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THAÏLANDE – POLITIQUE: Le défi colossal du «Progressive Movement», laboratoire de l’opposition en temps de crise Covid 19

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 30/03/2020
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Gavroche continue de fournir à ses lecteurs des analyses sur la situation politique en Thaïlande et dans les pays riverains. Il ne s’agit pas d’entretenir la polémique ni de miner les mesures prises par le gouvernement thaïlandais pour lutter contre la pandémie de coronavirus-Covid 19. Il s’agit, au-delà de cette crise, de s’interroger sur l’avenir du royaume et sur la sortie de crise qui, heureusement, viendra. Le «progressive movement» tout juste crée par l’ex leader du parti de l’avenir Thanathorn Juangroongruangkit sera un acteur déterminant. Une analyse de notre collaborateur Philippe Bergues.

 

Une contribution de Philippe Bergues

 

Dans le contexte de la crise du coronavirus, les trois ex-leaders du défunt parti de l’avenir («Future Forward Party»), dissous il y a juste un mois par la Cour constitutionnelle thaïlandaise, ont annoncé officiellement le 21 mars la naissance du « Progressive Movement » lors d’une diffusion en Facebook Live. Cinq jours plus tard, cette vidéo comptabilisait déjà 540 000 vues. En complément, sur les comptes sociaux du mouvement, on peut voir leurs visages portant un masque communicatif avec les expressions « It’s just the beginning » pour Thanathorn Juangroongruangkit, « Do you hear the people sing » pour Piyabutr Saengkanokkul et « If we burn, you burn with us » pour Pannika Wanich. Allusions probantes aux soutiens reçus lors des flashmobs dans les universités et à la gestion jugée sans fil conducteur de la crise du coronavirus par le gouvernement de Prayuth Chan-ocha.

 

Privés de son rôle politique par la Cour constitutionnelle, ce mouvement doit poursuivre « sa feuille de route » selon les propos de Piyabutr, ancien secrétaire général et député du FFP. Ses trois missions sont de « créer un réseau national, répandre leurs idées et appeler à des élections locales à tous les niveaux » a-t-il ajouté avec comme ambition de se battre pour des idéaux démocratiques.

 

Des critiques appuyées contre Prayuth

 

Thanathorn a poursuivi cette conférence numérique en contestant la gestion de la crise du coronavirus par Prayuth, dans lequel, selon ses propos, « les gens ont perdu foi ». Celui-ci fut critiqué pour son manque d’anticipation dans la fermeture des lieux publics (centres commerciaux, restaurants, bars, salons de massage etc…) et a dénoncé l’utilisation de propos discriminatoires et xénophobes de son ministre de la santé Anutin Charnvirakul, opportuniste leader du Bhumjai Thai Party depuis 2012 qui ne cache pas ses ambitions de devenir un jour Premier ministre. Lors d’un discours avant la récente déclaration de l’Etat d’urgence et la fermeture du pays aux étrangers, il avait qualifié les farangs de « sales et sans hygiène » et voulait « les jeter hors de Thaïlande s’ils ne portaient pas des masques ». On l’aura compris: le «progressive movement» entend continuer d’être à la pointe de l’opposition au gouvernement Prayuth.

 

Toujours se battre pour la démocratie

 

L’ancien leader du « Parti de l’Avenir » s’est ensuite attaqué à un volet plus politique en affirmant que les trois corps défendants de l’ordre établi, la Cour Constitutionnelle, la Commission Électorale et le Sénat – dont tous les membres ont été cooptés par la junte et très majoritairement issus des rangs de l’armée -, devaient être dissous. Thanathorn estime qu’une clause juridique pourrait être activée pour une réécriture de la constitution par une assemblée constituante élue.

 

La création du « Progressive Movement », en complément du « Move Forward », l’héritier direct du parti de l’avenir, pilier parlementaire désormais dirigé par Pita Limjaroenrat dont une cinquantaine de députés sont restés fidèles, permettra t-elle les changements radicaux et salutaires voulus par ses fondateurs ? Déjà, son logo, un cercle orange dont une flèche bleue transperce les limites est là pour montrer la volonté d’en finir avec une société bloquée.

 

Philippe Bergues

Diplômé de l’Institut Français de Géopolitique – Paris 8

Professeur de lycée d’histoire-géographie

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