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CAMBODGE – FRANCE : André Gattolin, un sénateur français engagé aux cotés des Cambodgiens

Date de publication : 12/06/2023
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Le Cambodge au sénat français

 

Le sénateur français André Gattolin (Hauts de Seine) a organisé samedi 3 juin un colloque sur la situation politique et géopolitique du Cambodge. Pour Gavroche, il revient en exclusivité sur cette initiative.

 

. Pourquoi avoir organisé cette table ronde sur le Cambodge ?

 

D’abord parce qu’on connait très peu le Cambodge actuel en France en dépit d’une longue histoire commune et de la présence d’une importante communauté d’origine khmère sur notre territoire. Lorsque j’ai cherché des spécialistes pour intervenir dans ce colloque, je me suis rendu compte qu’en dehors des archéologues et des anthropologues, peu nombreux étaient les universitaires qui travaillaient sur ce pays au cœur d’enjeux géopolitiques pourtant très importants. Comme le Laos et d’autres pays de la région, le Cambodge est depuis 10 ans en proie à tous les niveaux à une sinisation croissante, au point de pouvoir parler, comme le fait le géographe Emmanuel Véron, d’une véritable vassalisation du pays par Pékin. Cette vassalisation de plus en plus avérée met désormais en cause la souveraineté du Cambodge pourtant réaffirmée haut et fort lors les Accords internationaux de Paris de 1991. Depuis six ans, le processus de démocratisation du pays n’est pas seulement enrayé, mais on assiste purement et simplement à la mise en place d’un régime despotique et népotiste de la part du Premier ministre Hun Sen, de sa famille et de ses proches.

 

. Peut-on déjà dire que les législatives du 23 juillet au Cambodge seront manipulées et contrôlées ?

 

Oui, ces élections comme celles de 2018, prennent l’allure d’une triste farce démocratique. Le principal parti d’opposition, le tout jeune Parti de la chandelle, vient d’être interdit de concourir ; la répression s’abat sur les opposants et sur toute la société civile ; les derniers médias indépendants qui subsistaient ont été fermés comme le rappelle très justement Daniel Bastard, le directeur Asie-Pacifique de Reporters Sans Frontières. Dans ce contexte, et comme le suggère dans un rapport récent quinze experts travaillant pour les Nations Unies, les autorités internationales et les parlementaires doivent refuser de se prêter à une mascarade qui consisterait à aller observer des élections dont on sait déjà qu’elles seront tout sauf libres et équitables. Pour Hun Sen, les élections du 23 juillet ne sont qu’une formalité qui lui permettra de transmettre son pouvoir autocratique à son fils Hun Manet, commandant de l’Armée royale cambodgienne.

 

. Pensez-vous que la France et l’Union européenne devraient se montrer plus sévère envers ce pays ?

 

La politique de la France et de l’Union européenne à l’endroit du régime cambodgien est indigente, car fondée sur une analyse erronée de la situation et de la réalité géostratégique de la région et du Cambodge en particulier. Nous tançons gentiment et à bas bruit les exactions commises par Hun Sen à l’encontre des droits de l’Homme tout en ouvrant la porte à une coopération accrue. Nous omettons systématiquement de rappeler les engagements pris par le pays lors des Accords de Paris en 1991 dont la France reste le parrain avec l’Indonésie. Nous laissons la Chine installer une base stratégique à Ream près de Sihanoukville qui lui permettra demain de rayonner dans tout le Golfe de Thaïlande. Avec l’Union européenne, nous nous gargarisons de disposer d’une vision large de la région à travers une « stratégie indopacifique » et d’une politique de rapprochement avec l’ASEAN. Mais l’une et l’autre sont assez rhétoriques, floues et souvent incohérentes au regard des politiques que nous conduisons dans la région. L’Union européenne, inquiète de la montée de la Chine et la dépendance de ses chaînes d’approvisionnement à l’égard de celle-ci, espère retrouver des marges de manœuvre en s’appuyant davantage sur les économies émergentes du Sud-est asiatique dont celle du Cambodge. C’est une vision purement théorique et entachée de nombreuses erreurs d’appréciation dont celle de vouloir devenir moins dépendants de la Chine en s’appuyant sur les pays périphériques d’ores et déjà totalement vassalisés par Pékin !

 

C’est à ces questions qui dérangent j’ai choisi de consacrer ce colloque, pour donner des éclairages factuels et crus afin de mieux orienter notre politique dans la région et vis-à-vis du Cambodge en particulier.

 

 Retrouvez ici la vidéo du colloque sur le Cambodge organisé au Sénat.

 

1 COMMENTAIRE

  1. Cette vidéo est de l’autosatisfaction. La communauté européenne avec certains pays doit fermer le robinet d’argent et plus aucun accord ou coopération avec une dictature. Ce n’est pas le peuple khmer qui profite des euros pour faire des affaires mais toute la clique de corrompus.

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