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THAÏLANDE – ÉCONOMIE : Le Financial Times félicite le baht Thaïlandais

Date de publication : 17/02/2023
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Thaï baht

 

Dans une chronique publiée le 13 février, le quotidien financier britannique Financial Times salue le baht thaïlandais comme l’une des devises les plus stables d’Asie. Extraits :

 

En février 1998, il y a 25 ans ce mois-ci, j’étais à Bangkok, point zéro de la crise financière asiatique. L’implosion du baht thaïlandais avait déclenché un effondrement en série des monnaies et des marchés, avec des manifestants dans les rues de la région et le chaos qui se répandait. Alors que les dirigeants du monde entier s’empressaient de ralentir la contagion mondiale, la Thaïlande et ses voisins avaient sombré dans la dépression.

 

L’économie thaïlandaise s’est contractée de près de 20 %, les actions ont chuté de plus de 60 % et le baht a perdu plus de la moitié de sa valeur par rapport au dollar. Les prix à Bangkok semblaient incroyablement bas. Je n’ai pas osé acheter des actions thaïlandaises, avec tant d’incertitudes. Mais je suis reparti avec de nombreux sacs à provisions et deux jeux de golf, dont un à donner.

 

Si le drame de cette année-là est gravé dans l’histoire, l’épilogue est surprenant. Depuis le début de l’année 1998, la Thaïlande a disparu du radar mondial, mais le baht s’est avéré exceptionnellement résistant, conservant sa valeur par rapport au dollar mieux que toute autre devise du monde émergent et mieux que toutes les devises du monde développé, à l’exception du franc suisse.

 

En revanche, en Indonésie, où la crise de 1998 a renversé le dictateur Suharto, la rupiah se négocie à près de 15 500 pour un dollar, contre 2 400 avant la crise. Le baht s’échange à 33 pour un dollar, à peine moins que les 26 d’avant la crise.

 

Pourtant, la Thaïlande ne semble pas chère : un visiteur étranger peut trouver une chambre d’hôtel 5 étoiles pour moins de 200 dollars la nuit, un bon dîner à Phuket pour 30 dollars. Malgré la force du baht, la Thaïlande est compétitive au niveau mondial. L’épicentre de la crise est devenu une ancre de stabilité, et une leçon pour les autres économies émergentes.

 

Après 1998, de nombreuses sociétés émergentes sont devenues financièrement conservatrices, notamment celles les plus durement touchées en Asie du Sud-Est. Les banques indonésiennes, qui étaient des repaires opaques de copinage, sont devenues des modèles de bonne gestion. Les Philippines et la Malaisie ont pris des mesures pour réduire leurs déficits. Mais nulle part dans la région un gouvernement n’a été plus orthodoxe sur le plan économique qu’en Thaïlande, évitant les excès qui peuvent effrayer les étrangers et faire chuter les devises.

 

En 2000, l’Asie du Sud-Est s’est redressée. Depuis lors, le déficit public de la Thaïlande a représenté en moyenne 1 % du produit intérieur brut, soit moins de la moitié de la moyenne des économies émergentes. Sa banque centrale a fait preuve de la même prudence, en maintenant des taux relativement élevés et une croissance de la masse monétaire de 7 % par an, soit le troisième taux le plus bas parmi les principales économies émergentes.

 

La récompense ultime de l’orthodoxie est une faible inflation. L’inflation thaïlandaise s’est établie en moyenne à un peu plus de 2 %, comme aux États-Unis, ce qui constitue un exploit rare pour un pays émergent.

 

L’inflation thaïlandaise s’est établie en moyenne à un peu plus de 2 %, soit le même niveau que celui des États-Unis, ce qui constitue un exploit rare pour un pays émergent. Parmi les autres économies émergentes, seules la Chine, Taïwan et l’Arabie saoudite ont connu une inflation inférieure à celle de la Thaïlande depuis 1998.

 

Avant la crise, la Thaïlande rattachait le baht au dollar, ce qui lui permettait d’emprunter massivement à l’étranger et d’accumuler d’énormes déficits courants. Les étrangers ayant perdu confiance en la Thaïlande, le gouvernement a été contraint d’abandonner cet ancrage et de laisser le baht flotter librement. Il s’en est suivi un crash, mais le baht a ensuite récupéré ses pertes et est devenu l’une des monnaies les moins volatiles.


La régularité des revenus étrangers a aidé. La Thaïlande reste parmi les économies émergentes les plus ouvertes. Le commerce est passé de 80 % du PIB en 1998 à plus de 110 % aujourd’hui. Les déficits extérieurs qui annonçaient le krach ont fait place à des excédents, car la Thaïlande a su tirer parti de ses atouts dans le tourisme et l’industrie manufacturière, qui génère un quart du PIB.

 

Pendant la crise, j’ai emprunté une nouvelle autoroute à quatre voies pour sortir de Bangkok et voir les usines s’élever sur les collines vertes parsemées de pagodes de la côte est. Cette base manufacturière paradisiaque continue d’évoluer, passant dernièrement par exemple des voitures aux pièces détachées pour véhicules électriques, et d’attirer de lourds investissements étrangers.

 

Pendant ce temps, les hauts lieux du tourisme que sont Phuket et Koh Samui se développent parallèlement à de nouvelles incursions dans les services médicaux et de bien-être. Depuis la crise, la part du tourisme dans le PIB a plus que doublé pour atteindre 12 %, devenant ainsi une source inhabituellement importante de devises étrangères. La plupart des pays dont le secteur touristique est aussi important sont des îles minuscules.


La Thaïlande a aussi ses défauts, notamment un endettement plus important des ménages et un vieillissement plus rapide de la population que la plupart de ses pairs. Malgré cela, son revenu par habitant a plus que doublé pour atteindre près de 8 000 dollars, contre 3 000 dollars avant la crise.

 

En outre, la Thaïlande a atteint la stabilité financière malgré des bouleversements politiques constants, notamment quatre nouvelles constitutions au cours des 25 dernières années. En surmontant les défis auxquels le franc suisse n’a jamais été confronté, le baht thaïlandais a confirmé son statut improbable de monnaie la plus résiliente du monde – et d’étude de cas sur les avantages de l’orthodoxie économique.

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