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THAÏLANDE – FRANCE : La stratégie française pour l’Indo-pacifique défendue par l’Ambassadeur Thierry Mathou

Journaliste : Rédaction
La source : Bangkok Post
Date de publication : 27/09/2021
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L’ambassadeur de France en Thaïlande Thierry Mathou a pris la plume pour défendre, dans le Bangkok Post, la stratégie française pour la région Indo-pacifique. En arrière plan ? L’annulation du contrat d’achat de douze sous-marins français par l’Australie.

 

Une contribution de l’Ambassadeur de France Thierry Mathou publiée par le Bangkok Post

 

La France regrette vivement la décision unilatérale de l’Australie d’arrêter le ” Future Submarine Program ” (FSP) développé dans le cadre de la relation de confiance qui unissait nos deux pays jusqu’à récemment, pour s’engager dans une alliance militaire avec les États-Unis, ce qui l’a conduite à exclure un membre de l’Union européenne d’un partenariat dans l’Indo-Pacifique.

 

Choix soudain et surprenant

 

Ce choix soudain et surprenant est non seulement contraire à la lettre et à l’esprit de nos accords, mais illustre également un manque de cohérence à un moment où nous avons besoin de prévisibilité et de fiabilité pour nous unir dans la région indo-pacifique afin de construire des partenariats solides et inclusifs. Nous devons renforcer l’ordre multilatéral fondé sur des règles, relever les défis mondiaux, jeter les bases d’une reprise économique juste et durable pour l’ère post-Covid, promouvoir la démocratie, l’État de droit, les droits de l’homme et les engagements universellement convenus tels que l’Agenda 2030 et ses objectifs de développement durable, ainsi que l’Accord de Paris sur le changement climatique, et œuvrer pour un environnement géopolitique sûr et stable.

 

Une zone confrontée à de profonds changements stratégiques

 

Comme l’illustre l’Asie du Sud-Est, l’Indo-Pacifique est une zone confrontée à de profonds changements stratégiques. La puissance croissante et les revendications territoriales de la Chine, ainsi que la compétition mondiale en cours avec les États-Unis, fragilisent l’équilibre des forces dans la région. Le contexte est également marqué par les menaces transnationales, les crises de prolifération et les conséquences sécuritaires dues au changement climatique. Les océans sont au cœur des tensions, et la sécurisation des voies de navigation et la liberté de navigation restent des enjeux majeurs.

 

La région a besoin d’une nouvelle approche

 

L’avenir de l’Indo-Pacifique ne réside ni dans l’émergence d’une hégémonie régionale ni dans la formation d’alliances militaires. La région a besoin d’une nouvelle approche, d’une troisième voie, d’une alternative à la confrontation qui réponde aux aspirations des pays de l’Indo-Pacifique, notamment en Asie du Sud-Est où des pays comme la Thaïlande soutiennent le développement d’une architecture régionale inclusive où le dialogue et la coopération l’emportent sur la rivalité.

 

C’est l’approche proposée par la France, avec l’adoption en 2018 de sa stratégie Indo-Pacifique qui vise à maintenir un espace ouvert et inclusif, exempt de toute forme de coercition et fondé sur la promotion du multilatéralisme et le respect du droit international. C’est également la priorité de l’Union européenne, qui a publié une communication conjointe sur la stratégie européenne de coopération dans l’Indo-Pacifique. Une présence européenne renforcée, notamment en Asie du Sud-Est, permettra de mieux répondre aux défis de cette vaste région, où l’UE a déjà noué des partenariats solides, notamment avec l’Asean, dont nous soutenons fortement le principe de centralité.

 

La France, qui prendra la présidence du Conseil européen à partir du 1er janvier 2022, est déterminée à promouvoir un agenda ambitieux dans l’Indo-Pacifique visant à préserver la liberté de souveraineté de chacun.

 

Pays clés de la région comme la Thaïlande

 

L’Asie du Sud-Est est au cœur de nos priorités comme l’illustrent notre partenariat de développement avec l’Asean, notre volonté de participer à l’Asean Defence Ministers Meeting Plus (ADMM+) et notre décision de développer nos relations avec les pays clés de la région comme la Thaïlande avec laquelle nous sommes en train de rédiger activement une feuille de route bilatérale pour élever nos relations au niveau d’un partenariat stratégique.

 

La décision regrettable qui vient d’être annoncée sur le FSP renforce notre détermination à promouvoir l’autonomie stratégique européenne, qui est le seul moyen crédible de promouvoir nos valeurs dans le monde, en particulier dans l’Indo-Pacifique où nous sommes heureux de partager les objectifs présentés dans les “Perspectives de l’Asean sur l’Indo-Pacifique” adoptées en 2019 sous la présidence thaïlandaise.

4 Commentaires

  1. Que pèse la France dans une ainsi dénommée stratégie indo-pacifique ? Celle -ci ne peut être dissociée d’une approche plus large et d’abord européenne. Depuis le nouveau changement de gouvernement de coalition allemand (un ministre vert pour les affaires étrangères), la lecture des 160 pages du contrat de coalition conduit à un changement radical de perspectives par rapport à la période antérieure et nonobstant la prochaine présidence de l’UE par la France. Du point de vue allemand, la défense européenne est totalement alignée sur l’OTAN ( avec une militarisation basée sur du matériel américain et de moins en moins français). La “stratégie indo-pacifique” parait donc fortement indexée sur une approche américaine alliée à l’Australie et dans le cadre de laquelle la France risque d’entre entrainée dans une aventure militaire incontrôlée.

  2. les français écrivent, les anglo-saxons agissent…toujours la même rengaine.
    Quelle présence française en indo-pacifique? Une rigolade, un petit port en Nouvelle Calédonie qui ne brille pas par les sous-marins, frégates et corvettes mais par les yachts de milliardaires !
    On découvre à chaque fois la fourberie des anglo-saxons, nous les “porteurs de valeurs”
    Mais la présence américaine au pacifique et dans l’océan indien sont bien nécessaires avec l’expansion de la Chine.

  3. L’affaire des sous-marins doit être relativisée. Après tout, ce n’est qu’une affaire commerciale. Aucune nation ne peut subordonner les impératifs de sa défense aux lois du commerce. Pour la France, il est prioritaire de demeurer en bonne intelligence avec les “English speaking peoples”, dont les “Five Eyes”, dont fait partie l’Australie. D’ailleurs on voit déjà que les choses sont en voie d’apaisement.

  4. Les américains sont-ils vraiment nos alliés ou nous considèrent-ils comme un vassal. Nous critiquons l’hégémonie chinoise. Mais les lois extraterritoriales américaines qui mettent à genoux nos entreprises ne sont-elles pas le réel danger ? La Chine est un concurrent et un partenaire potentiel. Les américains nous ont trahi à de nombreuses reprises ( les sous marins, le JCPOA, l’amende à l’encontre de la BNP )

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