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BIRMANIE – POLITIQUE: Et si Aung San Suu Kyi perdait les élections législatives du 8 novembre ? (3/3)

Journaliste : Francois Guilbert
La source : Gavroche
Date de publication : 05/11/2020
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La force de Gavroche, dans le flot des dépêches d’actualité, est de rythmer nos parutions par des solides analyses. François Guilbert est l’un des meilleurs analystes de l’Asie du sud est. Il vient de nous adresser une longue analyse des élections législatives birmanes que nous vous proposons de lire en trois épisodes. Épisode 3: Et si Aung San Suu Kyi perdait les élections ?

 

Une analyse de François Guilbert (3/3)

 

Pour de vraisemblables raisons de sécurité ou d’absence de présence de l’État dans certaines régions, le 16 octobre la Commission des élections de l’Union a annulé ou reporté le scrutin du 8 novembre dans 15 townships de l’État Rakhine (9) et de l’État Shan (6). Cette mesure énoncée, sans explications officielles et la moindre concertation avec les partis politiques qui pouvaient être intéressés, a concerné également 582 quartiers ou villages dans 5 États (Kachin, Kayin, Mon, Rakhine, Shan) et la région de Bago. Elle a été ajustée le 27 octobre par le retrait de la liste antérieure de 7 villages du township de Kyaukpyu dans l’État Rakhine et 3 villages des townships de Kunlong, Lashio et Muse dans l’État Shan. A l’inverse, sous la pression de l’incompréhension d’avoir vu le township de Paletwa (État Chin) exempte de tout lieu sans élection, alors que des affrontements sanglants avec l’AA s’y déroulent régulièrement, l’UEC a précisé dans son deuxième train d’annonces que 94 villages ne connaîtront pas dans l’immédiat de scrutins, soit la quasi-totalité du canton.

 

Une commission pleinement indépendante ?

 

La communication malhabile de la commission électorale de l’Union, son absence de relations confiantes et régulières avec les formations politiques en compétition ont accentué le sentiment ancien que l’UEC est aux ordres, et sert les intérêts de la majorité sortante. Dans plusieurs plateformes partisanes, faire de l’UEC une commission pleinement indépendante a été présenté comme un objectif politique urgent, les plus vocaux sur ce point, ironie de l’Histoire, ont été les leaders de l’USDP. Le sentiment d’opacité des décisions de l’UEC a été accentué par le porte-parole de l’armée qui a déclaré que les décisions d’annulation et de report n’étaient pas celles préconisées par l’appareil de sécurité, alors que c’est bien le système des ministères de forces (Défense, Frontières, Intérieur) qui guide administrativement, et très officiellement, les recommandations de l’UEC. Autre sujet ayant nourri la défiance à l’endroit de la commission, son arrêt de dé-enregistrement d’un parti politique en pleine campagne électorale. Certes, sa représentativité était faible, ses chances de succès improbables, ses ressources suspectées d’être liées à des intérêts criminels ou étrangers mais la dissolution du Parti démocratique uni (UDP) ne pouvait guère passer inaperçue.

 

Ses candidats étaient inscrits dans 93 % des circonscriptions nationales. Ils représentaient, rien de moins, que 16 % de tous les prétendants à un siège parlementaire. Compte tenu de la décision tardive de l’UEC, il y a à craindre maintenant que les 1 131 candidats de l’UDP ne suscitent bien des débats lors du dépouillement des bulletins de vote et augmentent sensiblement les risques de contentieux post-électoraux et la proportion du nombre de bulletins invalidés. Toutefois, cette péripétie n’est pas majeure pour la légitimité du scrutin et ses résultats. Elle n’aura pas d’effets de long terme, à contrario des annulations de scrutin dans les townships. 22 sièges ne seront pas pourvus au parlement national (Amyotha Hluttaw : 7 ; Pyithu Hluttaw : 15), soit 4,6 % de ses élus.

 

A l’échelle de l’État Rakhine, sans oublier les dizaines de milliers de Rohingyas qui ne pourront s’exprimer faute de papiers d’identité, c’est près de 60 % des personnes inscrites sur les listes électorales qui seront exclues de facto du vote. Une situation qui dénaturera le parlement régional puisque concrètement 42 % des sièges seront déclarés vacants. Une situation qui pourrait bien faire des députés-militaires le premier groupe parlementaire de l’État. Une réalité totalement nouvelle, dans une région où la guerre civile est la plus intense et la plus meurtrière de tout l’espace birman. Mais, ni la dégradation dans l’ouest du pays, ni les avancées de la COVID-19 ne vont arrêter le processus électoral. A aucun moment depuis l’établissement du calendrier électoral fin juin, il semble que les autorités aient hésité à remettre en cause l’échéance proclamée.

 

Vote par anticipation

 

Pour donner presque un tour définitif au scrutin, la Conseillère pour l’État et le président de la République ont voté par anticipation le jeudi 29 octobre. Un choix qui les a amenés à se prononcer dans un bureau de Nay Pyi Taw et non de leurs circonscriptions rangounaises. L’ex-général Thura Shwe Mann, le leader du Parti pour l’amélioration de l’Union (UBP) a en fait lui aussi de même. En 2020, le vote par anticipation aura été une praxis loin d’être exceptionnelle.

 

Plusieurs dizaines de milliers de birmans ont déjà exercé leurs devoirs citoyens. C’est notamment le cas de nombre d’entre eux parmi les 109 470 Birmans enregistrés sur les listes électorales à l’étranger. Les femmes et les hommes inscrits sur les rôles ont pu déposer leurs bulletins du 1er au 28 octobre dans 45 ambassades et consulats (65 à 70% de participation). De nombreuses autres catégories de citoyens ont été invités à s’exprimer avant le Jour J (ex. les plus de 60 ans ([2]), les personnes malades ou en quarantaine, les citoyens en dehors de leur circonscription et vivant sur des lieux où un ordre de « Stay-at-home ! » a été édicté, les fonctionnaires d’astreintes,…). Si pour chacune d’elle, les modalités d’expression ont été assez bien connues et précises, il n’en est pas de même pour les forces armées.

 

Bureaux de vote civils

 

En février 2020, la NLD a fait adopter une loi faisant en sorte que, dorénavant, les personnels militaires et leurs familles votent non plus dans leurs casernements mais dans des bureaux de vote « civils ». Mais cette année, une fois encore, le vote militaire va être sujet à controverses. L’article 60 de la loi électorale permet aux soldats et à leurs proches de voter par anticipation, s’ils se trouvent en dehors de leur circonscription. Beaucoup d’observateurs craignent qu’ainsi les états-majors disposent dans la pratique d’un moyen « légal » pour que les militaires en opération votent plusieurs fois, comme en 2015. Des mouvements de troupes récents vers les États Rakhine, Kachin et Shan alimentent ces craintes et cela en dépit de l’engagement du chef de la Tatmadaw qui avait fait savoir qu’il ne bougerait pas ses soldats pendant la campagne électorale. Ces suspicions sur un vote « militaire » ayant au bas mot un million de voix peut faire pencher, comme par le passé, les équilibres partisans dans certains États (ex. États Shan) ou régions.

 

Des candidats à la recherche de thèmes mobilisateurs

 

La place de l’armée dans les institutions où le budget de la Nation aura été cette année encore un sujet des plateformes électorales. Si certains partis (ex. Parti du Peuple) appellent ouvertement à l’amélioration des armements de la Tatmadaw voire à la création d’une commission de la défense au parlement de l’Union (Parti des pionniers du peuple), la NLD a affiché toujours en tête de son programme la réduction de son poids institutionnel, notamment dans les enceintes parlementaires. Le commandement de l’armée est très conscient de ces démarches offensives et n’a pas hésité à intervenir, très régulièrement, au cours de la campagne. Le général Min Aung Hlaing a ainsi rencontré à l’initiative de l’USDP plusieurs leaders des partis ethniques et a écouté leurs doléances. La mise en service du premier sous-marin de la flotte birmane à la mi-octobre fut une autre occasion de discourir dans la presse sur le rôle politique primordial de la Tatmadaw. Les responsables de l’institution militaire ne cachent pas leurs préférences partisanes, surtout quand ils disent qu’une seule personne ne peut avoir tous les pouvoirs dans le pays ou encore en vantant le bilan de l’administration précédente du général Thein Sein. (2011 – 2016) Si l’armée ne s’est distanciée en rien de l’USDP c’est aussi parce que ce parti ne cesse de coller aux discours du commandement suprême. Les candidats les plus en vues de l’USDP sont d’ailleurs tous d’ex-officiers généraux ayant servi l’appareil gouvernemental du général Thein Sein voire la junte aux ordres du général Than Shwe (1992 – 2011).

 

Si le rôle de l’armée et le processus de paix ont été des filagrammes dans les documents de campagne, ils n’ont pas constitué la trame principale des discours. Les propos mobilisateurs étaient beaucoup plus tournés vers l’amélioration de l’économie, en premier l’agriculture, ou encore les systèmes d’éducation et de santé. Non seulement ces thématiques ont été au cœur des préoccupations quotidiennes du plus grand nombre mais elles se sont particulièrement bien articulées avec des discours à résonance ethno-identitaire. N’oublions pas que nombre de partis et de candidats n’ont pas pour ambition immédiate de gérer le pays voire même leur région. Leurs plateformes politiques se sont limitées à expliquer leur histoire, leurs symboles (emblèmes, devises, logos) ou leur identité ethnique (ex. Parti de la démocratie nationale Mro, Parti du développement de la région nationale Zo, Parti du développement national des Daingnet,…).

 

Ces focales ont vocation à susciter des mobilisations très localisées voire à conscientiser les citoyens sur la complexité humaine de leur pays, les attentes diversifiées mais importantes sur la protection des cultures ethniques, la promotion des langues vernaculaires et les désirs d’autogestion. Toutefois, les discours à caractères généraux recourent très souvent à des mots-valises (ex. autodétermination, confiance mutuelle, démocratie authentique, développement égal,…) qui renferment des visions radicalement divergentes sur la construction future d’une « Union fédérale » et les modalités du vivre ensemble.

 

Cette campagne comme la précédente est une somme de monologues partisans qui entretiennent les incompréhensions de demain. Les recommandations des uns ne sont pas commentées ou débattues par les autres. Les interactions partisanes sont faibles, ce qui entraine la mise à l’écart de nombreux thèmes. Ainsi, personne n’a évoqué l’élection présidentielle de début 2021 ([3]) qui découlera de la majorité législative à venir or tous les pouvoirs constitutionnels sont entre les mains du chef de l’État. Seule une majorité absolue accordée à la NLD pourra permettre à Daw Aung San Suu Kyi de demeurer aux plus hautes fonctions. De même, le travail législatif à entreprendre à partir du printemps 2021 n’a été que trop peu souvent esquissé alors qu’il paraîtrait souhaitable de mieux équilibrer les pouvoirs exécutif et législatif. En outre, le lien entre les élus et leurs mandataires au cours de la législation devrait être mieux orchestré. A ce titre, le Parti démocrate Wuntharnu a suggéré de créer un bureau des doléances citoyennes au parlement.

 

Le travail législatif, parent pauvre

 

Si le travail législatif à accomplir aura été le parent pauvre des propositions de ces législatives, quasiment tous les partis ont proclamé que l’Union n’est pas suffisamment fédérale et qu’il conviendrait d’instaurer une « démocratie authentique ». Les programmes gouvernementaux n’ont malheureusement pas été beaucoup plus formatés, à fortiori pour conduire une action cohérente, déterminée tout au long d’un quinquennat. Les questions de société ont été très peu présentes, même si de-ci de-là on a pu lire des propositions conservatrices comme l’opposition à l’éducation sexuelle scolaire (ex. Parti pour une nouvelle ère pour l’Union) ou entendre des attentions plus libératrices sur la liberté d’association (Parti des contributions publiques étudiantes), l’accès aux responsabilités régionales des jeunes (Organisation nationale Pa-O), l’égalité des genres (Congrès national Myanmar ([4])), les luttes contre les agressions sexuelles sur mineurs (Parti du développement Yeomanry), la corruption (Parti pour une Union fédérale, Parti pour une alliance politique nationale), les discriminations raciales et religieuses (Parti du développement national kaman), les addictions à l’alcool et aux cigarettes (Parti du peuple) et aux stupéfiant (Parti pour le développement lahu).

 

Ces mesures ponctuelles ont été mises en avant mais ils n’en découlaient pas nécessairement un lot d’actions à mener, même si elles touchaient à la gouvernance du pays. A ce chapitre, sans surprise, l’USDP est revenu sur la nécessité de faire découler le choix des Chief Minister (gouverneur) des majorités de chaque État ou région. S’appuyant sur sa longue expérience de gouvernance, le parti militaire a également suggéré l’instauration d’un ministère des affaires agricoles. Il est vrai que les questions rurales, les services de L’État dans les régions reculées, la protection des propriétés foncières, la gestion durable des ressources naturelles ou encore l’endettement des ménages sont autant de sujets concrets qui se sont fait dominants au cours deux mois de campagne des candidats. L’insuffisance des revenus, paysans (ex. Parti national Wa) ou des fonctionnaires (ex. Parti pour l’amélioration de l’Union) ainsi que le coût trop élevé de certains produits (ex. essence, télécoms pour ce qui concerne le Parti démocratique des politiques nationales) ont été soulignés.

 

L’amélioration des conditions et standards de vie aura été un objectif omniprésent parmi les candidats. Pour y parvenir, la quasi-totalité des formations politiques s’affiche partisane de l’économie de marché voire des investissements étrangers. Il ne faudrait pas croire pour autant que ces proclamations esquissent un consensus national sur la res economica. Si l’attitude à adopter vis-à-vis de l’ASEAN ou des pays occidentaux n’a pas suscité d’approches toutes particulièrement précautionneuses, il n’en est pas de même à l’endroit de la Chine. C’est particulièrement vrai de la part des partis ethniques qui soupçonnent les formations nationales d’être plus attentives aux promesses de crédits de Pékin qu’aux effets des projets sur leurs territoires.

 

Une campagne conduite avec des moyens avant tout visuels

 

La diversité des sujets abordés a souligné combien la COVID-19 n’a pas cannibalisé la campagne 2020. Certes, la pandémie a pesé très lourdement sur le quotidien de tous les habitants mais contrairement à ce que l’on pourrait croire la thématique sanitaire ne s’est pas imposée comme centrale dans la campagne électorale qui a commencé officiellement le 1er juillet pour les partis politiques. Seuls 10 % des professions de foi diffusées par les médias ont mentionné cet item. Certains partis ont évoqué des prières protectrices (ex. Parti de solidarité Shanni), d’autres appelé à un plan de relance ambitieux (ex. Parti pour l’amélioration de l’Union), à protéger le secteur du tourisme (Parti des nationalités de Dawei), à une redéfinition des priorités budgétaires (ex Parti démocratique populaire du Myanmar) ou tout simplement à faire face (Parti de la nouvelle société). Certes, un grand nombre de leaders a souligné publiquement l’importance à accorder à la santé mais souvent sans entrer dans le détail, si ce n’est pour dire combien le réseau clinique est insuffisant en nombre et en qualité dans les zones rurales. Un constat exprimé d’ailleurs dans les mêmes termes quand il s’est agi d’évoquer le système éducatif, sans toutefois s’inquiéter que tous les élèves, de l’élémentaire au supérieur, soient confrontés dans la pratique à une année scolaire 2020 – 2021 blanche, le ministère de l’éducation birmane étant incapable d’offrir aux élèves une offre par voie numérique.

 

Pour faire valoir leurs idées et les programmes, les partis ont dû rivaliser d’imagination en ces de COVID-19. Le premier combat a été de se rendre visible dans les rues. A ce jeu, les militants et les sympathisants de la NLD se sont montrés habiles. Dès le 8 août à 8h, ils ont été invités à accrocher sur le devant de leur domicile le fanion aux couleurs du parti. A partir de cette date, les produits customisées à l’image de Suu Kyi ou du parti se sont multipliés en villes et dans les campagnes (ex. vitrage de véhicules, ombrelles, tee-shirt, masques faciaux de protection,…). Les panneaux avec les portraits des candidats et de leurs leaders se sont installés de manière anarchique le longs des routes, privilégiant les intersections les plus fréquentées. En appui de ces visuels et dans un contexte où aucun rassemblement de plus de 50 personnes n’était légal, les partis ont organisé des rallyes motocyclettes ou automobiles. Ceux-ci ont souvent mobilisé plusieurs centaines de supporters y compris à l’étranger (ex. Chine, Thaïlande). Mais ce mode de communication n’a pas permis de discourir et valoriser les propositions programmatiques. C’est pourquoi, pour joindre le plus grand nombre d’électeurs, les partis se sont appuyés sur les temps d’antennes, radios – télévisions, qui leur étaient consacrés (2 fois 30 minutes) ; les textes des interventions étant publiés le lendemain de leur diffusion dans les colonnes du quotidien The Global New Light of Myanmar. Cette campagne aux modalités somme toutes assez classiques a toutefois suscité quelques polémiques. Plusieurs partis ([5]) ont eu des différends avec l’UEC sur des termes et concepts employés. L’accès à la presse écrite, aux radios et télévisions étaient pourtant essentiels pour toutes les formations politiques car ces médias sont ceux qui forgent la décision électorale des citoyens. Les enquêtes d’opinion montrent que les Birmans font beaucoup, beaucoup plus confiance aux médias classiques, et en premier lieu à la télévision, qu’aux réseaux sociaux, même si ceux-ci connaissent un grand engouement.

 

Le poids de Facebook

 

Plus de 27 millions de Birmans sont inscrits à Facebook. En conséquence, un très grand nombre de partis a donc disposé d’un ou plusieurs comptes numériques. Sur ce terrain, la NLD s’est montrée particulièrement active. A l’heure où le porte-à-porte est autorisé mais la pratique loin d’être bien acceptée par des habitants qui ont peur de s’exposer au virus, la communication numérique a permis de contourner l’injonction de rester chez soi (Stay at Home!), effective dans la totalité des townships de l’Etat Rakhine ou de Rangoun, par exemples, tout en adressant des messages politiques réguliers aux électeurs.

 

Dans une campagne électorale où les plus de 50 ans sont plus de 54,3 % des candidats ([6]) et les moins de 30 ans 1,4 fois moins nombreux que les plus de 70 ans, le poids lourd numérique aura été, sans conteste, la présidente de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND), Daw Aung San Suu Kyi. Ses messages ont en effet enregistré plus d’interactions que toutes les autres pages des partis politiques. Signe de cette personnalisation de la campagne, ses messages ont compté ce mois jusqu’à 8 fois plus d’interactions que celle de la page officielle de la NLD. Daw Aung Suu Kyi est incontestablement le moteur de son parti. Sa communication écrase celle de tous ses rivaux. Il est vrai que son principal concurrent, l’USDP, semble lui avoir été particulièrement en difficulté. Étonnamment, c’est le comité des femmes du parti-militaire qui a décompté deux fois plus d’interactions que le parti lui-même. Reste à savoir maintenant si le dynamisme de certains partis nationaux comme le PPP ou ethniques, à l’instar de la Ligue pour la démocratie des nationalités Shan ou l’Organisation nationale Pa-O, seront retrouvés dans les urnes le résultat de leurs efforts numériques ! En se lançant plus tôt que ses concurrents et avec un souci de communiquer politiquement chaque jour, Daw Aung San Kyii a su s’adapter à un mode de communication auquel elle n’avait pourtant pas recouru pendant plus de trois ans.

 

François Guilbert

 

Notes pour les trois articles

 

[1] Le Parti démocratique kokant de l’État Shan est la seule formation politique du pays à avoir évoqué les contributions positives de l’initiative chinoise des Routes de la Soie pour l’ensemble des territoires de l’Union.
[2] Les personnes de plus de 60 ans vivant dans les quartiers ayant une population supérieure à 5 000 habitants au km² ont pu même voter à domicile. Cela concerne les habitants de 34 townships de Rangoun (29) et de Mandalay (5).
[3] Le président de la Birmanie devrait être élu en février ou mars 2021. L’actuel chef de l’Etat, U Win Myint, pourra constitutionnellement solliciter un deuxième mandat, qu’il soit oui ou non réélu parlementaire de Rangoun. La Chambre haute, la Chambre basse et les militaires désigneront leur candidat. Les personnes nominées seront appréciées par un vote à bulletin secret par les membres de l’Assemblée de l’Union. A l’issue de cette consultation, le candidat arrivé en tête sera déclaré élu président de la Birmanie, celui arrivé en seconde position deviendra vice-président et le dernier désigné second vice-président. Les candidats présidentiels ne sont pas nécessairement issus des rangs parlementaires, ce qui peut permettre à un militaire d’accéder à la plus haute fonction exécutive. A l’inverse, les règles établies par la Constitution de 2008 ne permettront pas à Daw Aung San Suu Kyi de briguer ce mandat.
[4] Ce parti affiche publiquement sa volonté de voir promulguer une loi permettant le mariage des personnes de même sexe.
[5] La Ligue nationale pour la démocratie Chin (CNLD), la Ligue pour la démocratie des Danu dans l’Union (UDLD), le Parti démocratique des nationalités unies (PNUD), le Parti démocratique pour une nouvelle société (DPNS), le Parti du front de l’Arakan (AFP) et Parti populaire (PP) ont refusé individuellement que leurs messages politiques soient diffusés par les médias d’Etat.
[6] Les femmes représentent, cette année, 16 % des candidats.

 

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