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THAÏLANDE – HISTOIRE : Naissance d’un royaume

Journaliste : Xavier Galland
La source : Gavroche
Date de publication : 04/01/2024
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L’origine du peuplement de l’ancien royaume de Siam est encore très incertaine. Fuyant probablement les guerres meurtrières qui marquèrent la période dite des “Printemps et des Automnes” du VIIe au IVe siècle av. J.C., les thaïs auraient quitté le Sichuan (Chine) pour s’installer dans les vallées du sud et du sud-ouest où ils se mélangèrent à des populations miao-yao.

 

Durant les premiers siècles de l’ère chrétienne, ces communautés thaïes furent coupées en deux le long du fleuve Rouge. L’évolution de ces deux groupes fut dès lors séparée : l’un se sinisant peu à peu ; l’autre, localisé dans un large périmètre autour de Diên Biên Phu, s’indianisant plus tard et se subdivisant encore en plusieurs sous-groupes dont les lao et les siamois.

 

La présence de Thaïs dans la péninsule indochinoise est attestée par une inscription chame de 1050 puis par la représentation d’une troupe de mercenaires dits syam sur un bas–relief du temple d’Angkor.

 

Longtemps crédités de la fondation du royaume de Nanzhao qui se développa au Yunnan sous la dynastie des Tang, les thaïs n’auraient, semble-t-il, que calqué les méthodes de celui-ci, principalement dans la région située immédiatement au sud, connue sous le nom de Sip-Song Pan Na.

 

Au cours du premier millénaire de notre ère, la nécessité de trouver des terres cultivables pour une population croissante aurait entrainé, le long des rivières et des vallées, un lent mouvement de population, endigué vers l’ouest et le sud-ouest par la situation géopolitique de l’époque.

 

Un premier « royaume » thaï vit alors le jour en pays Yonok, situé dans la région de Chiang Saen où les Môns introduisirent le bouddhisme theravada vers la fin du Xe siècle.

 

Le Nanzhao constituant l’un des principaux points de communication terrestres entre l’Inde et la Chine, via l’Assam et le Yunnan, la présence thaïe dans la péninsule indochinoise fut renforcée par l’arrivée de pèlerins et de marchands ainsi que d’un certain nombre d’esclaves, prisonniers de guerre.

 

Cette pénétration se fit dans trois directions principales (sud-ouest, sud, sud-est) et les populations thaïes essaimèrent vers ce qui est aujourd’hui l’Inde du Nord-Est, la Birmanie, la Thaïlande, le Laos et le nord du Vietnam.

 

Au cours des XIe et XIIe siècles, suite à des raids successifs vers le sud et le sud-ouest, les Thaïs contrôlaient une large population et, au début du XIIIe siècle, quelques principautés et/ou chefferies furent fondées dont Mogaung, Muang Nai, Ahom et — en ±1238 — Sukhothai. Petit à petit, et par alliances matrimoniales avec de puissantes familles locales, une aristocratie thaïe prit le contrôle de principautés déjà existantes et en fonda de nouvelles.

 

Premiers seigneurs

 

Contrôlant d’importantes forces humaines et dominant les plaines des confins de l’empire, ces seigneurs thaïs se virent octroyer titres et prérogatives par les empereurs d’Angkor désireux de se les concilier.

 

(Rappelons que, l’Asie du Sud-Est disposant de grandes étendues mais non des nombreux bras nécessaires à la riziculture inondée, la richesse et le pouvoir se mesuraient à l’importance de main-d’œuvre dont un souverain ou un noble disposait, et que les guerres avaient donc plus pour but d’accaparer des populations que de les détruire.)

 

Il était ainsi plus ou moins inévitable qu’un jour ou l’autre quelque seigneur local tente de s’émanciper de la tutelle khmère pour se tailler son propre territoire.

 

C’est ce qui arriva dans les années 1238/1240 quand, profitant de l’affaiblissement du pouvoir angkorien fragilisé depuis la mort de Jayavarman VII en 1218, deux chefs thaïs — Pha Muang de Muang Rat et Bang Klang Thao de Muang Bang Yang — évincèrent le gouverneur khmer de Sukhothai et le remplacèrent par Bang Klang Thao qui fut nommé roi sous le nom de Si Indraditya, titre que Pha Muang tenait du pouvoir central d’Angkor et qu’il lui abandonna.

 

Les thaïs prirent ainsi le pouvoir sans effusion de sang inutile, ce qui a fait dire à Georges Cœdès que cette émergence des thaïs était « moins un bouleversement soudain dans le peuplement de la péninsule, que la prise du pouvoir par une classe dirigeante d’origine t’aie […] la substitution du gouvernement des t’ais à l’administration khmère dans le bassin du Ménam et sur le Haut-Mékong. »

 

Quoi qu’il en soit, au milieu du XIIIe siècle le premier royaume siamois était une réalité. Il ne devait durer qu’un peu moins d’un siècle et demi mais son histoire allait être dominée par un souverain dont les thaïs ont encore la nostalgie de nos jours : Ramkhamhaeng.

 

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