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GAVROCHE – ROMAN : «L’impératrice Rouge», épisode 18 : L’amour, la fin, la mort, la vie

Journaliste : Rédaction
La source : Gavroche
Date de publication : 27/07/2021
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Chaque roman a une fin. Pile au moment où le lecteur se sentait envouté, prêt à partir pour d’autres aventures. Pile au moment où les larmes coulent sur vos joues à la lecture d’un nouveau chapitre, où l’intrigue vous noue l’estomac et vous empêche de quitter l’écran. Merci Patrice Montagu Williams pour ce nouvel opus inédit publié par Gavroche. Et n’oubliez pas, pour les retardataires, de lire l’intégralité des épisodes de « L’Impératrice Rouge » !

 

Un roman inédit de Patrice Montagu-Williams.

 

L’intrigue

 

Les saisies de drogue atteignent un niveau record dans le 13ème arrondissement de Paris. Cette drogue proviendrait du fameux Triangle d’or, cette zone frontalière située entre la Thaïlande, la Birmanie et le Laos.

 

Quel est le rôle exact de la Chine et de ses services secrets dans cette affaire ? Et qui est exactement cette Impératrice Rouge, somptueuse et tragique femme vampire, qui serait le chef d’orchestre occulte de ce trafic ?

 

L’agent très spécial Ly, de la DGSE, est envoyé en Thaïlande pour régler le problème, par tous les moyens. Persuadé, comme le dit Sartre, qu’on ne peut vaincre le mal que par un autre mal, il vivra une histoire de passion, de folie et de trahison.

 

Rappel de l’épisode précédent : Le contact du Mongol au « Narcotics Suppression Bureau » lui révèle que l’homme qu’il vient de recruter est, en fait, un agent des services secrets français. Avertie, l’Impératrice, qui ne veut connaître aucun frein à sa passion, car elle se sait condamnée, demande au Mongol de ne rien faire contre Ly tant qu’elle est vivante.

 

Épisode 18 : L’amour, la fin, la mort, la vie

 

Elle ne se cache plus et s’affiche partout avec son amant. Sa folie la rend radieuse et encore plus désirable. On dirait qu’elle a oublié sa maladie, même si, parfois, la douleur tord son sourire.

 

On les voit ensemble au « Yao Restaurant », à l’hôtel Marriott, sur Surawong, et au « Mezzaluna », au soixante-cinquième étage de la State Tower, sur Silom. On les aperçoit aussi au « Saxophone Bar », à côté du Victory Munument, sur Ratchawithi Alley, assister à un concert de Coco Zhao, la reine du « Shanghai jazz ».

 

Nana Plaza

 

Ly a demandé au colonel Wichak – qui, mis au courant de la situation, a déployé des hommes un peu partout dans le Nana Plaza – de n’intervenir que quand il lui donnerait le feu vert : il lui manquait des informations importantes, notamment l’endroit exact où se trouvaient les ateliers de préparation et de conditionnement de la drogue ainsi que l’organisation des circuits d’expédition.

 

En attendant, il joue la comédie, mais il doit s’avouer que cela lui est chaque jour plus difficile car il commence à ressentir quelque chose de fort pour cette femme, sensuelle et désespérée, qui l’inquiète et le fascine à la fois. Il est temps d’en finir. Il ne doit pas se laisser piéger : c’est souvent comme ça, par sentimentalisme, que les meilleurs agents perdent la partie.

 

Le dernier combat

 

Ce jour-là, elle était épuisée et elle s’était endormie, à peine rentrée dans la chambre. Alors, il en a profité pour fouiller dans ses papiers et il a trouvé tout ce qu’il cherchait. Soudain, elle s’est réveillée.

 

— Maintenant que tu as ce que tu voulais, viens et fais-moi l’amour une dernière fois, ordonne-t-elle d’une voix affaiblie.

 

Elle a jeté dans la bataille toutes ses dernières forces.

 

— Je t’emporterai avec moi, là où je vais, dit-elle avant qu’une sorte de voile ne descende sur ses yeux et qu’elle ne laisse sa tête rouler sur l’oreiller.

 

Double expresso

 

Alors qu’il était descendu prendre un double expresso sans sucre, une habitude de Parisien dont il n’est pas arrivé à se défaire, depuis qu’il est ici, il entend un hurlement et remonte en courant.

 

Une balle a perforé le front de Mei, du côté droit. Son visage ne marque aucune trace de souffrance, un peu comme si elle était morte en dormant. Le Mongol est à genoux, au pied du lit. Il a jeté par terre son pistolet avec silencieux intégré et essaye, de ses deux mains, d’étancher le sang qui coule à flots sur ses joues. Un peu plus loin, Yang est assis, la queue enroulée autour de ses pattes, et il fait sa toilette, l’air satisfait. Alors, Ly comprend : Le Mongol a exécuté l’Impératrice pendant son sommeil. Le chat lui a alors sauté au visage et arraché les yeux.

 

— Bravo, Yang, dit-il en français.

 

— Aide-moi, supplie Le Mongol.

 

— Dis-moi d’abord pour qui tu travailles.

 

L’autre semble hésiter une seconde.

 

— Pour le Guoanbu. Je n’ai fait qu’obéir aux ordres, finit-il par avouer.

 

— Bien. J’appelle les secours, répond Ly en sortant son portable.

 

— Tu peux lâcher tes fauves, colonel, dit-il à Wichak…Je suis sur place et je les attends.

 

Opération terminée

 

En dépit de leur système de rotor de queue Fenestron, qui les rend relativement silencieux, on entend les deux hélicoptères Airbus AS365 N3+ survoler, à basse altitude, le marché de Mae Sai qui s’étend le long de la rivière qui sépare la Thaïlande du Myanmar. Ils se posent dans un champ, à deux kilomètres de là. Une dizaine d’hommes en tenue de combat de l’unité spéciale de la Police Royale en sortent et se dirigent en courant vers un bâtiment bas au toit de tôle.

 

Le colonel Prawit Wichak supervise en personne l’opération « Tei-trong », du nom de l’un des coups portés avec le pied dans la boxe thaï, opération qui vise la destruction des ateliers d’affinage et de conditionnement de la drogue dans la région et dont Ly lui a fourni l’emplacement. Il a fait procéder, la veille, à plusieurs arrestations au « Narcotics Suppression Bureau », à Bangkok, ainsi qu’au sein du personnel douanier de l’aéroport de Chiang Rai.

 

Au même moment, après avoir passé les contrôles en compagnie d’un officier du « Central Investigation Bureau », Ly embarque pour un voyage d’une durée de 13h15 sur le vol AF 0253 à destination de Paris-Charles-de-Gaulle.

 

Quelques mois plus tard

 

L’homme tient le nouveau-né dans ses bras. La maman, allongée dans le lit, épuisée par l’accouchement, mais radieuse, sourit. Ils l’ont appelé Alang, qui signifie « empereur », chez les Hmong. Alang Willette, Eva trouvait que cela sonnait bien. Ly va se poster avec le bébé à la fenêtre de la chambre de la clinique qui donne sur la rue Nicolo, dans le XVIe arrondissement. Le temps est gris sur Paris, mais il est heureux.

 

— J’espère que tu seras un meilleur homme que je ne l’ai été, Alang, dit-il.

 

— Pourquoi dis-tu ça, demande Eva ? Tu es un type bien.

 

Impossible de lui parler de ce qu’il avait dû faire au cours de ses diverses missions pour le service. Impossible aussi de lui dire aussi que l’on ne quitte jamais le service.

 

La preuve : depuis quelques jours, un homme en imperméable gris, qu’il vient de repérer sur le trottoir, en bas de l’immeuble, le suit. Alors Ly botte en touche :

 

— Souviens-toi de la déclaration de Kenneth Bainbridge, le physicien américain responsable du projet Trinity, le premier tir nucléaire grandeur nature, le 16 juillet 1945 : « Maintenant, nous sommes tous des fils de pute ».

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