Comme tous les ans, le 8 octobre, quelques nostalgiques vont se recueillir pour marquer l’anniversaire de la mort de Mitr Chaibancha (1934-1970). C’était un acteur immensément populaire (le Clark Gable siamois, près de trois cents films à son actif), qui s’est tué à Jomtien lors de la dernière scène du tournage de Insee Thong (Golden Eagle), ou il faisait ses débuts de réalisateur, ayant lâché l’échelle de corde fixée à un hélicoptère s’envolant vers l’horizon…
De nombreux fidèles continuent de visiter le sala (pavillon), voire le cénotaphe, érigé à l’endroit même de sa chute, pour demander à l’esprit de Mitr sa bénédiction et son aide face aux turpitudes de l’existence.
Il n’est pas le seul à être ainsi sollicité : par exemple, Poumpouang Douangjai, la chanteuse et reine de la musique country (louk toung), décédée, était originaire de Suphan Buri. Certains habitants ont cru la voir hanter le secteur et ils lui ont également construit une chapelle qui attire toujours plus de fidèles : la plupart viennent dans l’espoir d’obtenir les numéros gagnants de la loterie. Comme dans les temples, les fidèles secouent un récipient contenant des baguettes de bambou numérotées pour faire sortir les chiffres de la chance, ou simplement consulter les oracles pré-imprimés disponibles sur place.
Apparemment, pour les Thaïlandais, les esprits désincarnés de personnalités célèbres se voient attribuer toutes sortes de pouvoirs… occultes, bien entendu.
Situé en face du bureau des contributions, le mémorial de Mitr Chaibancha est juste derrière le Jomtien Palm Beach Hotel, propriétaire de ce lopin de terre devenu lieu de pèlerinage. La direction du trois-étoiles y fait déposer tous les jours un plateau de nourriture et entretient le site. Preuve que le capital-confiance de l’acteur disparu est toujours intact.
Raymond Vergé, chronique issue de nos archives n°180, octobre 2009
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