des inconnus barjots,
Et finir dans un lit sans vraiment le vouloir.

 

Elle élève dix-sept chiens et quatorze chats,
Dont une jolie chatte siamoise, qui ronronne
Lorsque je caresse son ventre de mes doigts
Câlins. Elle se couche, miaule et s’abandonne.

 

Ces mères ordinaires, libres et décomplexées,
Hantent les villes et fleurissent les campagnes
Au Pays du Sourire. La mienne est douée,
Et lascive, devient pour un soir ma compagne.

 

Michel Hermann

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