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THAÏLANDE – HISTOIRE : La disparition du royaume d’Ayutthaya

Journaliste : Xavier Galland
La source : Gavroche
Date de publication : 03/10/2023
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Le semaine dernière, nous avions commencé à voir comment, en 1351, la ville d’Ayodhya devint officiellement la capitale d’un nouveau royaume sous le nom d’Ayutthaya. Comme on le sait, ce royaume se développa jusqu’à assumer l’hégémonie sur le monde siamois et sa chute en 1767 fut aussi brutale que totale. Que s’était-il donc passé entre ces deux dates ? Beaucoup de choses.

 

Résumé succinct, sommaire et expéditif : le royaume s’était développé territorialement par conflits successifs et répétés contre ses voisins (Angkor, Sukhothai, Lanna, Lan Chang, Birmanie, états de la péninsule de Malacca…), il avait développé son commerce international et s’était enrichi en devenant la plaque tournante du négoce est-ouest et nord-sud dans la région, et il s’était ouvert au monde en établissant des relations diplomatiques avec nombre de pays, tant occidentaux qu’orientaux et asiatiques.

 

Ayutthaya et la Birmanie

 

Cela, bien sûr, n’avait pas été sans susciter convoitises, haines, ressentiments, aigreurs, animosités, hostilités et rancœurs, et une profonde inimitié s’était établie entre Ayutthaya et la Birmanie. Tour à tour attaquant et/ou attaqué, prédateur et/ou proie, ces deux royaumes guerroient pendant deux siècles.

 

Une première prise d’Ayutthaya en 1569 est suivie quelques années plus tard par une reconquête épique menée par le roi Naresuan. C’est finalement la Birmanie qui aura le dernier mot, et ce sera un mot grossier.

 

Mise à sac d’Ayutthaya

 

En 1765, les Birmans de Hsinbyushin lancent une attaque d’envergure par le nord et le sud-ouest. Ils occupent le bassin du Chao Phraya et, en février 1766, mettent une fois encore le siège devant Ayutthaya. Ce sera le dernier. Après plus d’un an de résistance, marqué par un incendie qui détruit 10 000 maisons début 1767, la ville tombe le mardi 7 avril.

 

Borommaracha V s’enfuit et meurt. Des centaines de milliers de prisonniers sont déportés en Birmanie et c’est alors à un véritable travail d’anéantissement que se livrent les vainqueurs. Ayutthaya est consciencieusement mise à sac. Saccageant, violant, pillant, sans respect ni pour les lieux sacrés ni pour les statues de Bouddha qu’ils dépouillent de l’or dont elles sont revêtues, les Birmans s’emparent systématiquement de tout ce qui peut être emporté. La ville est rasée et incendiée, ses bâtiments officiels et administratifs mis à bas.

 

Cette ville, que les voyageurs européens décrivaient avec admiration plus grande et plus peuplée que Londres ou Paris à la même époque (deux millions d’habitants, a-t-on avancé), qui abritait plusieurs centaines d’édifices religieux, dont l’enceinte de plus de dix kilomètres de long défendue par une quinzaine de fortins était percée d’innombrables portes, dont près de trente ponts enjambaient les interminables canaux, dont les rues (beaucoup pavées) voyaient passer quotidiennement une foule cosmopolite dont chaque nation avait son quartier propre, cette ville n’est plus alors qu’une carcasse qui, pendant plusieurs mois, est hantée par des bandes de brigands et de maraudeurs, disputant la dépouille de cette splendeur passée à de rares survivants, livrés à la famine et aux maladies.

 

Le royaume d’Ayutthaya disparaît donc ainsi après 416 ans d’existence.

 

Xavier Galland

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