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INDOCHINE – HISTOIRE: Sur les traces de Jacques Bekaert au Vietnam

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 25/02/2020
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Nous avons annoncé dans Gavroche la publication récente en anglais des mémoires de notre ami Jacques Bekaert, chroniqueur de l’Indochine dans les colonnes du Bangkok Post dans les années 80-90 et correspondant du Monde à Bangkok. Nous attendions avec impatience que Jacques, depuis son appartement de Sukhumvit, change de clavier et opte pour… le français. C’est fait. Et Gavroche a reçu en exclusivité les premières pages du récit consacré à ses années indochinoises. Partir sur les traces de Jacques Bekaert, c’est ressusciter une Indochine disparue…

 

Nous reproduisons ici des extraits des mémoires de Jacques Bekaert à paraitre bientôt en français

 

Avant propos de l’auteur

 

Fin 2019 paraissaient aux États-Unis mes mémoires sous le titre «A Wonderful World». Le présent livre se concentre avant tout sur ma vie, mes aventures et et mes escapades en Asie.

 

En Janvier 1979 j’ai découvert Bangkok et la Thaïlande. Puis le Japon, le Cambodge, les Indes, le Vietnam, la Chine, le Laos, et le Népal.

 

La guerre dans un autre pays, la Corée, avait déjà marqué mon enfance.

 

Passionné d’avions, j’ai volé dans des aéroplanes Thaïs, Vietnamiens, Cambodgiens, Japonais, Chinois, de Hong Kong, et Laotiens. Allant du confort de la Thaï, ou de Bangkok Airways, de Cathay Pacific, ou de Japan Airlines aux débuts hasardeux de Hàng Không Vietnam ou de la CAAC chinoise.

 

Je suis arrivé en Asie comme journaliste, j’y suis resté plus tard comme diplomate, et finalement, aujourd’hui, je vis en Thaïlande, comme pensionné.

 

Si je dois à mon excellent ami Ian Martin d’avoir rédigé mes mémoires en anglais, c’est a un autre ami, belge cette fois, l’ambassadeur Philipe Kridelka, et encouragé par mon vieil ami et complice, Patrick Nothomb, que je dois d’écrire ce présent livre.

 

Écrire est chez moi un besoin, et c’en fut un dés mon enfance. Le premier livre qu’à l’age de six ans et demie je lu de la première a la dernière page, fut «Le Secret de la Licorne», de Hergé. Ce fut un éblouissement, et lire demeure l’un de mes plus grand bonheurs.

 

Comme Tintin très vite j’ai voulu parcourir le monde, lutter contre les méchants, et voler en avion, sinon le piloter

 

Le Lotus Bleu ma fait rêver à la Chine, et j’ai eu la chance de le dire à Hergé.

 

J’ai vu l’Asie changer, se développer.

 

Et j’ai traversé quelques crises politiques, vécu des élections contestées, et passé au travers de quelques coups d’état, en Thaïlande et au Cambodge.

 

Et vécu au Cambodge l’une de ces guerres de basse intensité qui font cependant des morts, des veuves et des orphelins.

 

Mais jamais, au grand jamais, je ne me serai ennuyé !

 

Chapitre 1: Aventure au Vietnam

 

Il explique aux douaniers que je suis attendu, que tout est en règle. Enfin un sourire, welcome to Vietnam, allez y.

 

La voiture nous attends, une vieille Volga noire. Je serre la main du chauffeur, qui sourit. Ma venue veut dire quelques dollars de pourboire. Pas obligatoire, mais bien mérité. Car l’argent que je vais payer au département de presse, en dollars, ni lui ni le guide n’en verront la couleur.

 

La route menant a la ville est longue, étroite, en mauvais état. De chaque cote des petite maisons, très pauvres, et un peuple maigre et tenace. J’ai ouvert la fenêtre de la Volga, sans climatisation. Des enfants me dévisagent: Lienxo. Soviet!

 

-No, je crie, Bi. Ce qui avec mon accent incertain doit être proche de Mi, américain.

 

Nous arrivons finalement en ville.

 

Enfin Hanoï ! J’en avais rêvé souvent, à cette ville, devenue très présente à cause d’une guerre qui ne disait pas son nom. Les Etats-Unis en effet n’ont jamais déclaré officiellement la guerre au Nord Vietnam.

 

J’aimais l’Amérique, ou j’allais souvent, où j’avais de nombreux amis. Mon épouse était américaine.

 

Je n’oubliais jamais que les Américains, avec les Britanniques, nous avaient délivré des Nazis

 

Mais cette fois c’était les Vietnamiens qui avaient ma sympathie. J’avais connu la guerre, de 1940 à 1945, l’exode, l’occupation, les bombardements, les privations.

 

La première fois que j’avais été a New York, en 1966, au lendemain de mon arrivée j’avais assisté à une grande manifestation contre la guerre au Vietnam.

 

Et me voici enfin à Hanoï.

 

Tout près du Thong Nhat je découvris une sorte de café-pâtisserie. Le café ne servait que du thé, et une eau soviétique, gazeuse, à l’arrière gout de gisement de pétrole. La pâtisserie, avec un comptoir ouvert sur la rue, vendait des gâteaux. Ils me rappelaient les gâteaux que fabriquait ma mère durant la guerre. Ni sucre, ni beurre, ni farine. Et encore, ici au moins il y avait de la farine de riz. Mais pas tous les jours, Et alors, pas de gâteaux.

 

Ce même établissement, devant lequel stationnaient toujours quelques jeunes, maigres et désoeuvrés, offrait également de la glace, toute blanche, sur un bâtonnet.

 

La caissière du Thong Nhat

 

Un peu comme les “friskos” qu’on vendait à l’entracte dans les salles de cinéma de Bruxelles.

 

La caissière du Thong Nhat m’avait prévenu des le premier jour: n’en mangez surtout pas, vous risquez d’être malade pour le reste de votre séjour. La rumeur voulait que ces glaces étaient fabriquées avec l’eau du petit lac, à peine bouillie.

 

Ce qui m’avait le plus frappé, de No Bai à l’entrée de Hanoï, c’était la pauvreté, la fragilité de tout: les maisons, les bicyclettes, les motos rafistolées, la maigreur des habitants.

 

Le Nord avait payé un lourd tribut aux conflits du XXieme siècle, depuis l’occupation japonaise, la lutte contre le colonisateur français jusqu’au départ des américains.

 

Les troupes japonaises envahirent l’Indochine (Vietnam, Laos et Cambodge) le 22 septembre 1940, et le 28 l’occupation était complète.

 

Il y eu une brève résistance française, puis Vichy se contenta d’une sorte de coexistence plus ou moins pacifique avec le nouvel occupant Nippon.

 

La préoccupation majeure des Japonais était de bloquer tout trafic d’arme entre le Yunnan en Chine – anti japonaise – et de possible petits groupes de résistants français ou vietnamiens.

 

Vodka locale

 

Le centre de la vie au Thong Nhat se concentrait autour du bar. Un verre de la vodka locale coutait 1 Dong. Même au cours official c’était bon marché.

 

Le restaurant servait le petit déjeuner très tôt, sommaire, mais toujours accompagne d’une banane, d’un peu de fromage soviétique, friable, au gout définitivement venu d’ailleurs, voire d’un soupçon de confiture. Le pain, presque noir, était lui aussi inspiré par la Russie éternelle.

 

Je n’ai aucun souvenir du déjeuner mais le diner était servis entre 18h45 et 19h15. Et la cuisine fermait généralement à 19h. Menu quasi immuable: hors d’œuvres vietnamiens (des nem), côtelette de porc a la russe (baignant dans l’huile) et comme dessert, corbeille de fruits, c’est à dire, bien sur, une banane.

 

L’ambassadeur d’Allemagne Fédérale logeait au Thong Nhat, tout comme le chargé d’Affaire algérien, et Jérôme Kanapa, le correspondant de l’Humanité, le quotidien du PC français, et fils de Jean Kanapa, membre du Comite Central du PCF.

 

Contrairement à Hô-Chi-Minh-Ville, il n’y avait aucun couvre feu dans la capitale. Mais après 19h rare étaient les promeneurs. L’éclairage public était sinon inexistant, des plus modeste. Pas de restaurants ni de bistrot ou s’attarder. Seul danger: tomber dans un de ces abris anti aériens, reste de la guerre contre les États-Unis, creusé au milieu des trottoirs, parfois recouverts d’une plaque de béton. J’étais prévenu et avait dans mes bagages une lampe de poche et des piles.

 

Et la ronde des rendez vous commença. Officiellement acceptables, avec toujours la présence de mon guide, qui se révéla plaisant compagnons, et utile pour comprendre les subtilités de la vie quotidienne. (…)

 

A suivre….sur les traces de notre ami Jacques Bekaert !

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