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ASIE – GEOPOLITIQUE : Le forum Asie-Pacifique sur le développement durable

Date de publication : 04/03/2024
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Cesap

 

Une chronique géopolitique de Ioan Voicu, ancien Ambassadeur de Roumanie en Thaïlande.

 

La Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), la plus grande commission régionale au monde (62 membres et membres associés), a accueilli à Bangkok du 20 au 23 février le 11e Forum Asie-Pacifique sur le développement durable. Cet événement diplomatique multilatéral n’a pas été médiatisé par les grands médias. Les lecteurs de Gavroche méritent d’être informés des principaux sujets débattus lors de ce Forum.

 

Questions cardinales

 

Ce Forum diplomatique a réuni un large éventail d’acteurs clés du développement, notamment de hauts responsables du gouvernement et de l’ONU, ainsi que du secteur privé et des représentants de la jeunesse et de la société civile, pour partager leurs expériences afin de mobiliser plus énergiquement une action régionale et de trouver des solutions appropriées.

 

Le point de départ n’est pas encourageant. On estime de manière réaliste qu’au rythme actuel, la région Asie-Pacifique a 32 ans de retard dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies. Les contraintes budgétaires, les coûts d’emprunt élevés et le fardeau de la dette jettent encore plus d’ombres : près de la moitié des pays à faible revenu de la région Asie-Pacifique sont confrontés à un risque élevé de surendettement.

 

Cependant, un ton optimiste s’est dégagé de la déclaration d’Armida Salsiah Alisjahbana, Secrétaire générale adjointe de l’ONU et Secrétaire exécutive de la CESAP.

 

Selon elle, « même si les défis à venir sont formidables, la transition que nous envisageons ouvre de vastes perspectives. Nous pouvons annoncer une ère de prospérité durable si nous choisissons d’agir de manière décisive et collaborative ». Elle a en outre souligné six points d’entrée pour des actions transformatrices : les systèmes alimentaires ; l’accès et l’abordabilité de l’énergie ; connectivité numérique; éducation; emploi et protection sociale; et le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution – pour amplifier les efforts dans le cadre de plusieurs ODD.

 

Une autre intervenante importante, Paula Narvaéz, présidente du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), a déclaré : « Les données nous indiquent qu’au rythme actuel de mise en œuvre, la région manquera 90 pour cent des 118 cibles mesurables des ODD d’ici 2030. » Cependant, la même intervenante a rappelé en outre que « Malgré ces tendances, nous savons qu’il existe de l’énergie et du potentiel pour que les pays de la région Asie-Pacifique s’appuient sur leur innovation éprouvée pour intensifier leur action. La région a des leçons à partager dans tous les ODD, y compris les politiques de réduction des risques de catastrophe, l’adoption des technologies numériques et la coopération commerciale et économique régionale.

 

Une véritable déclaration programmatique a été prononcée par la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed. Selon elle, « l’Asie-Pacifique est une région dynamique et diversifiée qui est un moteur de la croissance économique mondiale depuis le début du siècle. Pourtant, la région et notre monde sont confrontés à des défis complexes : une crise du coût de la vie – due à la pandémie de COVID-19 et à de multiples conflits ; une triple crise planétaire – avec 85 pour cent de la population de la région Asie-Pacifique risquant d’être davantage exposée à des risques climatiques; les tensions géopolitiques, les conflits et l’instabilité qui ont provoqué des déplacements et des souffrances humaines indicibles ».

 

De la part de la communauté diplomatique, la déclaration la plus significative a été faite par Parnpree Bahiddha-Nukara, vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de Thaïlande, qui a dit entre autres : « Le développement durable concerne la société, les peuples et la planète. Ces éléments fondamentaux doivent être abordés de manière équilibrée et inclusive. Le statu quo ne peut plus être la voie à suivre. Des mentalités et des actions transformatrices de notre part sont nécessaires de toute urgence si nous voulons tenir la promesse de ne laisser personne de côté ».

 

D’autres participants ont souligné la nécessité d’améliorer la vie des communautés de base de la région, qui se trouvent désormais à un niveau critique. Il est nécessaire de s’attaquer aux causes structurelles de la pauvreté persistante et des inégalités croissantes, et de repenser le développement comme un processus organisé et dirigé par les populations.

 

Des références ont été faites à l’engagement significatif des jeunes dans les processus de développement. Les représentants de la jeunesse ont appelé à un espace civique dédié et durable pour les jeunes aux niveaux local et national, connecté de manière cohérente au niveau régional.

 

Lors du Forum de Bangkok, la CESAP, la Banque asiatique de développement et le Programme des Nations Unies pour le développement ont lancé conjointement le Rapport 2024 du Partenariat Asie-Pacifique sur les ODD, intitulé cette année « Les populations et la planète : relever les défis interdépendants du changement climatique, de la pauvreté et de la faim en Asie et dans le Pacifique ».

 

Ce rapport note en particulier que des aléas climatiques plus fréquents et plus graves entraîneront une réduction de la productivité agricole et du travail, une perte des moyens de subsistance et des déplacements humains. Ces facteurs mettent à rude épreuve les systèmes socio-économiques et environnementaux et entravent les efforts visant à promouvoir la sécurité alimentaire et à réduire la pauvreté, en particulier pour les pays les plus pauvres et les communautés vulnérables.

 

Conclusion

 

Il est utile de savoir que depuis 2014 la CESAP offre une plate-forme annuelle et inclusive permettant aux pays de partager les meilleures pratiques régionales et les enseignements tirés, de soutenir la présentation de leurs examens nationaux volontaires et d’évaluer les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies.

 

Les résultats de ces réunions alimenteront le Forum politique mondial de haut niveau en juillet sur le développement durable et le Sommet de l’Avenir, qui se tiendra en septembre à New York. La CESAP et l’ASEAN devraient apporter une contribution précieuse à la préparation et au bilan positif de ces grands événements diplomatiques multilatéraux.

 

Ioan Voicu

 

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