Le photographe du lac
Yannick Borit nous reçoit dans son studio photo qui lui sert de bureau, au bout d’un chemin qui traverse les jardins paysagés de l’Inle Princess Resort, l’hôtel qu’il dirige avec Missu, sa femme Inthar. Assis en tailleur à même le sol, un guérisseur lui administre un baume sensé soigner le tour de rein qu’il a attrapé la veille, lors d’une partie de foot avec le personnel de l’hôtel. Les murs sont recouverts de photos de différentes tailles, exposant ses travaux récents. L’une d’elles, panoramique, montre deux têtes sortant des eaux du lac, comme par enchantement…
Devant notre air intrigué, Yannick nous explique que cette photo a été prise sans trucage. Le personnage de gauche, au sourire malicieux, n’est autre que le jardinier de l’hôtel. Plusieurs jours de préparation ont été nécessaires pour réaliser une telle prise de vue. Un travail artistique faisant partie d’une série de clichés qui seront prochainement exposés en Europe.
La photo ? Une des nombreuses activités de Yannick Borit, qui passe la plupart de son temps sur le lac, à s’occuper de l’hôtel. A Missu la gestion des affaires ; à lui la réalisation des nombreux projets qu’ils ont ensemble initiés. Comme le nouveau spa luxueux du resort relié à une source d’eau chaude, conçu et décoré par ses soins. Après un détour à la 214, « là où Mike Jagger a dormi », face au lac, dans une suite spacieuse où le bois est omniprésent, Yannick continue de guider la visite, suivi par son assistante qui ne le quitte pas, opinant à chaque remarque qu’il lui adresse pour faire réparer une porte ou un robinet, repeindre un mur ou déplacer une plante. Le souci du détail guide cet ancien pompier de Paris, « même si, ici, il faut être parfois très patient », précise-t-il sans élaborer… Yannick tient absolument à nous montrer le cellier, sorti lui aussi de son imagination. Il est construit en forme de four géant traditionnel. Les crus sont entreposés dans des interstices des murs en terre cuite. Au milieu, une table dressée, où l’on sert des dîners privés à la bougie, dans une ambiance un peu mystique. Effet garanti. Plus loin, des artisans sculptent des statuettes en bois, d’autres façonnent des poteries qui seront vendues à la boutique de l’hôtel.
La visite du « village » continue par un arrêt à l’enclos des chèvres, qui viennent de rentrer après une journée passée dans les collines voisines. Elles produisent environ cinq à six litres de lait par jour, transformé en fromage pour le besoin des fondues servies au restaurant. Même les légumes proviennent du potager de l’hôtel et sont cultivés uniquement à l’aide de fertiliseurs biologiques, afin d”éviter de déverser des engrais chimiques dans l’eau du lac. Car l’environnement est une préoccupation permanente pour les hôteliers, qui ont conscience de la fragilité de l’écosystème qui les entoure. Faire participer le peuple Inthar à la préservation de son environnement, mais aussi de sa culture, est une valeur essentielle pour Missu, la femme de Yannick. Avec le soutien de sa famille, elle a fait reconstruire et décorer par des artisans locaux une grande maison traditionnelle Inthar en bois, à l’entrée d’un village, afin d’y accueillir… des chats ! Mais pas n’importe quels chats, puisque ce sont les premiers chats birmans de race réintroduits dans le pays où ils avaient complètement disparu. Un restaurant et une librairie y ont par la suite été ajoutés. Et des projets comme celui-là, Missu et Yannick en ont encore plein la tête ! Comme ce livre de photos sur lequel Yannick travaille actuellement, légendés de poèmes écrits par des orphelins.
Inle Princess Resort
Magyizin Village, Inle lake, Shan State
www.inleprincessresort.com
inleprincess@myanmar.com.mm