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BIRMANIE EXPRESS – ACTUALITÉS : Que retenir de l’actualité birmane du 4 au 10 décembre

Journaliste : Gavroche
La source : Gavroche
Date de publication : 12/12/2023
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Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.

 

Politique, Diplomatie

 

Une annonce faite par la junte birmane encourage les soldats ayant déserté ou s’étant absentés sans permission à retourner dans leurs casernes. Dans son communiqué, la junte affirme que les soldats qui reviendront seront exonérés de tout crime mineur qu’ils auraient pu commettre. Depuis l’année dernière, le régime a dressé des listes de déserteurs et envoyé des avis à leur domicile, leur ordonnant de reprendre leur service sous peine de sanction. Il a également rappelé des anciens combattants, menaçant de suspendre leurs pensions s’ils ne revenaient pas. Le gouvernement civil d’unité nationale (NUG) a déclaré que plus de 20 000 soldats et policiers avaient rejoint le mouvement de désobéissance civile au cours des deux dernières années.

 

Alors que l’armée est en retraite sur de multiples fronts en Birmanie, le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a accusé les organisations armées ethniques (EAO) du pays d’être responsables des souffrances de la population civile dans les zones de conflit. Le chef de la junte a accusé le groupe armé de l’ethnie Rakhine, l’Armée de l’Arakan (AA), de saper la stabilité dans l’État Rakhine “en développement”, et a rendu le Parti national progressiste karenni (KNPP) responsable de la destruction de nombreuses maisons et bâtiments dans la capitale de l’État Karenni (Kayah), Loikaw, au cours des combats qui s’y déroulent actuellement. Min Aung Hlaing a toutefois averti que l’armée birmane n’accepterait aucune action qui risquerait d’entraîner l’éclatement de l’Union ou de nuire aux “trois principales causes nationales”, en référence à l’idéologie politique tripartite de l’armée : non-désintégration de l’Union, non-désintégration de la solidarité nationale et perpétuation de la souveraineté.

 

Le conseiller à la sécurité du régime birman et le secrétaire du conseil de sécurité russe se sont rencontrés mardi 5 décembre. Les médias birman, contrôlés par la junte, ont rapporté que les deux parties ont discuté de la coopération militaire bilatérale, de la coopération militaro-technique, de la sécurité internationale de l’information, de l’interaction entre les organisations chargées de l’application de la loi, de la coopération sectorielle et du partenariat stratégique de coopération entre les deux pays. Un site d’information de la junte a indiqué que le général de corps d’armée Yar Pyae et Patrushev avaient signé un protocole d’accord sur la coopération entre la Birmanie et la Russie et que le ministre des transports et des communications de l’Union du régime, le général Mya Tun Oo, avait également signé avec le secrétaire d’État un protocole d’accord sur la coopération en matière de sécurité de l’information. Les consultations de la junte et la signature de protocoles d’accord avec la Russie, l’un de ses principaux vendeurs d’armes, interviennent alors que le régime birman subit des pertes croissantes à la suite des offensives menées avec succès par les groupes armés ethniques et leurs forces de résistance alliées dans tout le pays, qui ont débuté à la fin du mois d’octobre.

 

Lorsque le ministre des affaires étrangères de la junte, Than Swe, a rencontré son homologue chinois à Pékin le 7 décembre, il a demandé à la Chine d’user de son influence. Than Swe s’est entretenu directement avec Wang Yi mercredi 6 décembre, après son arrivée à Pékin pour assister à la réunion des ministres des affaires étrangères de la coopération Lancang-Mékong jeudi 8 décembre. Les médias du régime ont rapporté que les deux hommes ont discuté de l’accélération de la construction du port en eau profonde de Kyaukphyu dans l’État de Rakhine, dans l’ouest de la Birmanie, et de la construction d’une voie ferrée reliant Rakhine à la province du Yunnan via la deuxième plus grande ville birmane, Mandalay. Ces deux projets s’inscrivent dans le cadre de l’initiative chinoise “la Ceinture et la Route”. Les deux hommes ont également discuté de l’intensification de la lutte contre la drogue, la traite des êtres humains et les escroqueries en ligne, ainsi que de la coopération dans le secteur de l’électricité.

 

Économie

 

Le 5 décembre 2023, la banque centrale birmane (CBM) a publié une directive indiquant qu’elle supprimait le contrôle des changes pour les achats et ventes de devises, qui pourront donc être librement échangées aux taux du marché par les banques agréées. Toutefois, le comité de surveillance des changes (Foreign Exchange Supervisory Committee-FESC) continuera d’exercer un contrôle sur le transfert de devises de la Birmanie vers l’étranger. Cette mesure de libéralisation semble néanmoins partielle, ne s’appliquant pas à la totalité des exportations. Ainsi, d’après une autre directive de la CBM, 35% des exportations devront encore être converties au taux administré, les 65% pouvant être échangés au taux du marché.

 

Malgré l’appel lancé par la junte aux habitants de Rangoun pour qu’ils s’abstiennent d’acheter du carburant dans la panique, l’essence et le diesel se vendent désormais sur le marché noir à un prix deux fois supérieur à celui pratiqué par les stations-service, alors que les files de véhicules en attente de carburant se sont allongées dans les grandes villes birmane cette semaine. Dans toute la Birmanie, les citoyens sont confrontés à des pénuries de carburant de plus en plus graves, car le régime n’est plus en mesure de vendre les dollars américains dont les importateurs ont besoin pour acheter du carburant. Les files de voitures devant les stations-services s’allongent dans les grandes villes comme Rangoun, Mandalay et la capitale, Naypyitaw, alors que les habitants attendent des heures pour faire rouler leur voiture. Le régime n’a plus de dollars américains à vendre aux importateurs d’essence et de diesel depuis le 1er décembre, selon certaines sources.

 

Société/Répression/Conflit

 

Alors que son armée a été durement touchée par les attaques de drones de la résistance au cours du mois dernier, le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a averti la semaine dernière les nouveaux diplômés de l’Académie des services de défense qu’ils devaient se préparer à la guerre et aux stratégies militaires du XXIe siècle. Il est inhabituel pour l’armée de Birmanie de divulguer les pertes ou les défaites subies lors d’une bataille. Min Aung Hlaing a toutefois admis à deux reprises au moins que les attaques de drones faisaient payer un lourd tribut à ses troupes dans le nord de l’État de Shan. Lors de la réunion d’urgence du Conseil national de défense et de sécurité du 8 novembre, le chef du régime a déploré que les positions de la junte dans le nord de l’État Shan soient bombardées par des drones fabriqués en Chine et facilement achetés en Birmanie. Lors de la réunion du 29 novembre, il a affirmé que les organisations armées ethniques avaient utilisé des drones de haute technologie pour larguer plus de 25 000 bombes, avec l’aide d’experts étrangers en matière de drones. Les attaques de drones de la résistance se sont intensifiées non seulement dans le nord de l’État de Shan, mais aussi dans les États de Kayah, Karen et Chin. Ils ont été déployés pour la première fois par des groupes anti-régime au milieu de l’année 2022, mais sont devenus depuis plus précis et plus meurtriers.

 

Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a décerné le 8 décembre des médailles pour actes de bravoure à des soldats de la junte, dont deux colonels tués lors de l’offensive nationale de la résistance, à des policiers, à des agents du service correctionnel et à d’autres employés du gouvernement. Au total, 147 personnes ont été récompensées. Min Aung Hlaing, qui est principalement resté à l’intérieur du centre névralgique de la junte, Naypyitaw, depuis le lancement de l’opération 1027 à la fin du mois d’octobre, a déclaré que les médailles étaient décernées à ceux qui avaient fait preuve d’une excellente performance dans les tâches de défense et de sécurité. La remise des médailles a été largement considérée comme une tentative de remonter le moral des soldats de la junte après que plus de 20 villes et plus de 300 avant-postes soient tombés aux mains de la résistance en un peu plus d’un mois depuis le lancement de l’opération 1027.

 

Selon l’Union nationale karen (KNU), environ 70 000 habitants de la première ville prise par les forces de la résistance dans la région de Bago ont fui leurs maisons alors que les frappes aériennes du régime visent des zones civiles. La ville de Mone a été prise lundi 4 decembre après que l’armée de libération nationale karen (KNLA) de la KNU et les forces de défense populaires (PDF) locales ont attaqué les bataillons d’infanterie légère 590 et 599 de la junte ainsi que le poste de police central. Dix-neuf soldats de la junte et 42 membres de leur famille se sont rendus, tandis que les forces de la résistance ont saisi une importante cache d’armes. En réponse, le régime a lancé des frappes aériennes et des tirs d’artillerie sur des zones civiles, détruisant une église et des maisons dans le village de Yay Lae. Des milliers de civils de 85 villages ont rapidement fui leurs maisons et ont un besoin urgent de nourriture, de matériaux pour les abris, de couvertures et de médicaments, a déclaré la KNU.

 

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