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LAOS – CULTURE : Le Patuxai, symbole de l’unité laotienne

Journaliste : Alain Sapanhine
La source : Gavroche
Date de publication : 31/07/2012
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Patuxai arche de la victoire

 

Un monument ne prendra son véritable essor que s’il exprime un inconscient collectif. Lorsque, défiant le temps et l’espace, sa force symbolique colle tellement à l’image de la cité que sa beauté architecturale crée à elle seule un choc par rapport à tout ce qui l’entoure. Ce que symbolise très bien le Patuxai, un Arc de Triomphe version Mékong, qui pour récent qu’il soit (1962), n’en est pas moins déjà totalement intégré à l’image de Vientiane.

 

Vientiane, cela transparaît dès le premier coup d’œil, a incontestablement gardé son petit air de France profonde, une atmosphère de douceur et de convivialité qui la différencie d’emblée de ces bric-à-brac que sont devenues la plupart des villes asiatiques modernes s’agrégeant aujourd’hui autour d’immenses autoroutes. Ce type de développement n’aura pas cours ici où les moyens sont moindres et le modèle si ostensiblement différent. De gré ou de force, le Laos prône ses propres valeurs, sa culture séculaire, sa version de l’accession aux temps modernes. C’est tout ce particularisme ambiant qui fait du Patuxai une œuvre architecturale destinée à traverser le temps.

 

Réalisé d’après le projet de l’architecte Tham Sayasithsena qui avait fait ses études à Paris, il fut érigé entre la fin de la période coloniale et le début de la guerre du Vietnam, afin d’honorer la mémoire du soldat inconnu mort pour ce qui était à l’époque un royaume fragile, quoique déjà uni sous une seule et même administration.

 

Paradoxalement, le Patuxai (ou Arche de la Victoire) n’aurait jamais vu le jour, du moins sous sa forme actuelle, sans le don par les Américains de 6 000 tonnes de béton prélevées sur les surplus engendrés par la construction des nouvelles pistes de l’aéroport de la capitale…

 

Prêt à affronter l’éternité, il acquit sa dimension véritablement nationale lorsque la population de Vientiane s’y regroupa en masse, comme le firent les Parisiens lors de la prise de la Bastille, pour renverser le régime le 2 décembre 1975, date officielle de l’avènement de la République Populaire Démocratique du Laos (évènement que commémore chaque année un immense défilé où, par interminables rangées de neuf, les habitants de la capitale rendent hommage à la Patrie).

 

Vue imprenable

 

Situé au sommet de Lane Xang (l’avenue du million d’éléphants), les Champs Elysées de la cité, le Patuxai trône au milieu de son propre « parc des Tuileries » (aménagé en 2004 grâce à un don de 15 millions de dollars de la Chine Populaire pour commémorer la première session de l’Asean) tel un Samouraï de béton invincible sous son armure ouverte sur les quatre coins de l’horizon et placée sous la garde constante de huit dragons. Directement inspirée par le Taj Mahal, son harmonie architecturale repose sur les chiffres 3, 7 et 8 ; référence expresse à son implication bouddhiste. Chaque tour mesure 24 mètres (3 x 8) sur base d’un carré lui-même de 24 mètres.

 

L’ensemble comporte 7 étages et culmine exactement à 49 mètres (7 x 7), conformément aux canons du style architectural lao, à commencer par le célèbre PhaThat Luang. Le grand stupa est aussi profondément ancré dans l’inconscient collectif lao que le sont, pour notre part, nos plus belles cathédrales.

 

Pour la visite, il vous en coûtera 2 000 kips si vous êtes laotien et 3 000 si vous êtes touriste (0,25 euro), pour l’escalade de 162 marches débouchant sur les différentes salles avant d’arriver à hauteur du premier panorama. Offrez-vous pour le plaisir les 27 dernières en gravissant l’escalier en colimaçon qui mène au sommet de la tour centrale. Vous y découvrirez tout Vientiane à 15 kilomètres à la ronde, les grandes artères rectilignes qui y convergent, la courbe du Mékong, un paquet d’antennes GSM, une myriade de toits rouges et la parfaite géométrie de ce fameux parc aux fontaines « son et lumières ».

 

En redescendant, prenez le temps de parcourir les différentes galeries extérieures ornées d’innombrables sculptures bouddhiques si particulières des tendances de l’art laotien, le Bai Si sur le thème du pétale de lotus emprunté au That Luang, et les serpents Nagas, autre emblème s’il en est du pays. Fini à 90% de l’aveu même de ses créateurs, le mémorial du Patuxai répond incontestablement à sa vocation d’union nationale et mériterait quelques aménagements et un ravalement à hauteur de sa genèse. Visite à ne pas manquer, ce temple de l’indépendance est l’expression emblématique des habitants du pays du million d’éléphants, l’âme du peuple lao.

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