Gavroche aime raconter la Thaïlande sous tous les angles. Nous avons donc accepté avec plaisir la proposition d’un jeune français passionné de joaillerie, Guillaume Soubiraa, qui se proposait de nous raconter ce monde si secret. Un reportage en quatre volets à ne pas rater, à diffuser et à commenter.
VOLET 4 : A la recherche des plus belles pierres
Suite et fin de notre entretien avec la gemmologue Billie Hugues
On ne commence pas avec un carat pour tailler une pierre d’un carat, n’est-ce pas ?
Peut-être que vous devez commencer avec un morceau de brut de deux, trois, quatre carats pour tailler une pierre d’un carat. Il s’agit donc de découverte, d’une quête de connaissance et de son partage.

Le meilleur exemple ne peut qu’être Hypérion. Une formidable base de données de plus de 1 600 photos d’inclusions.
Question : d’où vient le nom ?
C’est une allusion à la mythologie grecque. Hypérion est le père d’Hélios, de Séléné et d’Éos, respectivement Dieux du soleil, de la lune et de l’aurore. Une allusion donc à la lumière et plus largement au savoir et à la connaissance.
Dans votre environnement, la lumière est primordiale, pas de couleur dans le noir, n’est-ce pas ?
Quand on taille, on pense à la manière dont va se comporter la lumière, comment elle va interagir avec la pierre. Pour la photographier aussi, vous pensez à la lumière. C’est le composant vital pour nous, il nous fallait rappeler cette importance.
Tu évolues dans un environnement très sain : de belles matières, des couleurs, des photos fascinantes, la nature sous ses facettes les plus belles.
Je me sens très chanceuse de pouvoir expérimenter et explorer ce monde. Je pense qu’il faut partager cela avec d’autres personnes, qu’il faut promouvoir ce que l’on fait. Il est si important de communiquer hors de notre secteur, d’atteindre toujours plus de personnes pour qu’elles comprennent ce monde merveilleux et aussi faire tomber les préjugés.

Quels sont les meilleurs arguments pour intéresser le public à ces métiers ?
Je pense que cela demande beaucoup de curiosité et aussi d’expérience. Donc de temps. Le moteur est d’apprendre en chaque circonstance.
C’est la multitude de facettes de notre métier qui nous grandit : le fait de pouvoir aller sur une zone minière, de pouvoir accéder à des enchères dans des environnements privilégiés, de rencontrer des négociants durant des foires, etc. Grâce à toutes ces rencontres, j’ai pu confronter mon avis à ceux des autres, cela m’a beaucoup fait progresser.
Ce métier est le meilleur des passeports pour voyager. Vous avez accès à tous les environnements possibles, tellement d’opportunités s’offrent à vous, à chacun de saisir ce qu’il croira utile.
Pour la Thaïlande, il y a l’incontournable Bangkok gem show plusieurs fois par an, qui est vraiment un événement mondial majeur et qui permet de rencontrer tous les intervenants du secteur, dans le convention center Queen Sirikit en plein centre ville, tellement pratique. Et il y a de nombreuses écoles de gemmologie, ici à Bangkok, qui proposent tout un panel de formations, allant de diplômes reconnus afin d’intégrer l’industrie ou des formations de quelques semaines pour faire les premiers pas. Il faut comprendre que Bangkok est LA capitale mondiale du négoce de pierres de couleur. Et on estime qu’en Thaïlande, au moins 1 million de professionnels vivent de ces métiers. Tout est concentré ici : de la taille des pierres, au design de bijoux, du sertissage à l’expertise gemmologique, du microscope, aux photos d’inclusions, ou tout simplement au négoce.. de bruts, de minéraux, de pierres taillées : toutes les curiosités peuvent s’épancher.

Et dans cette infinité de domaines passionnants, un sujet ne cesse de prendre de l’importance : la détermination d’origine. Il y a un débat selon lequel nous devrions considérer la pierre pour ce qu’elle est intrinsèquement, c’est-à-dire sa beauté, et moins considérer ses critères culturels et son origine.
Un mot pour conclure ?
Je ne me souviens pas de mes premiers voyages sur le terrain, j’étais vraiment petite. Un gisement de tourmaline en Californie selon mes parents. Mais l’impression que je garde de mes premiers pas sur des mines était de partir à une chasse au trésor. Fouiller la terre et y trouver de véritables trésors enfouis, c’était un rêve d’enfant. Et aujourd’hui, il est devenu réalité. Je vis ma passion au quotidien, entourée de gens passionnés, observant de véritables merveilles de la nature. Et plonger au cœur des gemmes, à la découverte de mondes à part entière, pour espérer en faire d’autres, c’est poursuivre l’aventure chaque jour. J’aimerais que les gens comprennent pourquoi nous aimons autant les gemmes et pourquoi elles sont un formidable moteur dans nos vies.

Retrouvez ici le troisième volets de notre enquête.
Chaque semaine, recevez Gavroche Hebdo. Inscrivez vous en cliquant ici.