La lettre d’Honoré, une chronique de Chango Favre qui vous accueille au Balzac, Charoenkrung 43.

Quand j’ai dit à mes frères, sœurs, amis ou cousins que je partais m’installer en Thaïlande, tous les superlatifs graveleux ont fait le tour de l’échiquier. « Espèce de pauv type, tu peux pas te trouver une nana par chez nous ? « Mais que vas tu foutre dans ce pays de prostitution, allez reprends toi ! » Ou encore, « tout le monde rêve de venir en Suisse et toi tu pars en Thaïlande… »

Qu’on le veuille ou non, la Thaïlande a mauvaise réputation.

J’ai passé des heures à essayer de convaincre ces gens que ce n’était pas le cas, que ce pays regorgeait de ressources, d’histoire, de créativité et de magie rien n’y changea. On ne devient pas borné on naît borné.

Au pays du sourire, ma première petite amie était poète, jouait de la basse dans un groupe de rock alternatif et lisait Goethe avant de dormir. S’en suivit une avocate ayant étudié à Chulalongkorn puis fait un master à Oxford. Elle connaissait la France et ses auteurs mais aussi la Rome antique et les dynasties de pharaons mieux que Champollion.

Mes amis sont ingénieurs, médecins, journalistes, professeurs, metteurs en scène, cuisiniers, ouvriers spécialisés, musiciens, hommes d’affaires, designers, écrivains. Ils sont tous thaïlandais. Certains sont riches d’autres pas. Ils ne sont pas envieux mais curieux de tout. Ils aiment partager et découvrir. Ils créent et sont prodigieux. Je les admire et les aime pour leur modestie et leur simplicité. Les comptes des youtubeurs et autres influenceurs occidentaux qui passent leur temps avec leurs micros sur les trottoirs du quartier rouge devraient être bannis.

On a en Suisse des bordels par milliers. Personne n’en parle. En France les clubs de tous genres pullulent et ça ne fait pas les choux gras. Alors un peu de respect. Prenons le temps de lire et d’étudier ce pays. Allons dans les librairies, les musées, les concerts, les petits cinémas. Soyons curieux et retrouvons notre âme ! On se fout de la charité humaine, on l’a dans les veines quand on est humain.

Mais on a l’obligation d’observer, d’étudier et de faire mieux si l’on veut critiquer.

Ou alors on ferme sa gueule et on rentre à Paris (ou Genève)

NB: Il est bien évident que le lecteur de Gavroche n’a aucune de ces caractéristiques mais au cas ou vous connaîtriez quelqu’un qui en a, éveillez le !

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