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THAÏLANDE – TOURISME : Chanthaburi, la Cité de la Lune

Journaliste : Rédaction
La source : Gavroche
Date de publication : 05/06/2020
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Nouvelle étape dans nos archives, Chanthaburi ou “Meuang Tchan” (cité de la lune): c’est ici que le futur grand roi Tak-Sin vint s’établir après la chute d’Ayutthaya, en 1767, pour reconstituer l’année qui lui permit de «bouter le Birman» hors du Siam. Le souvenir du grand libérateur est ancré à jamais dans le cœur des autochtones. Plusieurs témoignages attestent que le roi espéra un moment pouvoir faire de cette ville sa capitale, mais il dut choisir Thonburi pour des raisons stratégiques. Les habitants de Chanthaburi ne l’ont pas oublié : ils se donnent le nom de “Luk Phra Chao Tak Sin – les enfants du roi Tak-Sin”, ils le considèrent comme le protecteur de leur sol et le vénèrent comme un demi-dieu. Au centre d’un jardin public qui porte bien évidemment son nom, sur une petite île accessible aux piétons par un pont de bois, s’élève sa glorieuse statue équestre, celle qui figure sur les anciens billets de 20 bahts.

 

Au 19ème siècle, en plus d’accueillir de nombreux immigrants chinois, Chanthaburi a servi de terre d’asile aux milliers de chrétiens vietnamiens fuyant les persécutions et leur communauté y est aujourd’hui florissante. Certains quartiers ont gardé l’empreinte de l’architecture franco-vietnamienne, notamment bien sûr celui de la cathédrale de l’Immaculée Conception, le plus grand édifice catholique de Thaïlande, construite par les français qui occupèrent la région de 1893 à 1908, le temps de se voir rétrocéder par le roi Chulalongkom (Rama V) les provinces cambodgiennes de Battambang, Siem Reap et Sisophon. Ce bâtiment de style gothique est sans doute l’attraction principale pour les touristes occidentaux. C’est un lieu de culte fort bien conservé, entouré de dépendances cossues. Les offices sont célébrés quotidiennement, répondant aux besoins des paroissiens assidus. Il y a même, à quelques dizaines de mètres, une reconstitution grandeur nature de la grotte de Lourdes !

 

Mais Chanthaburi est avant tout réputée pour son marché aux pierres précieuses qui se tient chaque vendredi et samedi – et dans une moindre mesure, le dimanche – attirant des centaines de négociants du monde entier. Les mines voisines de Bo-Rai (qui produisaient principalement rubis et saphirs) ont connu leurs trente glorieuses des années 1960 à 1990, avant d’être épuisées, mais la dynamique étant lancée, la région s’est transformée en centre important de taille des pierres, se spécialisant dans différentes techniques de chauffe et de traitement des gemmes – des recettes aux secrets jalousement gardés. Désormais, les pierres brutes viennent notamment du Cambodge, de Chine, de Birmanie, de Tanzanie, d’Australie, du Sri Lanka et de Madagascar.

 

Selon Jean-Pierre Duval, un lapidaire français qui y achète des rubis pour des clients américains depuis une dizaine d’années, le volume d’affaires traitées chaque week-end représente plusieurs millions de dollars. On y compte 300 à 400 “tables” de négoce (ou “Talat Phloy”), la plupart dans des locaux ouverts et non protégés, voire même installés dans les rues du marché. Les trois-quarts des acheteurs sont des Indiens musulmans venant de Dehli, Jaipur-ou Bangalore, mais on y rencontre aussi des Italiens, des Chinois, des Coréens… Les vendeurs passent de table en table, proposant leurs joyaux en toute simplicité. Mais autres temps, autres mœurs: depuis quelques années, on assiste à l’ouverture de nouveaux lieux d’échange, à l’extérieur de la ville, près des galeries marchandes, avec tout le confort moderne: air conditionné, vastes parkings, atmosphère aseptisée, merchandising ad hoc et prix attractifs. Toujours d’après Jean-Pierre Duval, les États-Unis constituent un débouché très important pour ces pierres, suivis par le Japon et l’Union européenne, mais l’Inde et la Chine gagnent, lentement mais sûrement, des parts de marché.

 

Au niveau national, la province est aussi célèbre pour sa généreuse production de fruits, notamment le durian, roi des fruits tropicaux, ainsi que le ramboutan (“litchi chevelu”) et le mangoustan au goût de framboise. Issues de la riche tradition culinaire sino-vietnamienne, les fameuses nouilles de riz de Chanthaburi sont exportées dans le monde entier. Ses autres spécialités sont les fruits de mer (crevettes, calamars) et différentes variétés de poivre.

 

Cette contrée bénie des dieux abonde en collines verdoyantes, agrémentées de nombreuses chutes d’eau, comme celle du parc national de Phliu, l’un des plus populaires de Thaïlande. A une dizaine de kilomètres à l’est de la ville, c’est une aire de pique-nique idéale, au bord d’un grand bassin propice à la baignade et grouillant de carpes, alimenté par une cascade à trois niveaux. Non loin se trouve un chédi élevé à la mémoire de la première épouse du vénéré roi Chulalongkom, décédée prématurément.

 

Vingt kilomètres au nord de la ville, le parc national de Khao Khitchakut est un lieu de promenade privilégié, avec sa cascade à treize paliers, ses chemins escarpés et son petit lac aux rives sablonneuses. A quelque distance de là, dans le même secteur vallonné, le temple de Khao Sukim, accessible par un funiculaire, est un vaste complexe de chalets et de pavillons dédiés à la méditation, éparpillés à flanc de colline, au milieu d’une végétation des plus luxuriantes. Un des principaux bâtiments abrite, sur quatre niveaux, un musée aux collections aussi hétéroclites que surprenantes, constituées par les offrandes des fidèles: objets religieux, antiquités, articles utilitaires fabriqués en série, mobilier, vaisselle, porcelaines… On peut aussi y admirer une vingtaine de statues de cire représentant les moines bouddhistes parmi les plus révérés en Thailande, ainsi que des peintures murales de Chakrabhand Posayakrit, un artiste national.

 

Cette magnifique région permet de passer du relief à la plaine côtière très rapidement. A trente kilomètres au sud-est de Chanthaburi, le cap Laem Sing est incontournable. A quelques encablures de ce cap, les enfants apprécieront de faire une escale à l’Oasis Sea World, qui est à la fois un dispensaire pour dauphins victimes des filets de pêche et un centre de reproduction et de dressage, avec cinq spectacles par jour Le centre s’occupe particulièrement de deux espèces indigènes menacées d’extinction: les dauphins Irrawaddy et à bosse du Pacifique, des mammifères forts sympathiques qui sont toujours prêts à vous serrer la palme ou à vous faire un bibi mouillé pour quelques sardines gobées en cinq sec. Par le seul fait d’acheter son billet d’entrée, on contribue à la sauvegarde de ces animaux.

 

La prison aux poulets…

 

Plus loin, sur la route qui mène au port de Laem Sing, il faut brièvement s’arrêter pour visiter deux vestiges de la présence française. Il s’agit tout d’abord d’une modeste tour carrée en briques rouges, légèrement penchée et s’enfonçant dans le sol. La toiture a disparu, il n’y a qu’une seule entrée et, en guise de fenêtres, des ouvertures en forme de meurtrières pour la ventilation. Bâtie par les soldats de la IIIe République en 1893 et appelée depuis “Khuk Khi Kai” (la prison aux excréments de poulets!), cette tour aurait été le centre de détention des opposants siamois à l’occupation française. En ce temps-là, le plafond, servant de poulailler, était un simple ouvrage en osier formant un treillis à claire-voie, et les déjections des gallinacés tombaient librement sur les malheureux prisonniers. D’où son nom pour le moins prosaïque.

 

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