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INDOCHINE – ÉCRIVAINS: Jean Ricquebourg – La terre du Dragon

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 07/03/2020
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Voici venue l’heure d’une nouvelle chronique littéraire indochinoise de notre ami François Doré. A la tête de la Librairie du Siam et des colonies, que nous vous recommandons chaudement de visiter, François est un monument de connaissance sur le passé historique de la région, et sur ses arcanes littéraires. Nous explorons avec lui des pages anciennes et des écrivains oubliés. Gavroche est sa maison. Joyeuse lecture !

 

Une chronique de François Doré, librairie du Siam et des colonies

 

Jean Ricquebourg naît le 9 mars 1868 à Saint Denis de la Réunion. Après ses études, il rejoint l’Indochine dès 1887 ; il a dix-neuf ans et y entame une carrière de fonctionnaire des douanes. Si l’Ile des Poètes le revendique comme un de ses enfants célèbres, l’œuvre littéraire de Ricquebourg sera principalement indochinoise, comme le salue Marius Leblond : « L’Afrique et l’Asie se partagent la Réunion : lui s’est tourné vers l’Asie, l’humble pittoresque de sa frémissante vie et le grandiose de ses philosophies ». Ricquebourg va écrire entre 1900 et 1912, cinq beaux recueils de vers et sa seule œuvre en prose, La terre du Dragon, sera publiée en 1917.

 

Composée de sept chapitres, l’auteur lui-même, dans sa préface, prévient le lecteur que le but de cette œuvre est de présenter une synthèse de l’Annam traditionaliste, et « d’y faire tenir les traditions, les croyances et les superstitions, les mœurs, l’âme elle-même de la race annamite ». Un long voyage va nous mener à travers le vieil Annam autour de Hué et des Montagnes de Marbre.

 

Deux nouvelles se détachent de l’ensemble : dans la fable Tri le menuisier, Ricquebourg va décrire l’opium maudit et les déchéances et les misères qu’il faut imputer à ce funeste poison. Tri n’en viendra-t-il pas à perdre son travail, à délaisser son amour du bois pour celui de la fumée noire. Il sacrifiera tout ce qu’il possède pour assouvir son vice. Il ira même jusqu’à vendre sa femme et sa fille à des pirates chinois venus dans la rade pour y faire provision de volailles, de porcs et de poissons salés, mais aussi de ces filles et femmes annamites, toujours d’un bon rapport une fois livrées à leur retour en Chine au sadisme de leurs compatriotes. Tri connaîtra une fin atroce, anéanti par la drogue sur son matelas de fumeur. Enfin, la très belle nouvelle Le Bonze présente l’histoire extraordinaire de Sat, jeune homme qui s’est réfugié dans la Haute Région du Tonkin, terrorisé par un songe qui lui promettait la destruction de son Annam.

 

Un jour, il rencontre dans ses montagnes « un homme à peau blanche, à barbe rousse, vêtu de blanc, portant galons, coiffé d’un casque ». C’était là sa première rencontre avec ces Français qui avaient, dit-on, occupé son Annam. Hélas ! C’était aussi la rencontre d’un Orient superstitieux avec un Occident émancipé et conquérant, qui allait amener Sat à sa triste fin…

 

François Doré. Librairie du Siam et des Colonies.

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