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INDOCHINE – ÉCRIVAINS: Étienne Tardif, le conteur des mythes coloniaux indochinois

Journaliste : Francois Doré
La source : Le Souvenir Français Thaïlande
Date de publication : 05/01/2020
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Quelle meilleure manière de commencer l’année 2020 que de reprendre, avec passion, la publication des chroniques de notre ami François Doré sur les écrivains de l’Indochine ? A la tête de la Librairie du Siam et des colonies, que nous vous recommandons chaudement de visiter, François est un monument de connaissance sur le passé historique de la région, et sur ses arcanes littéraires. Gavroche se délecte déjà des prochaines chroniques de «l’oncle» François.

 

Une chronique de François Doré, Librairie du Siam et des Colonies

 

La discussion ici en Thaïlande est amusante : doit-on dire l’Année du Rat ou l’Année de la Souris ? Celle-ci étant quand même plus sympathique que celui-là ! Hélas en langue thaïlandaise, le mot utilisé est le même, quelle que soit la taille du rongeur.

 

Mais pour nous, bibliomaniaques, la discussion de ce début d’année est plus sérieuse.
Nous avons été profondément choqués par l’assimilation faite, au plus haut niveau de l’État, de la Colonisation, à un Crime contre l’Humanité ( en référence à une déclaration du candidat Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle de 2017).

 

Pour essayer de faire comprendre la réalité historique de ce sujet à travers la littérature, nous avons choisi de vous présenter en une suite de trois tableaux, l’œuvre littéraire du Docteur Étienne Tardif. (Membre de l’Académie du Var, Grand Prix Littéraire de l’ A.E.F (1951), Lauréat de l’Académie Française (1955), Officier de la Légion d’Honneur (1925), Médecin Lieutenant-Colonel des troupes coloniales.

 

Médecin colonial ayant consacré toute sa carrière à la grande œuvre médicale en Indochine puis en Afrique Noire, il a su raconter en une dizaine d’ouvrages, le sacrifice de ces médecins, dévoués au service du «fardeau de l’homme Blanc» de Rudyard Kipling, qui est de transmettre son savoir et sa science à des peuples qui ne les ont pas.

 

Si le romancier nous livre des histoires toujours plaisantes et heureuses, derrière chacune l’on retrouve la vérité du médecin, la gravité de sa mission et sa dévotion à la grande œuvre.

 

Nous sommes heureux de vous présenter à toutes et à tous, tous nos vœux de Bonheur, Santé et Réussite pour cette Nouvelle Année 2020.

 

Alors, Rat ou Souris ?

 

Joyeuse lecture !

 

Le Libraire de Sukhumvit.

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Attention ! ne nous méprenons pas. Malgré son titre accrocheur, «Amours tonkinoises», le joli livre du Docteur Étienne Tardif ne dépeint pas la ribambelle de ses amours locales. Mais au contraire, et c’est ce qui n’est pas courant dans notre littérature coloniale, ce sont les amours de la petite population occidentale hanoïenne du début du XXème siècle qui font le sujet de ce roman, paru en 1947 chez un petit éditeur de Vienne dans l’Isère. Tout y est et ce ne sont que tromperies, coucheries, cocufiages, maîtresses et amants, grossesses adultérines, avortements clandestins et bien sûr, le tout parsemé de joyeuses séances de fumeries.

 

Le docteur Tardif est né à Vienne en 1875 et est sorti diplômé de l’Ecole de Médecine Coloniale de Bordeaux en 1898. Commencera alors pour lui une très longue carrière de ces courageux médecins, portant sur leurs épaules ce «fardeau de l’homme blanc», c’est à dire leur obligation morale de faire profiter les populations indigènes, démunies devant la maladie, de tout le savoir de la science occidentale. Dès 1899 ce sera la départ pour l’Indochine.

 

Naissance de Dalat

 

Il participera à la Mission du Lang Bian, qui donnera naissance au site de Dalat. Puis la Haute Région, Hanoï et enfin le Cambodge et Kampot. Après un retour en Métropole en 1906, c’est en Afrique de l’Ouest qu’il continuera sa belle croisade en essayant de venir en aide aux plus défavorisés de notre planète. Fin observateur de toutes ces humanités que ses missions lui auront permis de rencontrer, c’est avec toujours beaucoup d’humour qu’il fera partager ses aventures avec ses lecteurs à travers une dizaine de romans et de récits, tous malheureusement bien oubliés aujourd’hui.

 

Vie dissolue

 

Si la vie dissolue de nos compatriotes dans ce Hanoï remplit la plupart des pages de ce second roman de l’auteur, l’autre volet du livre, son expérience de tout jeune médecin à l’hôpital militaire, est passionnante : les tours de garde, les nuits passées aux chevets des moribonds, cette lutte quotidienne contre la peste et même les accouchements non-prévus, tout ce qui compose la mission du médecin colonial. Et comme le signale l’auteur, les médecins jouissent d’une sympathie bien naturelle : on a si souvent besoin d’eux : «ils détiennent la quinine… mais aussi le certificat de rapatriement avec convalescence…»

 

Les souvenirs d’un ancien

 

Le roman est bâti sur le principe bien connu des souvenirs d’un ancien retrouvés dans une vieille malle au fond d’un grenier. Et le Dr Tardif se transforme donc en docteur Dupuis et nous raconte le Hanoï du début du XXème siècle. C’est l’histoire d’une amitié masculine qui va naître le soir où le fier Alain Berthier se rend à l’hôpital où Guillaume Dupuis est de garde. Il faut lui recoudre la lèvre supérieure ; il ne s’agit que d’un accident de pousse. C’est du moins ce qu’il prétend mais l’on apprendra plus tard qu’il a été blessé par un marteau lancé par sa maîtresse de seconde main, la belle Lola. La blonde vaporeuse Sylvie, qui vient d’enterrer son mari, devenue la maîtresse encombrante de Dupuis, la gracieuse Mathilde qui ne sort plus qu’avec Berthier, lui qui ne rêve que d’en découdre avec son rival, le jeune Giran-Trabé, l’amant de Lola ; tous et toutes sont entraînés dans une ronde funeste, qui finira très mal…

 

Un roman d’aventures

 

Le deuxième roman, «Le Bracelet de Jade» paru en 1947, est présenté comme un roman d’aventures. Tous les ingrédients en sont présents : là-bas dans le Haut Tonkin, le jeune lieutenant de la Joncheraie, devenu roi des Lolos et détenteur de leur immense trésor a été tué au cours d’une rébellion. Seule sa fille Clotilde a pu échapper au massacre. Seul Me Maleteste, notaire à Hanoï est au courant de l’affaire. Le roi des Lolos l’avait chargé de défendre les intérêts de sa fille, en cas de malheur. C’est donc à deux amis, Philippe et Pierre qu’il confie le sort de la jeune Clotilde. C’est elle qui possède le bracelet de jade qui porte l’inscription qui permettra de découvrir le trésor. Mais voilà qu’au cours d’un bal masqué, un mystérieux travesti vêtu d’un domino gris, frappe de sa canne le bracelet de la jeu ne fille et s’empare de deux des morceaux du bracelet brisé.. S’en suivra alors une course à travers les mers puis le Tonkin, pour savoir qui arrivera le premier au trésor. Mais c’est alors qu’apparaîtra une mystérieuse jeune fille, sosie de Clotilde, mais aussi blonde que la première est brune…

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