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THAILANDE Hommage au roi Bhumibol Adulyadej

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 05/12/2016
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La Thaïlande célèbre aujourd’hui la naissance du roi Bhumibol Adulyadej (Rama IX) décédé le 13 octobre dernier après un règne qui aura duré 70 ans. Le 28 octobre 2016, devant l’assemblée des Nations Unies à New York, Samantha Power, ambassadrice de la représentation permanente des Etats-Unis, rendait un vibrant hommage à un roi « bien en avance sur son temps. »

 

Bonjour à tous. Aujourd’hui est l’un de ces nombreux jours où je me sens très privilégiée de représenter le pays hôte des Nations Unies afin d’avoir la chance de m’adresser à vous pour une si importante occasion.

 

Au nom des Etats-Unis d’Amérique, je tiens à exprimer nos plus sincères condoléances et l’infinie tristesse que nous ressentons au fond de nos cœurs pour Sa Majesté la reine Sirikit, ses enfants et petits-enfants, ainsi que pour le peuple thaïlandais suite au décès de Sa Majesté le Roi Bhumibol Adulyadej. Sa Majesté était non seulement un ami de toujours et partenaire des États-Unis, mais avait aussi des liens personnels profonds avec notre pays.

 

Les parents du roi se sont rencontrés à Cambridge, Massachusetts, où tous les deux étudiaient la médecine – son père à Harvard et sa mère au Collège de Simmons. Sa Majesté a seulement vécu là lorsqu’il était enfant, mais sa présence se fait encore beaucoup ressentir à Cambridge.

 

Je peux en parler en connaissance de cause car avant d’avoir eu le privilège de servir dans l’administration Obama, j’étais professeur à Cambridge à l’Ecole d’Administration Kennedy de l’université Harvard. Pour me rendre au campus, je passais souvent par le square du roi Bhumibol, qui se trouve à côté de l’école et a été nommé en l’honneur de sa naissance.

 

En traversant ce square, il n’est pas rare de croiser des Thaïlandais venus rendre hommage à Sa Majesté et prendre des photos à côté de la plaque portant son nom. Il y a plusieurs endroits comme celui là à Cambridge. A proximité de Brigham et à l’Hôpital des Femmes où la mère de Sa Majesté a jadis travaillé, pas un jour ou presque ne passe sans que des visiteurs thaïlandais viennent apporter des cadeaux, des fleurs ou laisser de petites notes manuscrites. Voilà le genre de dévotion que Sa Majesté a inspirée au peuple thaïlandais.

 

« Ils doivent retenir ce que j’ai fait d’utile. »

 

Il y a presque deux décennies, un journaliste a demandé au roi comment il voulait que l’on se souvienne de lui. Il a répondu qu’il se souciait fort peu de ce que l’histoire retiendra. « S’ils veulent écrire sur moi dans le bon sens, ils doivent retenir ce que j’ai fait d’utile. »

 

Pour Sa Majesté, faire des choses utiles voulait dire trouver un moyen de résoudre les problèmes que rencontrait son peuple, et en particulier les personnes les plus vulnérables et marginalisées. Et, comme le roi le pensait, la meilleure façon de savoir ce qui était utile et de comprendre les problèmes auxquels ces gens étaient confrontés, était de se rendre sur place, là où ils vivaient. Ainsi, le roi n’a cessé de voyager dans son pays, en particulier dans les régions pauvres et rurales, où, au cours de son règne, il développera des milliers de projets.

 

Le point remarquable n’est pas seulement le fait que Sa Majesté se rendait elle-même sur place – d’autres dirigeants le font – mais la manière dont il y allait, en insistant pour être en contact direct avec la population ­­– qu’ils soient pêcheurs, riziculteurs, planteurs d’hévéas ou écoliers. Quand il rencontrait des responsables locaux, il choisissait ceux de la base — agronomes, enseignants, policiers…

 

Sa Majesté était plus qu’un observateur averti. Être utile signifiait aider à régler les problèmes auxquels on le confrontait et encourager le peuple thaïlandais à faire de même. Il avait un esprit à la fois cinétique, volontaire, créatif – comme cela a été dit – et scientifique. Au cours de sa vie, il a enregistré près de 40 brevets et marques – souvent pour des inventions qu’il a fabriquées, testées, et adaptées –lui-même — et dont la plupart visaient à résoudre les problèmes quotidiens rencontrés par les plus démunis. Ceci est tout à fait extraordinaire.

 

Prenez l’invention qu’il a surnommée « joues de singe », conçue pour faire face aux inondations auxquelles la Thaïlande est régulièrement confrontée. Sa Majesté s’est souvenue étant enfant avoir observé la façon dont les singes stockaient dans leurs joues les bananes mâchées afin de pouvoir les manger plus tard, et a conçu un système de petits réservoirs qui fonctionnaient en utilisant un principe similaire — stocker l’excès d’eau lors de fortes pluies qui pourrait être utilisé plus tard pour l’irrigation. Le système des « joues de singe » est encore utilisé aujourd’hui à travers la Thaïlande. Beaucoup d’inventions du roi correspondent à ce modèle : en associant la conservation au développement humain. Il a été bien en avance sur son temps en comprenant que la conservation de l’environnement était crucial sur le long terme pour le bien être des communautés.

 

« Le don de l’aide est un mérite en soi. »

 

Permettez-moi de conclure. En Juin 1960, Sa Majesté est revenue aux États-Unis à l’invitation du président Dwight Eisenhower. Il a été invité à prononcer un discours devant une session conjointe du Congrès américain. Il n’avait que 32 ans.

 

S’adressant au Congrès, Sa Majesté a dit qu’elle avait accepté l’invitation en partie à cause de ce qu’elle appelait « le désir humain naturel de voir mon lieu de naissance » – Cambridge – où il est retourné pendant ce voyage. Mais il est aussi venu, a-t-il dit, affirmer l’amitié unique et les valeurs partagées entre nos deux pays. Comme il l’a exprimé, « l’amitié d’un gouvernement pour un autre est une chose importante. Mais c’est l’amitié d’un peuple pour un autre qui assure la paix et le progrès. »

 

Sa Majesté a dit aux membres du Congrès américain qu’il y avait une tradition qui comptait plus que toutes les autres aux yeux du peuple thaïlandais : l’engagement envers la famille. « On attend des membres d’une même famille qu’ils s’entraident les uns les autres chaque fois qu’il y a un besoin d’assistance, a-t-il continué. Le don de l’aide est un mérite en soi. Le donneur n’attend pas des autres qu’ils lui chantent des louanges tous les jours ; il n’attend rien en retour. Le receveur est néanmoins reconnaissant. Lui aussi, à son tour, respectera ses obligations. »

 

Le roi parlait des obligations et de la générosité entre les membres des familles thaïlandaises. Mais rétrospectivement, ses paroles peuvent aussi facilement être appliquées à la façon dont il menait sa vie. Une vie de toujours chercher des façons d’être utile à ceux qui en ont besoin. Une vie de chaque jour à donner aux autres à servir. Non pour gagner les louanges, non pour obtenir quelque chose en retour, mais plutôt parce que c’est ce que chacun fait pour sa famille. Et Sa Majesté considérait tous les Thaïlandais comme faisant partie de sa famille. Quelle chance a eu le peuple thaïlandais d’avoir Sa Majesté en tant que membre de sa famille. Et quelle chance avons-nous de pouvoir apprendre de la façon dont ce roi remarquable avait choisi de vivre sa vie. Merci.

 

Traduit de l’anglais par Wantanee Trirath

 

Discours (en anglais) sur ce lien.

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