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GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL : Srettha Thavisin, un premier ministre aux alliés encombrants

Date de publication : 22/08/2023
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Srettha Thavisin

 

C’est donc fait. Le magnat de l’immobilier thaïlandais Srettha Thavisin est le 30ᵉ premier ministre du royaume de Thaïlande. Sa nomination, acquise ce mardi 22 août au parlement par 482 voix (il lui en fallait 374) vient de mettre fin à la crise politique engendrée par les législatives du 14 mai.

 

La future coalition au pouvoir est verrouillée. Les titulaires des principaux portefeuilles ministériels ont déjà été désignés. Le pays, à priori, peut tourner la page de cette phase d’incertitude liée à la victoire du parti Move Forward lors du scrutin, et à la promesse de cette formation politique de réformer, entre autres, le délit de lèse majesté.

 

Impossible de croire, toutefois, que ce riche homme d’affaires, ancien patron du groupe immobilier Sansiri, aura les mains libres pour diriger le royaume. Le retour de l’ancien premier ministre et milliardaire Thaksin Shinawatra, le jour même de son investiture, démontre s’il en était besoin que la vie politique et judiciaire du pays s’apprête encore à connaitre de sérieux rebondissements.

 

Autre évidence : les formations pro-militaires, avec lequel le parti Pheu Thai de Srettha Thavisin a décidé de faire alliance, resteront en embuscade. La légalité et le respect des institutions sont indéniablement du côté du nouveau chef du gouvernement, dans ce régime parlementaire qu’est la Thaïlande, où (presque) toutes les combinaisons politiques sont possibles. La force et le pouvoir d’influence se retrouveront, en revanche, sans doute dans d’autres mains. Y compris dans celles du parti Move Forward, écarté du pouvoir, mais doté d’une capacité de mobilisation de la jeunesse potentiellement décisive.

 

Ce nouveau premier ministre thaïlandais a des alliés encombrants. Il le sait. Il est aussi le fruit d’une indéniable trahison politique, au sein de l’ex-opposition démocratique, de la part du Pheu Thaï dominé par la famille Shinawatra. Construire dans ce contexte une action gouvernementale solide et crédible ne sera pas simple. On sait malheureusement qu’en Thaïlande, les promoteurs immobiliers négligent parfois la qualité des matériaux et la solidité de leurs constructions. La politique thaïlandaise, ce mardi 22 août, ressemble à un chantier dont personne ne peut garantir la solidité. Et la durabilité.

 

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5 Commentaires

  1. C’est quand même le grand écart entre le move forward anti-royaliste et …les royalistes en 15 jours du parti des 2 Shinawatra condamnés. Pas mal comme signes de démocratie

  2. Tôt dans ma jeunesse, j’ai découvert qu’entre les relations humaines telles que je les aime et les relations humaines dans la politique il y a une incompatibilité radicale. La politique pour arriver au pouvoir et encore plus pour l’exercer est, pour mettre les choses au mieux, immorale si ce n’est immorale. C’est pourquoi, en ce qui me concerne, j’ai quitté très tôt mes illusions et me suis toujours tenu à distance de la moindre participation à une organisation politique. La politique m’a toujours passionné mais en tant qu’observateur au mieux un voyeur, elle a constitué une bonne partie de mes études. J’ai pu observer et me rendre compte très tôt que beaucoup des ultra diplômés d’ Harvard ou, précédemment de Tubingen, rentraient le soir dans leur famille, oubliant leurs activités de la journée, pour chérir leur épouse et leurs enfants autour d’un piano et d’une sonate de Schubert, après avoir décidé de répandre le napalm sur les jungles vietnamiennes ou organiser la mise en œuvre des camps d’extermination. Il suffit d’ouvrir les yeux autour de soi, pour vérifier que la politique est machiavélienne et n’a rien a faire avec la morale.

  3. Les règles constitutionnelles constituent quand même le fondement de la démocratie telle que nous la pratiquons en France. La bonne foi des élus ? Il faudrait demander aux élus de Pheu Thai comment se porte leur sens moral après avoir trahi la majorité qu’ils avaient constituée avant les élections. Je partage tout à fait les interrogations de la rédaction sur une solution qui met de côté les vainqueurs des élections.
    Michel.Collomb

    • Le problème est que, dans l’exemple auquel vous semblez vous référer, la référence constante, dans l’action politique menée, est le respect des règles constitutionnelles dont le respect serait assuré par une cour supposée garantir un … “État de droit”. Mais un État de droit dont la teneur et les termes sont énoncés par 9 juges nommés par un exécutif qui permet, au nom du droit, de s’affranchir de la règle cardinale de toute règle démocratique minimum : attribuer le pouvoir politique à la majorité élue ou à la coalition issue des majorités élues notamment lorsqu’un accord électoral préalable a déterminé le vote des électeurs (je rejoins MC quand au respect de règles morales et de “la parole donnée”). Un autre scénario consiste soit à “truquer” les élections par toutes sortes de moyens afin d’obtenir le résultat souhaité (cas poutinien), soit, une fois l’élection réalisée et, au vu des résultats défavorables au pouvoir en place, à en contester la légitimité (cas birman).

  4. En démocratie, ce ne sont pas les règles juridiques qui fondent la stabilité, mais le sens moral des élus ; rien ne permet, à ce stade, de jeter la suspicion sur la bonne foi des élus.

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