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THAILANDE – CULTURE: Lampu Kansanoh : peintre de la société thaïlandaise

Journaliste : Ch. C.
La source : Gavroche
Date de publication : 22/08/2018
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Une des figures majeures de l’art contemporain thaïlandais, Lampu Kansanoh, jeune femme au charme discret mais au caractère bien appuyé, croque la société thaïlandaise avec humour et parfois sarcasme. Nous l’avons rencontrée dans son atelier, une maison entourée de nature et de chiens, loin du centre urbain.

 

Comment a commencé votre carrière ?

 

Je viens d’un milieu très modeste. Enfant je n’avais pas de jouets, je ramassais les déchets qui jonchaient la rivière, j’en faisais des figurines, des dessins, inspirés des mangas japonais. À l’école rien ne m’intéressait, à part les cours d’art. Je suis entrée dans une sorte d’école des beaux-arts malgré le désaccord de ma famille, qui y voyait un lieu de perdition où les étudiants se droguaient.

 

Trois ans après, j’ai intégré la faculté des arts de Slipakorn à Bangkok. Entretemps, j’avais déjà gagné de nombreuses compétitions, mon travail avait été imprimé dans des catalogues. L’exposition qui a couronné par la suite mes cinq ans d’études à l’université, en 2009, a été un succès : toutes mes toiles se sont vendues.

 

Quels artistes vous ont inspirée ?

 

En deuxième année d’université, j’ai vu une exposition du peintre thaïlandais Chakrabhand Posayakrit. Sa peinture m’a bouleversée jusqu’aux larmes. J’ai essayé de l’imiter, mais j’ai compris que ça ne pouvait pas fonctionner car nous avons chacun des émotions très différentes. C’est alors que j’ai trouvé mon style qui est parti d’une admiration et en même temps d’une différenciation, toutes les deux artistiques. Je veux, comme lui, transmettre des émotions fortes qui touche les gens.

 

Ma famille a été aussi une autre source d’inspiration. J’étais très jeune quand mes parents se sont séparés et cela m’a brisée. L’art est devenu une source de vie et de joie au milieu de ce chaos où je voyais ma mère, seule, travailler très durement. Je voulais l’aider, je voulais être une artiste reconnue, qu’elle soit fière de moi. Alors j’ai travaillé tous les jours, du mieux que je pouvais.

 

(Lampu Kansanoh)

Quels sont vos sujets privilégiés et quelle technique utilisez-vous ?

 

Quand me vient une idée, je la transforme dans mon esprit en image et très vite en fais le croquis sur papier. Puis je cherche des visages qui pourraient être adéquats à ce que je veux exprimer. Je prends alors des photos de personnes et retranscris leurs traits d’après le cliché. Ensuite, je commence à peindre.

 

En moyenne, il me faut quatre à cinq jours pour terminer une toile de 2m x 2m. Je laisse apparaître le tracé de la brosse, car pour moi le mouvement est primordial. Le mouvement, c’est la vie en marche, c’est l’humour et l’humeur de la société humaine, ici, dans sa tradition thaïlandaise que j’aime capturer dans ce qu’elle a de plus ordinaire, voire trivial.

 

Je m’inspire des gens qui m’entourent, de ma famille à mes amis, en passant par mes voisins ou tous ceux qui veulent être représentés dans mes toiles. En ce moment, mon intérêt se porte sur la folie des selfies, je pense que je vais mettre tout ça en peinture. D’une certaine manière mon travail est autobiographique.

 

Propos recueillis par Christelle Célérier (http://www.gavroche-thailande.com)

 

Lampu Kansanoh est exposée à la Galerie Adler (Bangkok)

Article à retrouver dans le dernier numéro de Gavroche, disponible ici

 

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