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BIRMANIE – SOCIETE: La bataille du bétel

Journaliste : Guy Lubeigt
La source : Gavroche
Date de publication : 11/01/2019
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Chiquer la noix de bétel reste l’activité favorite de nombreux birmans. Problème: cette habitude ancestrale est désormais pointée du doigt par les autorités sanitaires, en raison du caractère cancérigène du bétel. Une révolution pour la Birmanie, que nous raconte avec humour et force détails notre spécialiste du pays, Guy Lubeigt

 

Selon l’OMS, le bétel est cancérigène.

 

Problème : beaucoup de birmans continuent de le chiquer.

 

Une fondation liée au ministère de la santé se mobilise.

 

Selon une étude du bureau régional de l’Organisation Mondiale de la Santé, basé à New Delhi, l’apparition des cancers de la bouche en Asie est liée à la consommation du bétel.

 

Mais pas facile de se débarrasser d’une habitude chez les conservateurs birmans.

 

La plus emblématique de ces habitudes est sans aucun doute la chique de bétel (kun-ya).

 

Elle est aussi profondément ancrée dans l’histoire et les habitudes birmanes que la salive entre les mâchoires des consommateurs.

 

Puisqu’il faut agir, le ministère des Sports et de la Santé de Birmanie, épaulé par une organisation non gouvernementale – la Fondation Populaire pour la Santé – a lancé sur Facebook, une campagne de six semaines appuyée sur un slogan : #StopBetelMyanmar (StopBételBirmanie).

 

Or rien n’a vraiment bougé. En tout cas, pour le moment…

 

Traditionnellement, les rois birmans chiquaient le bétel.

 

Le crachoir à bétel doré, décoré de figures traditionnelles était d’ailleurs un objet régalien que seuls les rois pouvaient posséder.

 

Les rois ont disparu, mais les invités de la maison se voient toujours offrir une chique de bétel.

 

Comme le fromage chez les Français ou le thé chez les britanniques, la chique de bétel est omniprésente chez les Birmans.

 

Plus rare chez la gent féminine.

 

Mais il y a une grande différence entre les deux mâchages : les Birmans, qui réduisent la chique en bouillie, recrachent allégrement le résultat de leur masticage. D’où, pour les non habitués, quelques hauts le cœur au passage…

 

Permanente pour certains, cette activité, conduit les utilisateurs à se débarrasser régulièrement du jus de chique rougeâtre qui encombre leurs bouches, quel que soit l’endroit où ils se trouvent.

 

En milieu rural, pas de problème : routes, pistes, sentiers et buissons sont les déversoirs privilégiés.

 

Le jus de chique disparaît dans le paysage.

 

Du jus de chique dans le paysage

 

Il n’en va pas de même en milieu urbain.

 

Les crachats de jus de bétel rougeâtre décorent les routes (il suffit au conducteur d’un véhicule de baisser sa fenêtre ou ouvrir sa portière pour expulser les excédents), les trottoirs, les murs, les cages d’escaliers, les parapets des ponts, les troncs d’arbres qui bordent les rues, et même les allées des cinémas…

 

Entre les étages des grands hôpitaux, certains utilisateurs, plus adroits que d’autres, lancent de longues giclées de jus de chique dans les bacs en bois aimablement disposés à leur intention.

 

Un problème bactériologique se pose quand le contenu de ces récipients atteint le double de leur hauteur initiale… !

 

Les connaisseurs ont leur préférences, ainsi les feuilles de bétel les plus recherchées sont produites à Pantanaw (delta) car elles sont plus douces.

 

La chique, complétée par une addition de tabac, est enveloppée dans une tendre la feuille de bétel. Tout est fait pour attirer les chiqueurs.

 

A Rangoun les marques les plus connues sont «92» et «Queen» tandis que les variétés locales sont nommées en fonction de leurs apparences : «yellow» ou «black».

 

Les chiques se vendent par paquets de cinq.

 

Les prix sont modestes (200 kyats), mais les vendeurs gagnent aux environs de 50.000 kyats par jour (45 à 50 euros).

 

Voire plus.

 

La clientèle la plus fidèle est celle des travailleurs journaliers et des chauffeurs de taxi.

 

L’addition de tabac dans les chiques (à l’origine composées de noix d’arec et d’une pincée de poudre de chaux) a donné naissance à de solides préférences régionales.

 

Les chiqueurs de Birmanie centrale (où poussent les plants de tabac) préfèrent le tabac jaune.

 

Au contraire ceux de la région de Moulmein restent fidèles au tabac noir.

 

Les birmanes de Rangoun se sont mises à chiquer mais elles refusent le tabac dans leurs chiques.

 

Sans doute l’influence de l’écologie ou parce que c’est plus chic.

 

Quant aux birmans d’ascendance indienne, ils continuent à préférer un tabac rouge importé d’Inde…

 

L’OMS vient de révéler que, depuis 2014, le nombre des consommateurs de bétel a augmenté en Birmanie: 62,2% chez les hommes et 24% chez les femmes.

 

Ces chiffres n’étaient respectivement que 51.4% et 16%, en 2009…

 

Lire la suite dans notre magazine….

 

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